Donald Trump ou la guerre à l’écologie

« Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l’industrie américaine non-compétitive », écrivait Donald Trump sur son compte Twitter le 6 novembre 2012. Pendant sa campagne, le candidat républicain n’avait pas hésité à faire des propositions de campagne à faire pâlir les écologistes. Parfois floues et non chiffrées, parmi l’isolationnisme, l’anti-immigration, et l’ultra-conservatisme, il y a celles sur l’environnement. Retour sur ces promesses.

Les Accords de Paris sauvés

Quatre jours avant son élection, on célébrait la ratification historique des Accords de Paris sur le climat. Trump avait fait de l’annulation des Accords de Paris l’une de ses principales promesses de campagne. Dans une interview accordée au New York Times, le 22 novembre, le nouveau président est revenu sur ce sujet. « Je regarde ça de très près. Je reste ouvert sur cette question », a-t-il déclaré. Il a également souligné qu’il fallait regarder « combien cela va coûter à nos entreprises » et quels pourraient être les effets sur la compétitivité américaine.

Mais pourrait-il vraiment quitter les Accords ? Comme l’a déclaré la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, « il ne peut empêcher sa mise en œuvre. » Pour pouvoir sortir d’une telle procédure, il lui faudrait attendre trois ans en dénonçant le traité. Un an supplémentaire sera requis pour son effectivité, et son mandat sera terminé d’ici là. Seulement, il pourrait aussi quitter la Convention, un cadre de l’ONU sur les changements climatiques. En un an, sa participation à cet Accord serait résolue. Mais encore aucun pays ne l’a jamais fait.

À noter que quelques heures après son élection, sa proposition sur les Accords de Paris avait disparu de son site de campagne, avant de revenir.

L’organisme national sur l’environnement en péril

Autre promesse phare du Président : supprimer l’EPA, l’agence gouvernementale chargée de la sauvegarde de l’environnement. Cette mesure ne sera sûrement pas appliquée comme telle. Le 21 octobre, Donald Trump a choisi Myron Ebell afin de diriger ce ministère. Climatosceptique et convaincu par les énergies fossiles, sa nomination devra cependant être approuvée par le Congrès.

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Myron Ebell sera à la tête de l’EPA. (Crédit photo : The Huffington Post)

Et ce n’est pas tout. Le nouveau président entend également lever les restrictions à la production d’énergies fossiles. « Une règlementation qui oblige des centaines de centrales à charbon à fermer, et qui bloque la construction de nouvelles, ce n’est pas stupide, ça ? », avait-il déclaré lors d’une conférence dans le Dakota en mai dernier. Une relance de l’exploitation, et de son utilisation ainsi que l’augmentation des forages sont au programme. Cette mesure a de grandes chances de voir le jour. Elle est très attendue des Américains pour pallier le chômage né des fermetures de centrales à charbon sous Barack Obama.

Le retour de l’oléoduc

Il relancera également le projet d’oléoduc « Keystone XL ».  Il devait permettre d’acheminer des pétroles lourds canadiens vers des raffineries dans le pays. Barack Obama s’y était opposé en février 2015 après une longue bataille entre les protecteurs de l’environnement et les défenseurs des intérêts économiques. Ce dossier avait mis en lumière le fossé idéologique sur le sujet entre les Républicains et les Démocrates.

Pour finir, l’homme d’affaire espère bien annuler les milliards de dollars prévus aux Nations Unies pour le programme visant à lutter contre le réchauffement climatique.

Mais rassurons-nous, le président climatosceptique n’est pas contre les énergies renouvelables : « Le soleil est très cher. Le vent est aussi un problème, c’est très, très cher, ça ne marche pas sans subvention. Mais en dépit de tout cela, je suis favorable à tous les types d’énergie. »

Un désengagement des Etats-Unis dans la question environnementale peut-elle avoir un effet domino ?

Si le pays le plus influent au monde abandonne ses obligations, cela risque bien de retarder tous les efforts réalisés en faveur de l’environnement. Il va peut-être falloir d’ores et déjà réfléchir à de nouvelles initiatives pour continuer le changement au niveau international.

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L’environnement, grand absent des campagnes

Contrairement au nouveau président, Hillary Clinton comptait, sans surprises, continuer le travail de Barack Obama en matière d’environnement, c’est-à-dire lutter contre les émissions de CO2 et destituer progressivement le charbon. Durant la sulfureuse campagne, les deux candidats avaient passé en revue tous les sujets : chômage, croissance, sécurité, enseignement, maternité, … mais l’écologie est bien l’un des sujets qui n’a valu ni médiatisation, ni escarmouches. La faute à qui ? Plus que les candidats, les citoyens, les journalistes n’ont pas mis le sujet sur la table. Durant les trois grands débats télévisés, soit plus de 4 heures 30, ce thème a été mis sur la table durant seulement 5 min et 20 secondes.

Mariette Guinet