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Après les inondations à Cannes, le quartier République se reconstruit
Un peu plus de quatre mois après les inondations du 3 octobre, le quartier se reconstruit doucement. Le restaurant Bistrot Broc a rouvert ses portes, mais c’est loin d’être le cas de tous les commerces.
En ce début d’année, les piétons réapparaissent progressivement le long du boulevard de la République. Un boulevard qui était méconnaissable au lendemain des intempéries qui avaient secoué le département. Des vagues d’un mètre quarante avaient dévalé le quartier, arrachant des bouts de routes, des trottoirs, et emportant des voitures sur leur passage. Outre les dégâts, 21 personnes avaient perdu la vie et 65.000 personnes avaient été sinistrées dans le département.

L’enseigne du Bistrot Broc a refait peau neuve, tandis que le quartier se reconstruit doucement. (Crédit photo Thibault Sadargues)
« Les habitués reviennent »
Même si des commerces du quartier ont rouvert, certains sont encore fermés et les clients tardent parfois à réapparaître. Isabelle, la serveuse du Bistrot Broc, un restaurant du quartier, remarque que « le Lidl est toujours fermé » et que « les employés venaient souvent manger ici avant ». Tous les commerçants s’efforcent de tourner la page, et pour cela ils peuvent compter sur l’ambiance chaleureuse et familiale de ce bar-restaurant. Parmi les habitués on trouve le pharmacien qui a rouvert il y a peu et déplore n’avoir reçu aucune aide de l’Etat, un médecin, des jeunes du quartier, mais aussi une femme agent immobilier qui était là « pour les soutenir moralement pendant les travaux ». En terrasse, Alain, un plombier voisin du restaurant, fume sa cigarette. Il vient manger là tous les midis, « avec tous les travaux ils m’ont donné du boulot » s’amuse-t-il l’œil malicieux. Quelques tables plus loin, le psychiatre du quartier raconte : « Mon cabinet n’a pas du tout été touché. J’ai récupéré beaucoup de patients, des gens qui ont fait des compensations dépressives, qui ont perdu des souvenirs. Le même phénomène s’était produit après Charlie il y a un an ».

Au Bistrot Broc la boue épaisse qui avait dévasté le restaurant en octobre a laissé place à une salle remise à neuf où les clients ont repris leurs habitudes. (Crédit photo Thibault Sadargues)
34 millions de dégâts publics pour la commune
Le coût des dégâts est aujourd’hui connu. Dans le Nice-Matin du 6 janvier, la sous-préfecture de Grasse l’estimait pour le département des Alpes-Maritimes à 780 millions d’euros. La Ville de Cannes indique quant à elle que les dégâts matériels publics s’élèvent à plus de 34 millions d’euros. En effet, de nombreuses routes et de nombreux trottoirs de la ville ont été arrachés par des torrents de boue, rendant certaines rues difficiles d’accès. Les assurances ont déjà octroyé 12,5 millions d’euros à la commune, mais la bataille qui fait rage entre les différents experts ralentit le déblocage des fonds. La mairie déclare également avoir reçu 500 000 euros d’aides de la part du Conseil Départemental, et de 285 000 euros de la part Conseil Régional. Si le site HelpCannes mis en place par la mairie a permis de récolter près d’un million d’euros pour un total de 104 dons, la commune est toujours en attente d’une aide de l’Etat d’environ deux millions d’euros.
« Nous n’avons touché aucune aide de l’Etat »
Nombreux sont ceux qui n’ont pas pu reçu d’aides de la part de l’Etat ou des assurances qui peinent à rembourser les dégâts. Par exemple, la patronne du Bistrot Broc explique : « Je passe des après-midis chez l’expert, les remboursements tardent à tomber, et les assureurs cherchent toujours à payer moins. Il a fallu repartir de zéro, nous n’avons touché aucune aide de l’Etat, heureusement nous avons pu contracter des prêts familiaux ». Un peu plus haut dans le quartier, un autre restaurateur avouait qu’il n’avait pas touché d’aides non plus, et que les temps étaient difficiles pour lui depuis les inondations, notamment avec la baisse de la fréquentation de la clientèle. Le propriétaire du Délice Café, lui, faisait partie des rares à avoir bénéficié des faveurs de l’Etat : « J’ai reçu 3000 euros en novembre pour les rénovations, mais les difficultés financières sont toujours présentes ». Aujourd’hui l’accès à son établissement est difficile, les trottoirs détruits sont toujours en travaux. « Depuis les inondations je n’ai plus de terrasse, et avec des marteaux piqueurs qui tapent toute la journée, plus personne ne vient ». Malgré tout, le quartier du boulevard de la République reprend forme peu à peu et les habitants entrevoient le bout du tunnel en ce début d’année.
Léo Parmentier
Thibault Sadargues