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[INTERVIEW] Soprano : « Ma musique traduit mes états d’âmes »
Le 14 octobre dernier sortait le nouvel album de Soprano, L’Everest. Pour nous, le chanteur revient sur ses inspirations et influences musicales de ce cinquième album.
Sorti depuis à peine plus d’un mois, le dernier album du rappeur de 37 ans, est déjà disque d’or. Vendu à plus de 65.000 exemplaires, le chanteur n’a pas manqué de remercier ses fans sur Twitter : « Merci à tous et merci pour tous vos magnifiques retours sur l’album. L’aventure continue grâce à vous et je vous promets une tournée de fou ».
L’artiste revient sur le succès de ce nouvel opus, sur la lignée de son précédent album Cosmopolitanie. Simplicité et humilité sont des valeurs qui lui collent à la peau, des valeurs qu’il essaye de retranscrire dans sa musique. Chanter pour transmettre, pour donner de la joie, telle est sa philosophie.

Rappeur depuis les annnées 1990, Soprano vient de sortir son cinquième album solo (Crédit : D.R.).
Après votre précédent album Cosmopolitanie, c’est L’Everest qu’on peut retrouver dans les bacs depuis un mois. Pourquoi ce titre ?
L’Everest, c’est une référence à mon parcours personnel en tant qu’artiste mais également en tant que mari et père de famille. Pour moi, c’est un symbole, un message. Cela fait écho à ma philosophie de vie, c’est-à-dire ne jamais abandonner, essayer de se dépasser et de repousser ses limites en permanence.
Musicalement, comment qualifierez-vous le ton de cet album ?
Comme dans mon précédent album Cosmopolitanie, c’est une suite de morceaux aux styles très différents. J’ai également fait le choix de collaborer avec des chanteurs d’univers très variés allant de Marina Kaye au rappeur Jul. Cela me représente bien en tant qu’artiste car j’ai moi-même des influences très différentes. Il y a des titres sur lesquels les gens pourront danser, en concert notamment, mais il y a aussi des morceaux beaucoup plus mélancoliques.
Extrait du dernier album de Soprano avec le clip de Mon Everest, featuring Marina Kaye.
Au fil de votre carrière, on a vu votre musique évoluer avec vous. Peut-on dire que vos morceaux vous représentent ?
Ma musique traduit mes états d’âmes, mon évolution personnelle dans toutes les étapes de ma vie. À mes débuts, je sortais des morceaux au style beaucoup plus mélancolique avec des paroles moins positives qu’aujourd’hui. Mais maintenant j’ai évolué, ma vie a changé. J’ai grandi, mûri, je suis devenu père de famille et j’ai eu la chance de connaître le succès dans le domaine de la musique. Alors désormais, je pense que ce serait mentir à mon public que de continuer à sortir ce type de morceaux mélancoliques. Je mets un point d’honneur à ce que mes musiques soient à mon image. Elles m’ont accompagnée et continueront de m’accompagner dans mon évolution personnelle.
Vous êtes un artiste assez différent des autres rappeurs qu’on peut croiser sur la scène française. Etait-ce une volonté dès le début de votre carrière de vous démarquer en alliant rap et chant ?
C’est une évolution qui s’est faite au fur et à mesure. Pourtant, assez rapidement, on m’a donné ce surnom de Soprano. Ce nom de scène vient du fait que je suis l’un des premiers rappeurs chanteurs dans le paysage musical français. Je suis quelqu’un de souriant, qui a de la joie de vivre. Pour moi, mes musiques doivent refléter qui je suis, c’est pour cela que chanter était nécessaire. Malgré tout, je ne ferme pas les yeux sur les réalités du monde. Je suis pragmatique, je connais la vie dans les banlieues et dans les quartiers. C’est important pour moi d’en parler dans mes morceaux car c’est une réalité qu’on ne peut pas ignorer. J’essaie donc d’intégrer toujours une petite marque d’espoir dans mes titres, surtout lorsque j’aborde ce type de sujets.
Aujourd’hui, vous dites chanter pour vos enfants mais vous dressez un constat assez alarmiste de la société. Est-ce important pour vous de les préparer à cet avenir ?
C’est essentiel même. J’ai écrit pour eux la chanson Post-Scriptum. Les paroles sont un lexique des réalités qu’ils vont devoir affronter dans leurs vies. Ce morceau montre comment ils devront accepter, comprendre et surmonter ces difficultés. C’est l’essence même de ce nouvel album.
Dans vos titres, on remarque également une appréhension à l’égard d’Internet et des réseaux sociaux. Ce sont des outils qui vous font peur pour le monde de demain ?
Ce ne sont pas les réseaux sociaux en eux-mêmes qui me font peur, ce sont tous les dommages collatéraux qu’ils engendrent. J’ai peur effectivement que petit à petit, la notion de contact réel perde tout son sens dans le futur. J’ai également peur de la place que prend Internet dans nos vies. C’est un outil très intéressant mais qui peut malheureusement véhiculer tout un tas d’informations erronées, aujourd’hui on peut faire croire n’importe quoi à n’importe qui.
Vous revendiquez votre simplicité dans la vie de tous les jours. Alors comment gérez-vous ce succès grandissant ?
C’est très complexe. Ce n’est pas toujours facile à gérer mais tous mes fans sont des gens gentils, vraiment. Je n’ai jamais croisé d’hystériques comme celles de Kendji ou des Beatles. Donc ce sont eux aussi qui me donnent la force de continuer et de ne jamais baisser les bras. C’est aussi grâce à eux que j’en suis ici aujourd’hui et pour cette raison, je me dois de leur accorder de l’importance comme je l’ai fait aujourd’hui.
Margot Desmas
Article initialement paru dans Nice-Matin