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[FIPA] Ne m’abandonne pas, la radicalisation des ados portée à l’écran
Le 3 février 2016, sera diffusé Ne m’abandonne pas le nouveau téléfilm de Xavier Durringer sur France 2. Un chef d’œuvre.
C’est l’histoire de quelques milliers de familles chaque année. Un adolescent, qui en apparence semble parfaitement normal. Une relation heureuse avec sa famille, des vêtements passe-partout, des études qui se déroulent bien. Mais en dessous de cela, un mal-être, et la conviction que les choses iraient mieux là-bas : en Syrie, dans le fief de l’État Islamique.

Inès cherche à dé-radicaliser sa fille Chama. Crédit Photo : France 2
Ne m’abandonne pas, c’est cette histoire-là. Celle de Chama (Lima Elbari, prodigieuse), dix-sept ans, née d’une mère médecin et d’un père informaticien, brillante et qui a réellement tout pour réussir sa vie. Admise au concours de Sciences Po, elle se marrie en cachette de ses parents et via internet à un djihadiste, et désire plus que tout le rejoindre.
Un soir, alors qu’une petite fête familiale est organisée pour féliciter Chama de son admission, un homme, Adrien (Marc Lavoine), vient troubler cette quiétude. Il se présente comme le père de Louis, le jeune djihadiste fraichement marié. Si Inès (Samia Sassi) et Sami (Sami Bouajila), tombent d’abord de haut en apprenant cette nouvelle, ils vont ensuite essayer de comprendre : pourquoi leur fille, elle qui a défilé en tête du cortège en hommage à Charlie Hebdo quelques mois auparavant, veut-elle désormais rejoindre les rangs du groupe terroriste ?
De leur quête de réponses naîtra une césure de la communication avec leur enfant. Mais si la volonté de Chama de rejoindre la Syrie est forte, celle de ses parents de l’en empêcher l’est encore plus. Aidée par Adrien, Samia l’emmènera de force dans une maison de campagne en région parisienne. Isolée du reste de ses amis, coupée de tout, sans téléphone ni internet, Chama se réconcilie peu à peu avec elle-même, et avec son passé. Le temps faisant son œuvre, elle se met à douter de son funeste projet. Et si la Syrie et la vie des djihadistes n’étaient pas telles qu’elle l’avait imaginé ? Mais c’était sans compter sur Adrien, sombrant dans la folie et prêt à embarquer Chama en Syrie, pour revoir son fils.
Une actrice époustouflante
Le téléfilm est porté par de grands acteurs. Lima Elbari est simplement époustouflante dans son rôle d’ado radicalisée et nul doute que sa carrière d’actrice est toute tracée. Constat identique pour Samia Sassi en mère courage. L’image et le cadre sont très propres, mais ont été réalisés dans un style très « téléfilm ». C’est dommage lorsque l’on voit le niveau du scénario qui est presque digne d’une palme d’or. S’il faut trouver un point négatif, on regrettera quelques dialogues un peu maladroits au début du film, qui sonnent un peu faux. Une erreur vite pardonnée à la vue de la suite du téléfilm.
Ne m’abandonne pas, c’est l’histoire d’une ado un peu paumée, en pleine crise existentielle et qui est sur le point de faire une grosse bêtise. Mais Ne m’abandonne pas, c’est aussi de l’espoir, l’histoire des parents les plus dévoués qui soient, prêts à tout pour la protéger.
Cyrille Ardaud