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Escapade nocturne à Nice-Matin
Une trentaine d’étudiants journalistes de l’IUT de Cannes ont visité les locaux de Nice-Matin la nuit du mardi 26 février. Une occasion pour les apprentis journalistes de découvrir les coulisses du métier, by night.
L’assistante de rédaction du journal régional et le journaliste Arnault Cohen accueillent des visiteurs peu banals dans le hall de l’édifice. Ce sont trente étudiants en journalisme qui investissent les lieux à 22h. Adrien, 21 ans, est impressionné par « la taille imposante du bâtiment ». Ses collègues de classe azuréens, eux, sont ravis de pouvoir pénétrer dans cette bâtisse qu’ils côtoient depuis l’enfance. « Je suis né à Nice et Nice-Matin fait partie de ma vie. Je suis toujours passé devant et maintenant je suis dedans, ça fait vraiment plaisir », confie Antoine.
Une fois à l’intérieur les futurs étudiants sont très enthousiastes de « voir les vielles rotatives [machines qui impriment en continu ndlr] c’est super ! Je trouve aussi intéressant de voir comment le journal évolue depuis qu’il est passé en SCIC [Société coopérative d’intérêt collectif appartenant aux employés depuis fin 2014 ndlr], car il doit trouver de nouveaux moyens de financement et des actionnaires pour pouvoir continuer », explique Margo.
Nice-Matin est en effet en difficulté depuis l’an dernier. La masse salariale a grandement diminué. Le journal n’a plus assez de trésorerie pour se développer et a besoin d’investisseurs pour poursuivre son activité.

Dans la salle de conférence les étudiants notent les explications pour rédiger un article sur leur visite. (Crédit photo : Elsa Hellemans)
« On réalise l’ampleur qu’a le journal, ça en jette ! »
Après quelques explications dans la salle de conférence, les visiteurs découvrent l’histoire du journal. « C’était bien de commencer par le service documentation car on voit tous les évènements qui ont été traités et on réalise l’ampleur qu’a le journal, ça en jette ! » se réjouit Léo.
« Le livre sur les “Cent Unes” depuis 1945 montre à quel point le journal est important. On voit le mariage de Grace Kelly par exemple et c’est émouvant car on se rend compte qu’un journal capture des moments de l’histoire qu’on ne perçoit pas de la même façon avec du recul », raconte Maïlis. Un sentiment partagé par Sarah « Je suis de Nice et voir un article de Nice-Matin de 1965 c’est dingue ! Pouvoir le toucher alors que je n’étais pas encore là quand il a été écrit, ça fait quelque chose ! ».

Les livre des “Cent Unes” de Nice-Matin. (Crédit photo : Elsa Hellemans)
« C’est comme je l’imaginais »
Après ce petit retour en arrière, les étudiants pénètrent dans les bureaux de la rédaction. « Il y a des écrans de télévision qui diffusent l’info en continu, des journaux sur toutes les tables, des horloges digitales, c’est exactement comme on se l’imagine » décrit Maxime.
Au moment de la visite, six journalistes sont en train d’apporter les touches finales à l’édition du lendemain. Antoine apprécie toujours autant son excursion nocturne « C’est génial de voir comment ça marche, de savoir que la vie d’un journal commence à six heures du matin et se termine presque le lendemain matin. Ça ne s’arrête jamais ! Les SR [secrétaire de rédaction, ndlr] font les derniers ajustements et le journaliste du service sport doit attendre vingt minutes la fin d’un match de la coupe de la ligue juste pour écrire le résultat, je trouve ça fou ! ».
Un service sport qui restera dans les esprits des jeunes visiteurs, en particulier la table de ping-pong de fortune, qui a échauffé les plus motivés.

Pile de journaux sur les bureaux des journalistes qui apportent les dernières touches à l’édition du 27 février 2016. Crédit photo Elsa Hellemans
Un personnel de nuit important
Pendant ce temps-là une vingtaine d’employés s’affairent au service impression. « On parle beaucoup des journalistes qui finissent leurs papiers tard le soir mais on ne pense pas aux techniciens. Il y a du personnel partout, je ne m’attendais pas à ça », s’étonne Thibaud.
Maxime est lui aussi stupéfait face à « tous ces tapis roulants, les pinces qui portent les journaux, les rotatives, tout le monde qui travaille la nuit et le bruit en permanence ». De son côté Léo est heureux de comprendre « le cheminement de l’information, de la rédaction à l’impression jusqu’à l’expédition ».
Mais cette exploration éveille aussi les consciences, comme c’est le cas pour Virginie : « Je me rends compte que finalement 1,40 euros pour un journal c’est pas beaucoup quand on réalise le nombre de personnes qui bossent dessus ». Mariette, elle, est révoltée, « C’est très cher à produire pour trop peu cher vendu. Tous les soirs il faut 1500 plaques en aluminium à 2,50 euros la plaque, la tonne de papier coûte 500 euros et beaucoup de journaux ne sont pas vendus. Quand je vois tout ce gaspillage ça me fait mal au cœur ! ».
![Un technicien explique l’impression en quadrichromie [quatre couleurs ndlr] aux étudiants. Crédit photo Elsa Hellemans](https://buzzlesdotorg.files.wordpress.com/2016/02/un-technicien-explique-aux-etudiants-limpression-en-quadrichromie-2.jpg?w=650&h=433)
Un technicien explique l’impression en quadrichromie [quatre couleurs ndlr] aux étudiants. Crédit photo Elsa Hellemans
Il faut savoir que 10% des journaux sont gâchés tous les jours et que 40 000 journaux sont produits par heure. Chacun coûte 35 centimes en matières premières, sans compter les salaires et les charges.
Mais quand l’escapade se termine à 2h du matin, les étudiants sont avant tout déterminés à suivre leur vocation : « voir les locaux et l’histoire de Nice-Matin en particulier me conforte dans ce que j’ai toujours voulu faire », affirme Sarah.
Quant à Maxime, il quitte le bâtiment fatigué mais serein : « Ça m’a conforté dans mon choix de faire du journalisme, ça m’a donné très envie de travailler dans la presse écrite, encore et toujours ».
Elsa Hellemans