Carnaval de Nice 2017 : Le cœur toujours à la fête ?

L’ombre de l’attentat de Nice plane encore sur la ville azuréenne. L’édition 2017 du Carnaval de Nice n’a pas été aussi fréquentée que les années précédentes. Les Niçois ont profité de l’évènement pour retrouver le sourire malgré la menace terroriste.

Depuis sa première représentation en 1294, le Carnaval de Nice n’aura jamais trouvé un écho semblable. L’une des plus célèbres traditions françaises s’inscrit désormais dans une ville inquiète et encore troublée, sept mois après l’attentat qui a causé la mort de 86 personnes.

Le défilé quitte son emblématique parcours sur la Promenade des Anglais pour s’installer en centre-ville, dans un espace extrêmement sécurisé et surveillé. Trente-six portiques sont installés et gérés par deux cents agents de sécurité. Tout autour du défilé, des policiers municipaux, CRS et militaires surveillent en permanence les lieux, des snipers sont même positionnés sur les toits. Situation que certains prennent avec humour. « Tellement il y a de policiers, on a cru que certains étaient déguisés pour le carnaval », lance Gérard en riant.

Les costumes prêtant à confusion, comme les tenues de cow-boy ou de policier, sont désormais interdits indique la Police Nationale. Et les bombes à serpentins, classiques du carnaval, sont proscrites. Le Carnaval de Nice s’annonçait ainsi, pour ses Niçois, comme une étape douloureuse mais nécessaire, à des années lumières des éditions précédentes. L’inquiétude et le traumatisme d’une ville pas totalement encline à faire la fête se sont rapidement confirmés.

Lors de la soirée d’inauguration, le carnaval comptait 7000 spectateurs malgré une capacité totale de 14000 places. Denis Zanon, directeur de l’office de tourisme, s’en étonnait : « nous n’avions jamais fait un lancement de carnaval à moins de 9000 ou 9500 spectateurs ». Si la fréquentation du carnaval est en baisse depuis plusieurs années, notamment à cause de l’augmentation du prix des billets, elle atteint un record cette année. Les réservations sont en baisse de 20% par rapport à l’édition 2016, sur le thème des médias. Le souvenir de l’attentat est difficilement oubliable pour les Azuréens.

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Une Azuréenne venue profiter du corso carnavalesque illuminé le 18 janvier 2017. (Crédits: Roberto Garçon)

Garder le sourire malgré la menace terroriste

Dix-sept chars allégoriques et burlesques défilent accompagnés d’éléments d’animation, d’art de rue et de groupes musicaux internationaux. Malgré l’ambiance, festive, beaucoup ont encore en mémoire les tragiques évènements du 14 juillet. « On ne peut pas oublier les attentats de Nice, on pense aux victimes mais on continue à faire la fête », témoigne Victor. « Je suis vigilante, je regarde autour de moi » nous confie Myriam, ajoutant qu’elle veut « refuser de céder à la paranoïa ». D’autres ont même hésité à venir assister au carnaval. « J’ai toujours cette crainte après ce qu’il s’est passé, surtout pour mes enfants, on a failli ne pas venir mais finalement on ne regrette pas. Tout est sécurisé, et le spectacle est magnifique ! » indique Nadia, accompagnée de ses 2 enfants. Certains refusent d’être fatalistes. « Il faut continuer à vivre ! » lance Janine. « La musique, les décors, il y a tout pour s’amuser ! » ajoute-t-elle en souriant.

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Les tribunes presque remplies du carnaval, le soir du Corso illuminé du 18 janvier 2017 (Crédits: Roberto Garçon)

La ville de Nice panse encore ses plaies depuis l’attaque terroriste. Aucun évènement ne sera organisé sur la Promenade des Anglais d’ici le 14 juillet 2017, date à laquelle aura lieu une commémoration en mémoire des victimes de l’attentat de Nice.

Roberto Garçon
Marvin Guglielminetti