Régis Debray : C’est quoi une religion ?

Dans le cadre des conférences de Cannes-Université, l’écrivain et ancien membre de l’académie Goncourt Régis Debray était présent à l’espace Miramar ce vendredi 6 janvier. Il a présidé une conférence autour du thème de la religion avant de répondre aux questions et de débattre avec les personnes présentes dans la salle.

Après une brève intervention du maire de Cannes, David Lisnard (dont le léger retard a notamment provoqué quelques réactions dans le public) qui a profité de l’occasion pour adresser ses vœux au public, l’écrivain et philosophe – même si celui-ci se ne considère plus comme tel – Régis Debray a présidé une conférence intitulée « C’est quoi une religion ? ». Invité par Cannes-Université, Régis Debray a pu expliquer sa vision de la religion en évoquant différents aspects de celle-ci.

La conférence débute sur l’étymologie du mot religion. Régis Debray met en avant la « vraie étymologie » qui signifie « recueillir, rassemblement ». L’ancien membre de l’académie Goncourt observe que le monde occidental est marqué par trois religions monothéistes majeures, et que « chacune pense qu’elle a le vrai Dieu ». Il s’intéresse également à la notion de paradis qu’il qualifie de « très actuelle » et met en exergue la place clé de la religion dans notre société, même si, d’après lui, « beaucoup de personnes pensaient mettre la religion au musée, mais c’est la religion qui les a mises au musée ».

 « Un homme qui croît est un homme qui va de l’avant »

Au cours de la conférence, Régis Debray va critiquer la citation attribuée à Karl Marx : « La religion est l’opium du peuple » car pour lui « l’opium ça endort, la religion ça réveille ». Un désaccord confirmé vis-à-vis de l’illustre philosophe allemand quand celui-ci dit que « la religion est l’arme des faibles » : pour Régis Debray, au contraire, « un homme qui croît est un homme qui va de l’avant ».

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Régis Debray lors de sa conférence à l’espace Miramar (Crédit photo : Romain Hugues)

Il évoque aussi les martyrs, qui « n’hésitent pas à réprimer ceux qui ne pensent pas comme eux » et qui voient à travers le djihad, dans la notion de mort, une « récompense » : le paradis. « Tuer au nom de Dieu est impie, certes, mais cela s’est beaucoup fait » explique Régis Debray, faisant allusion aux récents attentats mais également aux nombreuses croisades très violentes qui ont eu lieu dans le passé.

Spirituel, religieux et fait religieux : trois termes bien différents pour Régis Debray

L’écrivain s’attarde également sur la loi de 1905 qui sépare l’Eglise de l’Etat. Il souligne le fait que celle-ci ne contient ni le mot laïque, ni le mot religion. En effet, il explique que la loi parle de culte, terme qu’il définit par « le fait de se réunir au nom d’une croyance, d’un être transcendant ». Une croyance marquée par des rituels, des cérémonies et une communauté liée à « une entité verticale non définie ». Régis Debray s’attache surtout à distinguer les notions de spirituel et de religieux : « le spirituel dit ‘je’ et peut être un homme seul, le religieux dit ‘nous‘ et fait partie d’une communauté, s’occupe des autres ».

« Tourner le dos au fait religieux, c’est tourner le dos au fait humain ». Par cette phrase, le philosophe met en avant l’idée qu’il est impossible de « laisser de côté ce pan civilisationnel ». Il indique qu’il ne faut surtout pas confondre le « fait religieux », qui constitue un ensemble de données sur la religion, et la religion elle-même. Régis Debray propose donc l’étude de ce « fait religieux » à l’école : des cours sans parti pris, qui auraient pour but d’expliquer aux enfants l’histoire et les faits liés à la religion afin de mieux leur faire comprendre le monde actuel.

Guillaume Truillet
Romain Hugues
Harold Girard
Loris Biondi