
Étiquettes
Les élèves d’aujourd’hui sont-ils moins bons que ceux d’hier?
« Nous à notre époque, notre bac on le méritait », « t’es en terminale et tu ne sais pas encore faire une phrase sans faute » ou encore « ce que t’es en train d’apprendre, je l’avais étudié deux ans avant toi ».
Dans toutes les familles de France, ce débat aura au moins pris place une fois. Chacun défendant son bout de pain. Les parents expliquant que quand ils étaient à l’école, ils avaient une vraie formation scolaire et que le niveau était largement supérieur. De l’autre côté, les enfants ne voulant pas entendre que leurs géniteurs avaient une meilleure formation mais surtout qu’ils avaient un meilleur niveau à l’école.

« De nombreuses disputes familiales se sont construites après une discussion au sujet du niveau scolaire (crédit photo : D.R.)»
Des statistiques qui ne veulent rien dire
En 1960, 60 000 élèves sortaient du lycée avec un bac en poche. En 2013, ils étaient près de 590 000. Les élèves du vingt-et-unième siècle seraient-ils neuf fois plus intelligents que ceux des années soixante ? Ce serait étonnant. Mais il ne semblerait pas non plus que le niveau ait changé. La différence se porterait au niveau des exigences. Auparavant il était essentiel de maîtriser le calcul mental, la grammaire, l’orthographe et la géographie française. Aujourd’hui, ces critères sont un peu délaissés, pour faire place à d’autres matières comme l’anglais, l’économie mondiale, les maths « théoriques » ou encore l’informatique et les nouvelles technologies.

« Tantôt diplôme de référence, tantôt diplôme banal. Le bac est perçu différemment aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un demi-siècle. (Crédit photo : Pierrick Ilic-Ruffinatti). »
Les diplômes n’ont plus du tout la même valeur
Qu’on se le dise, l’objectif final de tout élève est de trouver un travail qui lui plaise ou qui rapporte. Mais pour atteindre cet objectif, les chemins ont évolué. Auparavant, il n’était pas nécessaire de faire de longues études pour obtenir un « bon job ». On pouvait avoir un travail bien placé aux PTT (désormais connu sous le nom de « La Poste » et de « France télécom »), ou plus étonnant, professeur des écoles, sans avoir obligatoirement fait d’études supérieures. D’ailleurs jusqu’en 1936, le diplôme de référence était le certificat d’études primaires (CEP), que l’on passait à l’âge de 12 ans. Par la suite (jusqu’en 1977), le BEP (Brevet d’Etude du Premier Cycle) a pris une place importante. Il était l’équivalent du bac actuel, puisqu’à l’époque, ce dernier était réservé à une élite. Depuis le baccalauréat est devenu un diplôme (presque) banal, qu’il faut avoir mais qui n’ouvre pas forcément la porte de l’emploi. On récapitule: le bac est passé de diplôme exceptionnel à examen de passage. Ce qui veut dire que plus que le niveau des élèves, ce sont les diplômes qui ont perdu de la valeur.
Un débat sans fin
Ces différences entre générations durent et dureront encore longtemps. Les futurs parents se plaçant en « victimes » qui à leur époque travaillaient bien plus que leurs futurs enfants, qui eux, ne voudront jamais lâcher une miette de pain à ce sujet. Et aujourd’hui, des débats comme la suppression de postes dans l’éducation nationale ou la réforme des rythmes scolaires continuent de donner de la matière à cet échange, qui, s’il semble sans réelle solution, permet toutefois la confrontation d’idées entre ancienne et nouvelle génération.
Pierrick Ilic-Ruffinatti
Intéressant cet article que j’ai « loupé » lors de sa parution. Des élèves moins bons que ceux d’hier? A voir!
On peut supposer sans grand risque que les fonctions cognitives entre 2 générations ne doivent pas évoluer de façon sensible, sauf accident. Partant de là la chance de l’apprentissage toutes choses égales par ailleurs devraient être identiques.
Sauf que dans ma phrase précédente, il y a « toutes choses égales par ailleurs ». Et je crois qu’il faut chercher là le début du débat intergénérationnel ! car dans le laps de temps nécessaire aux 3 dernières générations tout a changé!
Dans les années 1950-1960, rares étaient les femmes qui travaillaient. Et donc peu de nounous, et au contraire une maman qui passait du temps (et c’était sa fierté) à participer à l’ apprentissage de la lecture et de l’ écriture de ses enfants, en s’intéressant de très près aux devoirs.
Les débouchés professionnels à la sortie du cursus scolaire n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui.
Pour la plupart des garçons c’était l’apprentissage de métier manuel dont la France avait besoin pour sa reconstruction et pour les filles, le principal débouché était le secrétariat, la comptabilité et au mieux les métiers liés à la santé. Donc obligation pour tous de savoir lire écrire (sans faute de préférence) et compter.
L’éducation nationale avait aussi des principes différents, qui feraient sourire aujourd’hui. Ex je me souviens, dans un collège public d’avoir récupéré en juin tous les soirs de 20 à 22h les cours perdus en mai 1968 ! En terminale nous avions 46h de cours hebdo ! Ne le répétez pas, certains risqueraient de vouloir m’enfermer !!
Mais à l’époque, pas d’ordinateur, pas de portable, pas de mail ni de sms etc.. Donc petit à petit tout le monde cherche à s’adapter à ces nouveaux concepts qui eux, évoluent autrement que petit à petit!
Pour moi la vraie questions n’est pas de savoir si mes enfants ou petits enfants sont plus ou moins intelligents que moi, mais de savoir si l’EN est à même de les former en fonction des exigences du monde actuel. Or de cela je ne suis pas sûr car s’il faut évidemment miser sur la technologie, tous les enseignants de primaire et secondaire ne sont pas à même de la maîtriser. D’autre part, comme les horaires ne sont pas extensibles on a trop facilement abandonné des enseignements que personnellement je juge encore majeurs, tel que l’orthographe par exemple, l’arithmétique… (je serais curieux de savoir, si l’on faisait un sondage, combien de dictées un gamin de 15 ans a fait dans sa vie …). Et la technologie ne remplacera jamais les accès à la culture. Or dans ce domaine orthographe et lecture sont déterminants.
Pour moi, moins « bons », non, c’est clair, moins cultivés à âge égal, probablement, moins bien préparés à la vie de tous les jours, certainement, mais maîtrisant mieux les nouvelles technologies. Pas sûr qu’à terme les jeunes y gagne.
Dans votre article une petite coquille. Vous parlez du BEP, il s’agit du BEPC.
mais je veux un petit resume