
Étiquettes
[INTERVIEW] DONA ET SON « LOVE YOURSELF » : LES COULISSES D’UN BUZZ.
« S’il te plaît ne boit pas, et reste en vie », c’est le message que veut faire passer Dona. Etudiante en master de marketing à l’Ecole Universitaire de Management de Nice, elle fait le buzz sur les réseaux sociaux. Sa reprise du titre Love yourself de Justin Bieber sur le thème de l’alcool au volant est un véritable succès. Buzzles est allé à sa rencontre.
Pourquoi une vidéo de prévention?
La vidéo a vu le jour dans le cadre de mes études avec quatre autres étudiants. Toute la promotion a dû organiser et tourner une publicité. Chaque vidéo réalisée avait pour but d’être virale sur le thème de l’alcool au volant chez les jeunes entre 18 et 24 ans. Marion, Lisa, Steven, Méganne et moi-même avons donc décidé de choisir la musique car c’est un bon moyen de fédérer les gens autour de causes assez sensibles. En plus, cela nous paraissait intéressant de donner un peu de rythme à un message qui était assez dur à entendre pour les jeunes.
Au–delà de la prévention, le but était de faire le buzz?
Le but c’était de faire une campagne virale donc de faire le buzz. Ça a plus que marché (Rires). En tout cas, nous, nos espérances sont largement atteintes et dépassées. Aujourd’hui (interview réalisée le 24 février, ndlr), on est à 158 927 vues, plus de 4000 likes et 3000 partages.
Comment avez-vous déclenché ce phénomène?
Nous avons d’abord créé une page Facebook en tant qu’artiste afin de réunir les gens autour du thème de la musique. Ensuite, nous les avons sensibilisés. On a mis du contenu, invité nos réseaux personnels puis on a diffusé la vidéo. On a tous fait tourner la vidéo au maximum. On a vraiment essayé de créer une proximité. Rapidement, on est monté à 30 000 vues. Après une période de stagnation de trois jours, l’Université de Nice Sophia Antipolis et la Ville de Nice ont partagé notre vidéo. C’est à partir de là que ça a pris de l’ampleur. Peu de temps après, c’est la Sécurité Routière qui nous a contactés pour nous féliciter de l’initiative. Eux aussi, l’ont partagé sur leur propre page qui compte plus de 250 000 personnes. Les vues ont ensuite doublé en l’espace de 24 heures.
Finalement, cette chanson vous échappe?
Un peu (Rires) ! Après, on l’a bien pensée. On a quand même bien travaillé sur les paroles. Et puis c’est un air qui reste en tête. Lors de notre présentation orale, tout l’amphithéâtre chantait. Nous avons aussi pu voir, à travers les commentaires sur la page Facebook, que les gens étaient touchés et partageaient leurs expériences personnelles. Ça fait réellement chaud au cœur de voir tous ces messages de soutien et d’encouragement sur la page.

Dona, Lisa (à gauche) et Marion (à droite), trois membres du groupe à l’initiative de la reprise musicale. (Crédit photo : Marion Ptak)
Au–delà de la sur-médiatisation, c’est surtout le message que tu veux faire passer qui est important?
C’est ça. En fait, quand on a commencé à travailler sur le sujet, on a fait beaucoup d’études de marché. C’est là que nous avons tous été très surpris. On ignorait beaucoup de choses, alors qu’on est les premiers touchés, nous les jeunes. Au final, on est la cible de notre propre campagne.
Même si le but est de faire de la prévention autour d’un buzz, on se sent tous concernés dans notre groupe. La démarche est, certes, dans le cadre de nos études, mais elle l’a largement dépassé à partir du moment où on a voulu faire passer l’émotion.
Pourquoi avez-vous choisi Love yourself de Justin Bieber? Etait-ce une réelle volonté de chanter en anglais?
On ne s’est pas trop posé de questions sur la musique. Nous sommes allés voir le Top 50, pour trouver la chanson qui fonctionnait le mieux en ce moment.
Chanter en anglais, c’est plus accrocheur. Cela nous permettait également de mettre des sous-titres en français et ainsi de véhiculer le message aux utilisateurs sans qu’ils cliquent sur la vidéo. Sur la miniature apparait « Oh, s’il te plaît, ne conduis pas, et reste en vie ». Cela n’a pas été choisi au hasard, c’est le message. Tout a été pensé, tout a été travaillé.
Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs proposent que votre version soit diffusée sur les grandes chaînes télévisées à la place des messages de publicité de la sécurité routière. Qu’en pensez-vous?
(Rires). En termes de droits malheureusement, c’est impossible car cela coûterait très cher. Mais après c’est marrant car la musique est un format peu utilisé en prévention. C’est la musique qui accroche et qui surprend et puis c’est très gentil de leur part de nous soutenir comme ça.
Verriez-vous ce buzz comme un tremplin éventuel vers le milieu de la musique?
C’est vrai que j’ai des projets musicaux personnels depuis déjà quelques années. Je suis une vraie passionnée, j’aime beaucoup chanter. Maintenant, je ne pense pas vouloir me professionnaliser… En tout cas, pas tout de suite. Si l’opportunité se présente, je ne la refuserais pas mais je ne cherche pas à me développer absolument sur cet axe-là. Après, il est vrai que cela me fait énormément plaisir de recevoir plein de messages d’encouragement.
Comment gérez-vous votre nouvelle notoriété?
Pour l’anecdote, j’ai fait la Nouvelle Star à 16 ans, j’ai passé les castings et j’ai l’impression de revivre ce moment. Alors, c’est très agréable mais je ne suis pas forcément du genre à vouloir me mettre absolument en avant donc c’est un peu compliqué.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir?
Et bien… Une bonne note à notre projet et que les retombées soient toujours aussi positives !
Rappelons qu’en France, chaque année, plus de 1000 personnes meurent dans des accidents de la route dus à l’alcool. La route constitue la première cause de mortalité chez les jeunes de 18 à 24 ans.
Marion Ptak
Antoine Wernert