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Crise politique au Brésil: “Tchau Dilma”
C’est l’une des plus grandes crises politique que le Brésil ait connues. Depuis plusieurs mois, Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, est dans la tourmente à cause d’affaires de corruption. Dimanche 17 avril, la procédure de destitution a débuté. Buzzles vous aide à comprendre le déroulement de cette crise.
À peine élue pour un deuxième mandat en janvier 2015, Dilma Rousseff ne fait déjà plus l’unanimité. Entre la grave crise économique que connaît le Brésil et les nouvelles mesures d’austérité imposées par le gouvernement, la popularité de la présidente est descendue au plus bas dans les sondages. En février 2015, uniquement 23% des Brésiliens la considéraient comme une bonne présidente. L’incertitude politique s’est installée dans le pays et n’est que renforcée avec l’implication de Dilma Rousseff dans l’affaire Petrobras.

Dilma Rousseff, actuelle présidente du Brésil, lors de la conférence de presse au lendemain du vote des députés. (Crédit photo: AFP)
Dilma dans la tourmente
En août dernier, la protégée de Lula est accusée de corruption et de blanchiment d’argent dans le cas Petrobras par le Tribunal suprême fédéral. Quelques mois plus tard, nouveau coup dur pour la présidente du Parti Travailliste (PT), le Tribunal des comptes de l’Union dénonce un trucage des comptes publics de l’Etat en 2014, l’année avant sa réélection. Une multitude d’accusations qui installe une saturation générale dans un pays gravement touché par la corruption. Les Brésiliens n’en peuvent plus et le font savoir par de nombreux événements. Le 13 mars dernier, une manifestation historique a lieu dans tout le pays ainsi que dans certaines villes étrangères avec une grande communauté brésilienne. Environ 3 millions d’opposants au régime se sont mobilisés contre Dilma Rousseff, l’ancien président Lula – également éclaboussé dans l’affaire Petrobras -, et le gouvernement. “Dilma dehors !”, “Respectez le Brésil” ou encore “Destitution maintenant !” sont quelques-unes des nombreuses demandes que l’on peut entendre lorsque les Brésiliens se réunissent.
Une destitution en marche
Le peuple a bien été entendu. Le 11 avril, selon les termes de la Constitution brésilienne, une Commission de 65 députés, représentative des forces politiques, a été constituée pour rédiger un rapport préconisant la destitution, ou non, de la présidente. Adopté par la commission, le rapport est ensuite arrivé à l’assemblée plénière des députés. Réunis le 17 avril, les hommes et femmes de la chambre basse ont alors voté la procédure. Sur les 513 députés, 367 ont voté pour la destitution de Dilma Rousseff, alors que les deux tiers des voix sont requises pour que le processus se poursuive jusqu’au Sénat.
La prochaine étape est donc le vote des sénateurs dans quelques jours. Selon un sondage du journal brésilien O globo, 46 sénateurs sur 81 voteront pour, c’est donc les deux tiers nécessaires. Si cette situation vient à se confirmer, la présidente de gauche sera définitivement destituée et inéligible pour 8 ans.
Un futur politique incertain
Même si la victoire n’est pas encore acquise pour une grande majorité des Brésiliens qui s’oppose à la corruption, on est plutôt enthousiaste à l’idée de voir partir Dilma. Le peuple reste tout de même sceptique par rapport à l’avenir politique du pays. Aucun dirigeant, de droite ou de gauche, ne semble pouvoir remplacer l’actuelle présidente. Une chose est sûre, les Brésiliens ne veulent plus du Parti Travailliste, au pouvoir depuis 12 ans. C’est cette volonté qui s’est fait ressentir, le soir du vote, dans les rues brésiliennes. Les opposants suivaient en direct le vote à travers des écrans géants installés pour l’occasion. Vers 23 heures, la majorité absolue l’emporte avec le 342ème vote. On pouvait alors voir des pleurs, des cris de joie et même des feux d’artifices… Une ambiance également partagée par les députés qui eux, brandissaient des pancartes, chantaient et lançaient des confettis en pleine assemblée.
Julie dos Santos