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[ASSISES] Acrimed et BFMTV : rencontre musclée aux Assises du journalisme
Cette année, pour la première fois aux Assises du journalisme, un organe de critique des médias est convié à débattre, lors d’une conférence, avec des représentants de médias «mainstream ».

La conférence a eu lieu dans l’Auditorium Descartes. Crédit photo : Djenaba Diame
« Le journalisme est forcément hors-sol à partir du moment où on privilège le commentaire à l’enquête sociale« . La discussion est lancée. Henri Maler, membre fondateur de l’observatoire des médias « Action-critique-média » (dit Acrimed), a été invité à participer, ce 17 mars, à une conférence sur les médias et leur « déconnexion de la réalité« . Un observatoire de critique des médias face à des médias dominants, c’est une première aux Assises du Journalisme de Tours. A 17h40, cinq minutes avant le débat, la salle est déjà bondée.
Assis autour d’Henri Maler, Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, Michèle Léridon, directrice de l’information de l’AFP et Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFMTV. Le journaliste Lucas Menget animera le débat. Le sujet de la conférence, « Trump, Brexit : des journalistes hors-sol ? », divise les différents interlocuteurs sur l’utilité et le rôle des sondages et sur la variété des intervenants dans les débats publics.
Sondages : que valent-ils vraiment ?
L’usage des sondages par les médias a nourri une bonne partie du débat. En désaccord avec Céline Pigalle, Henri Maler estime que « passer son temps à commenter des sondages qui n’ont aucune assurance de fiabilité c’est une perte de temps considérable […]. Il faut moins de sondages et plus d’enquêtes […] on y gagnerait beaucoup« . Sur ces mots, la tribune applaudit. Les autres invités ne semblent pas partager exactement le même avis. Même si les sondages ne sont pas irréprochables, ils donneraient une certaine vision de la réalité.
Céline Pigalle, représentante de BMFTV pour le débat, une chaîne où le commentaire de sondages fait partie intégrante des programmes quotidiens, semble se sentir visée par ces remarques. Elle monte sur le ring : « J’entends les critiques, mais s’abstenir radicalement de faire des sondages, de les commenter, c’est dans un autre monde que le nôtre« . Henri Maler écoute, non sans une moue dubitative… Les deux autres interlocuteurs interviennent ici et là et le reste du temps, laissent le géant de l’information en continu et l’observatoire de critique se renvoyer l’un et l’autre dans les cordes, toujours courtoisement. A l’approche des élections, Henri Maler insiste sur la « portée démocratique singulière » des sondages. Ce sont, selon lui, « des incitations à se prononcer sur des positionnements tacites et pas sur les programmes« .
Malgré les désaccords et la divergence des solutions envisagées, tous sont d’accord sur un point : la couverture désastreuse du Brexit et de la campagne de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine est révélatrice d’un dysfonctionnement médiatique et démocratique qui ne peut plus être ignoré.
Nous avons rencontré Henri Maler après la conférence. Il a accepté de nous en dire plus sur sa présence aux Assisses du Journalisme de Tours et sur le traitement médiatique de l’élection présidentielle française à venir.
Djenaba Diame