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Syrie #1/4 La liberté de la presse en Syrie : le sang à la pointe de la plume
Classée 177e sur 180 dans le classement 2015 de la liberté de la presse de Reporter sans frontières, la Syrie pose véritablement les questions de l’accès à l’information et sa manipulation.
Dans un pays divisé, en guerre depuis 2011, ce sont des pans entiers du territoire dans lesquels les journalistes peinent à entrer ou auxquels ils ne peuvent accéder. Arrêtés, kidnappés, torturés et tués, journalistes syriens et étrangers sont pris pour cibles. Les journalistes syriens sont les premières victimes. Entre 2011 et 2016, quatre-vingt-onze d’entre eux ont été tués (contre quinze journalistes étrangers). Parmi les journalistes tués, sept ont été enfermés dans les geôles syriennes, douze ont été assassinés et cinq torturés.
La couverture médiatique de la Syrie par les médias internationaux s’attache particulièrement aux événements spectaculaires : gaz sarin, Daesh, etc. La reprise de la ville de Palmyre et de sa cité archéologique par les forces armées de Bachar al-Assad a dernièrement été largement reprise par les médias français. Ces derniers sont pris en étau entre les difficultés d’obtenir des récits et le risque de propagande militaire.
L’accès des journalistes étrangers au territoire syrien est restreint. La violence infligée aux journalistes empêche les rédactions de les envoyer sur le terrain. Les sorts de James Foley ou encore Rémi Ochlik sont encore présents dans les mémoires. Les journalistes freelance prennent la relève et se frottent aux difficultés du conflit syrien.
La guerre civile syrienne est aussi une guerre de l’information. Pour tenter de la remporter, chaque belligérant utilise la propagande, la censure et différents moyens de pression sur les journalistes. Les exactions de l’Etat islamique et du gouvernement Al-Assad ont beau être les plus médiatisées, tout le monde s’en prend à l’information d’une façon ou d’une autre.
Une répression intense s’abat sur les journalistes professionnels syriens, souvent forcés à l’exil pour éviter la torture ou la mort. Face à cette pénurie, un nouvel élan d’expression est né de la volonté des citoyens de raconter leur quotidien malgré tout : le journalisme-citoyen. Chaque jour, des centaines de Syriens, que rien ne prédestinaient au journalisme, immortalisent ce qui se passe en bas de chez eux. De l’activisme comme motivation initiale vers une pratique plus professionnelle, ces reporters amateurs s’efforcent de trouver leur journalisme.
Grégoire Bosc-Bierne
Alice Gobaud
Armand Madje
Guillaume Soudat
Delphine Toujas