
Étiquettes
Cinq pièces pour mieux comprendre : l’affaire Apple/FBI
À TRAVERS CINQ PIECES POUR MIEUX COMPRENDRE, BUZZLES VOUS PROPOSE UNE SYNTHÈSE D’ACTUALITÉ EN CINQ POINTS. DEUX FOIS PAR MOIS, NOUS REVIENDRONS SUR DEUX ACTUALITÉS QUI ONT FAIT RÉCEMMENT OU QUI FERONT LA UNE DES JOURNAUX DANS LES PROCHAINS JOURS. ACTUALITÉ LOCALE, POLITIQUE, JUDICIAIRE, SPORTIVE OU ENCORE CULTURELLE, CINQ PIÈCES POUR MIEUX COMPRENDRE S’ADAPTE A TOUTES LES RUBRIQUES.
CETTE SEMAINE, NOUS NOUS INTÉRESSONS AU CONFLIT QUI OPPOSE APPLE AU FBI, ALORS QUE LA FIRME AMERICAINE S’APPRÊTE À TENIR UN DE SES CELEBRES « KEYNOTE , CE LUNDI 21 MARS.
📋 Résumé : Apple et le FBI en conflit
Le 16 février, la justice américaine a demandé au géant de l’électronique de fournir une « assistance technique raisonnable » à la police fédérale. L’objectif : lui permettre de déchiffrer le code de l’iPhone 5c du terroriste Syed Rizwan Farook. L’assaillant de la tuerie de San Bernardino avait fait avec son épouse quatorze morts le 2 décembre dernier, en Californie. Pour cela, Apple doit créer un logiciel permettant de contourner la sécurité mise en place sur l’iPhone. En effet, le téléphone du terroriste est programmé pour se bloquer définitivement lorsqu’on se trompe de code trop de fois. Mais pour Apple, l’utilisateur doit rester le seul maître de ses données, créer ce logiciel serait ouvrir une boîte de Pandore. Dès le lendemain, Tim Cook, le patron de l’entreprise, s’est vivement opposé à la demande du gouvernement (voir plus bas). Le feuilleton n’est pas prêt d’être terminé.

À gauche : Tim Cook, PDG d’Apple (Image Apple) À droite : James Comey, directeur du FBI (Image FBI)
🗓 La date : 22 mars 2016
Plus d’un mois que l’affaire juridique a commencé. Le 16 février dernier, la juge Sharon Pym, en charge du dossier, a ordonné à Apple de coopérer avec le FBI. Devant le refus de la marque à la pomme, les deux parties étaient rentrées dans le conflit que l’on connait. Ce mardi 22 mars, elles reviennent devant la juge. Cette dernière devrait encore une fois donner raison au FBI, qui représente l’Etat américain. Et il est fort probable qu’Apple refuse de nouveau cette possibilité. Par la voix de Tim Cook, son président, la puissante société a indiqué qu’elle était prête à aller jusqu’à la Cour Suprême. En attendant le rendez vous avec la justice, la multinationale tiendra une conférence de presse lundi 21 mars. L’objectif ? Présenter ses nouvelles inventions. Cette conférence, le keynote, aurait d’ailleurs été reculée d’une semaine.
Mise à jour 22 mars : Le FBI a demandé au tribunal de repousser l’audition au 5 avril. Le gouvernement fédéral aurait trouvé un moyen de débloquer l’iPhone sans l’aide d’Apple à travers l’aide « d’un tiers ». Apple a demandé à connaître l’identité de cette personne et la méthode utilisée en cas de réussite.
💭 La décla : « Un équivalent du cancer »
Dans une lettre postée le 16 février sur le site d’Apple, le PDG du géant américain Tim Cook a donné à ses clients son point de vue. Pour lui, Apple a toujours accepté de collaborer avec les autorités mais l’affaire de San Bernardino poserait un « dangereux précédent ». Il donnerait bien trop de pouvoir aux autorités.
Interrogé quelques plus jours plus tard par la chaine de télévision américaine ABC News, Tim Cook a dit du logiciel voulu par le FBI qu’il était « un équivalent du cancer » pour iPhone. Apple participe à l’enquête depuis le début en ayant notamment fourni la sauvegarde de l’iPhone du terroriste aux autorités. Mais en autorisant la création d’un logiciel qui déverrouillerait de force un iPhone, Tim Cook pense que le gouvernement pourrait aller plus loin en demandant à accéder à notre appareil photo par exemple.
Interrogé par le TIME, Tim Cook a déclaré être « dans une position bizarre où Apple défend les libertés civiles du pays face au gouvernement ». Pour lui « Le gouvernement devrait toujours être celui qui défend les libertés civiles, mais les rôles se sont inversés ».

Le très reconnu TIME Magazine a consacré la Une de son numéro du 28 mars à Tim Cook. (Crédit : TIME)
Le tweet : Edward Snowden
Edward Snowden, anciennement lanceur d’alerte dans les rangs de la Central Intelligence Agency (CIA) puis de la National Security Agency (NSA), connaît bien le renseignement américain. Selon lui, les motivations de ce dernier sont bien différentes de celles avancées. La police fédérale annonce souhaiter la coopération de la firme à la pomme pour déverrouiller l’iPhone 5c de l’un des acteurs de la fusillade de San Bernardino et ainsi accéder au contenu chiffré du téléphone. En effet, le smartphone est programmé pour effacer toutes les données après dix tentatives vaines pour trouver le code. Pourtant, le FBI serait en réalité en mesure de parvenir à ses fins grâce à de multiples moyens techniques. Le compteur interne pourrait être réinitialisé pour saisir un nombre illimité de mots de passe et la puce de l’appareil a la possibilité d’être percée. Pour expliquer le bras de fer entre Apple et le FBI, Snowden rejoint l’avis de Daniel Kahn Gillmor , un défenseur des libertés civiles. D’après eux, les autorités « adoreraient pouvoir contraindre les fabricants de matériel et de logiciels à concevoir et fournir un code délibérément affaibli ». Ici, Apple serait donc le représentant du peuple et des libertés menacées par le gouvernement des Etats-Unis.
🇫🇷Du côté de chez nous : « l’amendement Apple »
Et si le déchiffrement des smartphones devenait obligatoire dans des situations d’urgences, telles que pour une affaire de terrorisme ? C’est ce que propose Éric Ciotti. Le président du département des Alpes-Maritimes souhaiterait que « dans le cadre d’une enquête relative à une infraction terroriste, les opérateurs de télécommunications, […], soient tenus de communiquer l’ensemble des informations pertinentes pour la résolution de celle-ci. ». Éric Ciotti vise ici notamment Apple et l’affaire qui l’oppose au FBI (comme expliqué ci-dessus). Le député Les Républicains appuie sa proposition par les propos du procureur de Paris, François Molins, ainsi que sur ceux du patron de la NSA. Pour les deux hommes, la lutte contre le terrorisme est compliquée à cause du cryptage. Par ailleurs, certains spécialistes estiment que les terribles attentats de Paris auraient pu être déjoués si les autorités avaient été en mesure d’accéder aux outils de communication. Pour ces raisons, Éric Ciotti souhaite imposer aux marques l’obligation de décrypter les appareils. Il propose en cas de refus une amende de deux millions d’euros ainsi qu’une interdiction de commercialisation des produits de la marque. Même si l’amendement d’Éric Ciotti a été refusé par l’Assemblée Nationale début mars, les députés français semblent déterminés à mettre fin au chiffrement.
Manon Gaziello
Maxime Gil
Nicolas Lellouche
Florian Leyvastre
Antoine Medeiros