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L’art du slam à l’honneur à Nice
Le « Poetry Slam » est importé des Etats-Unis. Inventé par le poète Marc Kelly Smith, le but de cet art est d’interpréter ses textes. De nombreuses associations de slam sont nées en France et organisent des tournois. Samedi 16 janvier, le bar The Stage accueillait le premier tournoi de la capitale azuréenne.
Préparé depuis trois mois par l’association Tribu Slam Alpes-Maritimes, le Poetry Slam Nice a vu le jour samedi, au bar The Stage. Née cet été seulement, l’association est la première à expérimenter ce type de tournoi dans la ville niçoise. Durant cette soirée, 12 slameurs se sont présentés face au public, avec 3 minutes octroyées pour chaque passage.

Oriane, la gagnante du tournoi, pendant sa prestation. (Crédit photo : Christian Rahal)
Un moment de partage
Les organisateurs de cet événement n’attendaient pas de public spécial, de profils types de participants. L’inscription au tournoi se faisait par e-mail, l’entrée était libre et gratuite. Comment expliquer cela ? Pour Seb, l’un des organisateurs, « le slam est une communauté, un espace d’expression qui accueille qui le souhaite ». Cet état d’esprit se retrouve également chez les participants : Tamèr, une slameuse de 55 ans qui a participé au tournoi, décrit le mouvement slam comme « une sorte de grande famille ». Le slam n’est donc pas là pour regrouper une certaine catégorie de personnes mais pour laisser les gens s’exprimer de façon artistique sur le sujet qu’ils veulent. Gilles, habitué de ce genre de tournoi, décrit ces compétitions comme l’occasion de « s’exprimer, partager des messages qui nous tiennent à cœur, qui nous sont propres ». Cela permet aux slameurs « d’apporter ce qu’ils ont sur le cœur selon l’humeur du moment ».
Un esprit de compétition absent
On peut se demander si le partage est la seule chose qui inspire les participants ou s’ils ressentent le besoin de gagner, d’être le meilleur dans le domaine. A cela, Gilles répond qu’il ne « vient pas aux tournois pour la compétition en elle-même, car ça n’apporte qu’un trophée qui prend de la place sur l’étagère et la poussière, mais pour rencontrer des slameurs de la France entière avec qui échanger ». Tamèr est du même avis. Installée dans les Bouches-du-Rhône, elle s’est déplacée samedi « non pas pour gagner la compétition mais pour aider à lancer le tournoi à Nice ». Le plus important pour eux est de partager ce qu’ils ont sur le cœur et de recevoir ce que les autres ont à partager. Pour Gilles, les tournois de slam et les textes qui y sont proposés « peuvent faire en sorte que les gens se côtoient et s’expriment plus et donc apporter des idées et changer des choses dans notre société.» Il arrive parfois qu’il y ait des contre-messages, des idées opposées car le slam est un art libre : il n’y a pas de thème défini sur lequel il faut écrire avant le tournoi et il n’y a pas de vérification des textes avant la prestation. Comment cela se passe-t-il lorsque les idées s’opposent ? Un débat est-il lancé entre les slameurs et leur public ? Gilles répond que non, « on ne va pas couper la personne et lancer un débat, on reçoit ce message, c’est l’essentiel, après on en fait ce qu’on en veut, si on veut en parler c’est pendant les pauses ». Le juge, c’est-à-dire le public, choisit donc le gagnant uniquement sur sa prestation, pas sur sa capacité à défendre ses idées. Le slam est selon Seb « 50% d’écriture et 50% de prestation ». Les compétitions de slam sont un bon moyen d’échanger, même pour ceux qui n’osent que regarder. Si vous avez manqué cette édition, ne vous inquiétez pas, ce sera renouvelé chaque début de mois jusqu’en juin. Alors rendez-vous le 6 février, au même endroit, pour la seconde édition !
Kimberley Mangin
Djenaba Diame