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Le handicap fait son cinéma à Cannes
Alors que les Jeux paralympiques battent leur plein à Rio, Cannes accueille le Festival International du Film sur le Handicap. Démarré le samedi 16 septembre, le festival compte 130 films en compétition.

Un festival de cinéma pour tous. (Crédit photo : Laure Le Fur)
Tapis rouge, cadre de rêve, jury exceptionnel… Tout pourrait laisser croire que nous sommes au Palais des Festivals, courant mai, durant le Festival de Cannes. Pourtant nous sommes en septembre, à la Villa White House, un endroit quelque peu éloigné de l’agitation du centre-ville cannois. C’est ici que se déroulent, du 16 au 21 septembre, les projections des 130 films en compétition au Festival International du Film sur le Handicap (FIFH). Leur point commun ? Ces films « sont faits par des gens, certains handicapés, certains sur des gens handicapés et surtout avec des gens handicapés », soulignent les organisateurs. Pour participer au festival, ce ne sont toutefois pas les seuls critères auxquels il faut répondre. Le FIFH est avant tout un festival de cinéma qui veut proposer des films récents et de qualité.
Une première édition mais une idée qui a fait du chemin
Bien que ce soit la toute première édition, l’idée même de créer un Festival International du Film sur le Handicap n’est pas nouvelle. On peut dire que tout a réellement commencé en 2001. C’est durant cette année que Katia Martin-Maresco, aujourd’hui fondatrice du festival, rejoint l’équipe du Festival International des Très Courts. Sur son chemin, elle va croiser des étudiants en cinéma en situation de handicap. Ensemble ils discutent notamment des problèmes d’accessibilité des salles de cinéma pour les personnes à mobilité réduite. Elle prend alors une décision : créer une sélection de très courts métrages sur le handicap appelée Travelling 34. Cette initiative se fait en collaboration de l’Association Pandora et son président Phillipe Caza. Tristan Incorvaia et Damien Jouteux sont aussi de la partie. En 2015, face à l’enthousiasme suscité, l’équipe de Travelling 34 veut créer un nouveau festival tout public : le Festival International du Film sur le Handicap.
Une sélection de qualité
Aujourd’hui, le FIFH est devenu concret. Il n’y a qu’à le voir au travers des 130 films sélectionnés. Venus du monde entier, ils s’inscrivent dans diverses catégories : longs et courts métrages, documentaires, films d’animations, clips musicaux, publicités… Pour le festival c’est clairement un pari gagné, comme l’a souligné Marie-Hélène Delon, administratrice du FIFH, le soir de l’inauguration du festival : « Vous êtes venus de Marseille, de Cannes, de Belgique, de Los Angeles, du Brésil, de Suède… Vous êtes venus de partout. C’est international et c’est vraiment ce que l’on a voulu faire. On est fiers de vous présenter ce festival car on a réussi. »

La villa White House où ont lieu toutes les projections. (Crédit photo : Laure Le Fur)
Le film d’ouverture du festival, Po de John Asher, a montré le niveau auquel on peut s’attendre durant ces cinq jours. Le film retrace l’histoire d’un père veuf qui fait son maximum pour donner le meilleur à son fils, Po. Entre l’autisme de Po, les problèmes financiers et professionnels et l’absence d’une mère et d’une compagne, ce film raconte avant tout le combat de nombreux parents dont les enfants sont victimes d’autisme. Un film à la fois captivant et émouvant.
Côté jury, le festival n’a pas non plus à rougir… Ils seront au total sept pour juger l’ensemble des films : Charles Nemes, président du jury et metteur en scène, Danielle Michel-Chich, journaliste et essayiste, Nicolas Vanier, producteur, Jean-Louis Langlois, avocat, Christine Meignien, Présidente de Sésame Autisme, Pierre-Loup Rajot, réalisateur, scénariste et acteur dont le César du meilleur espoir en 1985 pour son rôle dans Souvenirs, souvenirs. Pascal Duquenne fait également partie de l’équipe. Il est notamment connu pour son prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes avec son partenaire Daniel Auteuil pour son rôle dans le Huitième Jour (1996).
Une Palme d’or ?
Après quasiment cinq jours de projections, les résultats tomberont mercredi 21 septembre prochain. Les lauréats auront-ils le droit à une Palme d’or ? Non, mais à une sculpture en verre réalisée par Antoine Pierini. L’illustrateur et l’auteur de bande dessinée Caza a réalisé un dessin de sirène, symbole du festival, qui a été intégré au verre de la sculpture.

La sculpture que remporteront les lauréats du festival. (Crédit : Thomas Woloch)
En tout cas une chose est sûre : d’année en année, le cinéma change sa vision sur le handicap. Nombreux sont les films à succès portant sur le sujet : Intouchables, La famille Bélier, De toutes nos forces, pour ne citer que ceux-là. Le Festival International du Film sur le Handicap se veut être « un festival pour voir avec d’autres yeux ». Quand nous changerons notre regard sur le handicap, peut-être que le FIFH fera partie intégrante du Festival International du Film de Cannes et qu’il n’y aura plus besoin de festival comme celui-ci pour mettre en avant des personnes encore trop souvent stigmatisées…
Thomas Woloch
Nicolas Pineau
Laure Le Fur