JEUNES (IN)CONNUS

 

Dans nos sociétés contemporaines ultra-connectées, la célébrité s’est largement démocratisée. Aujourd’hui, chaque anonyme peut y prétendre. Elle est à la portée de tous. Mais la « génération Y » recherche-t-elle la gloire à tout prix ?

Près d’un jeune sur deux rêve de célébrité*. Attirés par les projecteurs, les candidats à la notoriété éphémère sont nombreux. Ils ont la vingtaine, et sont avides d’expérience, ils veulent tenter leur chance. L’expansion du nombre de télé-réalité témoigne du besoin de reconnaissance des post-adolescents. Ces émissions deviennent le nouveau « job d’été » de certains participants. En 2001, le paysage audiovisuel français comptait cinq programmes du genre, aujourd’hui, il y en a trente-six. Cécilia Pascal a 16 ans lorsqu’elle participe à sa première émission de télévision. Elle raconte : « Je me suis lancée corps et âme dans l’aventure The Voice. Je n’ai pas hésité ». Comme elle, Jacky, 28 ans, a participé en 2014, à un programme de TF1, Qui veut épouser mon fils ? Il garde « un souvenir très satisfaisant de l’expérience » qui lui a ouvert « des portes pour rencontrer des artistes reconnus ». Il évoque aussi « une grosse visibilité » qui lui a permis d’acquérir une notoriété incontestable : « je suis toujours reconnu dans la rue, les gens m’ont apprécié dans l’émission et continuent de suivre ce que je fais ». S’il pouvait, Jacky retenterait l’expérience de la télé-réalité. Cette fois, il aimerait s’exprimer « plus vivement » pour montrer son « fort caractère de lunatique ». Quant à Cécilia, elle a été rappelé à 19 ans « pour une nouvelle émission mêlant réalité et musique : Las Vegas Academy ». Confiant n’avoir « rien à perdre et étant fortement attirée par l’Amérique », elle accepte et ne regrette pas ces expériences qui représentent « les deux plus beaux souvenirs » de sa vie. Comme eux, de nombreux candidats ont réitéré l’expérience « télé réalité », transformant leur « job d’été », en contrat à durée indéterminée.

Jacky, ancien candidat de l'émission de TF1 "Qui veut épouser mon fils?". Crédit photo : Jacky

Jacky, ancien candidat de l’émission de TF1 « Qui veut épouser mon fils? ». Crédit photo : Jacky

Génération connectée
En 2016, les smartphones font partie intégrante de la vie des jeunes. Ceux-ci se servent donc de leur téléphone pour accroître leur visibilité et accéder à la célébrité grâce aux applications telles qu’Instagram. Chaque anonyme partage ses photos et peut se retrouver suivi par des milliers de « followers ». Cela permet au propriétaire du compte d’accéder à la notoriété et d’attirer l’attention des marques qui souhaitent des partenariats. Ainsi, Danielle Bernstein, new-yorkaise de 22 ans, qui partage ses coups de cœur « fashion et beauté » est désormais suivie par 1.4 millions de curieux. Grâce à sa nouvelle célébrité, la jeune femme est contactée par de grandes entreprises souhaitant toucher les nouvelles générations. Pour cela Danielle poste des clichés qu’elle facture entre 4500 euros et 13 650 euros. Autre exemple, Essena O’Neill, australienne de 19 ans révélait pouvoir « faire facilement 2.000 dollars australiens par post Instagram », soit 1.264 euros. En télé-réalité aussi, l’expérience s’avère lucrative. Pour Secret Story, dont la moyenne d’âge toutes saisons confondues est de 24 ans, les participants, peuvent percevoir jusqu’à 150 000 euros. Tous ces candidats ont ensuite la possibilité de vendre leur image aux magazines people de façon à rester dans la lumière tout en étant rémunéré. Ronan Imbrosciano, 23 ans, a monté son entreprise de communication pour jeunes en quête de reconnaissance dans les domaines artistiques. Il évoque cependant la conscience des jeunes qui, comme lui, « ne négligent pas forcément leurs études car même si la célébrité peut constituer une issue et un moyen de gagner très bien sa vie, elle est souvent périssable ».

*Selon un sondage réalisé par l’Institut Ypulse en 2014

Manon Gaziello

Lou David

Sarah Melis