Le combat difficile et indépendant des bénévoles niçois pour les migrants

Les bénévoles de l’association « Habitat et citoyenneté » travaillent chaque jour pour offrir le minimum aux migrants. Une action humanitaire, mais aussi idéologique.

Dans l’épicerie modeste aménagée par « Habitat et Citoyenneté », Hubert range des dizaines de briques de lait. Comme tant d’autres produits, elles seront revendues quinze fois moins cher aux migrants, qui affluent toute la journée. Pour les servir, comme Hubert, cinq bénévoles aux profils différents, sans diplôme, en stage et même sans-papiers. Chacun s’attèle à sa tâche : rangement, distribution de vêtements, vente de nourriture à prix dérisoires, mais aussi de l’administratif comme les demandes d’asile ou de logements.

Habitat et Citoyenneté Photo 1

Hubert et un bénévole classent chaque denrée reçue dans le sous-sol pour ensuite les revendre. (Crédits : Parissa Javanshir)

“On se sent seuls contre tous” 

Ces tâches administratives, réels obstacles pour les migrants, l’association les assure seule. Elle se heurte à la lenteur des procédures et aux refus fréquents. Et cela frustre Nicole qui ne fait plus confiance aux institutions. « Je crache sur les services sociaux, je le sais », avoue-t-elle honteusement. Pourtant, les bénévoles revendiquent fièrement ce choix d’indépendance. De fortes convictions animent chacun d’entre eux, ils agissent selon leur libre arbitre, sans se soucier des lois. L’association refuse donc les aides de l’Etat, notamment pour s’assurer une certaine liberté. Ce sont les dons des particuliers qui font difficilement vivre l’association. Les salariés ne sont pas toujours payés et il est parfois difficile de nourrir chaque famille.

Habitat et Citoyenneté Photo 2

Nicole aide un migrant pour son dossier de demande d’aide juridictionnelle (Crédits : Parissa Javanshir)

Une expérience humaine enrichissante 

Poussés avant tout par l’envie de donner de leur temps, les bénévoles oublient vite les difficultés à surmonter. Histoires passionnantes et traditions, les migrants sont une réelle source d’enseignements. Une prise de recul sur sa propre vie, qui permet à Faustine, bénévole, de mesurer sa chance d’être française. Partage est donc le maître mot, dans une association où se retrouver à table autour d’une pizza avec les migrants, à l’heure du déjeuner, est courant. « Je ne travaille pas avec des étrangers mais avec des êtres humains, je me fous d’où ils viennent », explique Nicole, pour qui chaque individualité derrière les mots « afflux d’immigrés » compte. Créer un lien social, humain est peut-être ce dont ces hommes et ces femmes ont le plus besoin.

Parissa Javanshir 
Célia Maciolek
Lucas Philippe