[FIPA 2017] The greatest party on Earth ou le chant du cygne du Chah

Les festivités pour la célébration du 2500 e anniversaire de la fondation de l’Empire perse en 1971 sont les plus grandes célébrations jamais organisées sur Terre. Des millions de dollars ont été dépensé pour réunir toutes les têtes couronnées et les puissants en plein désert, au pied des ruines de Persépolis. Le documentaire d’Hassan Amini The greatest party on Earth retrace l’organisation de cette fête géante et de ses conséquences catastrophiques sur le pays.

Pour célébrer le 2500 e anniversaire de la fondation de l’empire de Perse, le Chah a dépensé des millions alors que son pays n’en avait pas les moyens. Il a invité au milieu du désert plus de soixante chefs d’Etat. Tout ce que le monde comptait en rois, reines, princes, princesses, présidents et premiers ministres avaient fait le déplacement jusqu’à Persépolis.

« Dors en paix parce que nous veillons et veillerons à jamais sur ton héritage » proclame Mohammad Reza Pahlavi, le dernier Chah d’Iran, face au tombeau de Cyrus le Grand dans les ruines de l’ancienne capitale perse. Devant le mausolée du fondateur de son pays, le roi des rois vient de prononcer sa phrase la plus célèbre et sûrement celle qui lui coutera son trône. Se doute-t- il qu’il sera renversé en 1979 ? Non, il n’y pense pas une seconde.

Pourtant son peuple ne comprend pas qu’on puisse gaspiller tout cet argent alors que des enfants souffrent toujours de la faim et que les hôpitaux manquent de médecins et de médicaments. 50% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté.

« Quand on dépense des millions on doit rendre des comptes, et un jour on paye »

Pourtant un Camp du Drap d’or moderne est monté pour accueillir les invités. Environ soixante tentes sont construites au milieu des ruines. Une forêt d’arbres fruitiers est plantée et 50 000 oiseaux sont importés pour la peupler, ils ne survivront aux températures du désert que trois jours. Toute la nourriture et les boissons sont importés de France. C’est même l’équipe du restaurant parisien Maxim’s qui est chargée de la cuisine. Au total la fête requiert 25 000 bouteilles de vin des meilleurs crus, dont 2500 de champagne. 60 000 soldats sont mobilisés et 6000 d’entre eux défileront déguisés en soldats perses antiques. Les frontières et les universités sont fermées pendant trois jours. Mais surtout tous les possibles opposants sont systématiquement arrêtés et torturés.

Cette fête marque un tournant dans le règne de Mohammad Reza Pahlavi. Le régime policier du Chah se durcit pour faire taire toute contestation contre les célébrations. L’opposition se rassemble alors derrière l’ayatollah Khomeini en exil. Mais le Chah refuse de voir l’évidence, pour lui son régime n’est pas contesté et renvoie parmi ses conseillers ceux qui osent lui dire la vérité. Il reste accroché à son pouvoir absolu. « Deux choses détruisent un homme faible, l’argent et le statut », avoue son ancien ministre des affaires étrangères. Huit ans plus tard, le Chah quittait l’Iran pour ne jamais y revenir.

Ce documentaire a le mérite de nous plonger dans l’atmosphère de cette fête unique. Hassan Amini, en réussissant à retrouver les organisateurs et certains des invités, rend l’immersion totale. On navigue alors au milieu du luxe et du pouvoir, pour mieux saisir la personnalité du Chah qui reste un personnage mystérieux 37 ans après sa mort.

Maxime Bonnet