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De hockeyeuse à star d’Instagram
Nicole a 24 ans. Cette Canadienne domiciliée en Ontario a toujours senti son cœur battre pour un sport : le hockey.
« J’ai grandi en jouant au hockey à Niagara Falls, Ontario. Quand j’avais huit ou sept ans, je pratiquais le patinage artistique. Un jour, mon cousin, qui était hockeyeur, s’est fait heurter par une personne qui était en état d’ébriété. Suite à cet accident, il ne pouvait plus jouer. Alors pour faire perdurer son rêve qui était de jouer dans la NHL (la plus prestigieuse des ligues de hockey, NDLR), j’ai raccroché mes patins artistiques, pour me mettre au hockey », raconte-t-elle. Durant tout cet été, elle écume les différents camps d’entraînements de l’Ontario, la province la plus peuplée du pays… et finit par être recrutée dans l’équipe de son cousin.
« Je me disais que je n’étais rien »
Le sport national canadien est exigeant. Il faut être rapide pour patiner à toute vitesse, habile pour marquer, solide pour résister aux charges violentes. La compétition y est rude.
La jeune fille monte les échelons rapidement. Elle intègre la Ligue provinciale féminine en Ontario, dans le centre-est du Canada. Mais après avoir remporté quelques honneurs, la jeune fille se retrouve sans équipe. « Intégrer cette ligue était une erreur », admet-elle. « J’ai joué avec beaucoup de joueuses très douées, certaines sont dans l’équipe nationale canadienne, comme Brianne Jenner. Mais j’étais très déçue, car je passais d’un endroit où j’étais une des meilleures, à une ligue où je me disais que je n’étais rien. J’avais perdu toute confiance en moi. ».

Dégoûtée par le sport, Nicole abandonne sa carrière de hockeyeuse en 2011. (Crédit : Nicole Court)
Coup d’arrêt
Nicole se rend compte d’une chose. L’envie de la victoire et d’être la meilleure prend le dessus sur l’amour du sport. Fidèle à son rêve d’intégrer l’équipe canadienne, elle rejoint les rangs universitaires américains en 2010 à Elmira, dans l’état de New York, pour se relancer. Un an plus tard, tout est terminé. Elle se souvient : « Le hockey représente tout ce que j’ai fait. Lorsque j’ai dû arrêter, cela a été très dur. Ne pas intégrer l’équipe canadienne m’avait dégoûtée. Je ne pouvais plus en regarder. Je l’ai effacé de ma vie pendant 2 ans. ».
Nouveau départ
De retour en Ontario, à Saint-Catharines à Brock University, Nicole échange la crosse pour le stylo et s’intéresse à la psychologie. Le hockey semble être loin derrière elle. Pourtant, tout va changer le temps d’une soirée. « En sortant des cours, je voulais aller à la patinoire avec quelques amis. Une partie de hockey s’y tenait et n’importe qui pouvait venir jouer. Je les ai rejoints, et là, tout est revenu. C’était le vrai hockey. Celui où tu ne dois pas te soucier de la pression, de ton équipe ou du résultat. Celui où il s’agit juste de toi et de tes amis. ».

Grâce à ses qualités techniques, Nicole est régulièrement invitée pour montrer ses talents. (Crédit : Nicole Court)
La jeune femme qu’est Nicole a alors une idée. Poster des vidéos d’elle sur les réseaux sociaux en train de jouer au hockey et gagner sa vie grâce à ça. Un concept étranger à ses parents : « Quand j’ai commencé à faire mes vidéos, mes parents étaient un peu hésitants. Ils me disaient qu’il fallait que je trouve un travail. Mais j’ai toujours su que je ne voulais travailler pour personne et que je voulais construire ma propre voie. ».

Exit la compétition, dorénavant Nicole joue pour la passion. (Crédit : Nicole Court)
En janvier 2016, ses premières vidéos sortent sous le nom de Beer League Beauty – en Amérique du Nord, les Beer Leagues signifient les ligues loisirs – où on la voit jouer avec le palet et manipuler la crosse grâce à des gestes techniques impressionnants. Le succès est immédiat. En un an, elle est devenue l’une des personnalités du hockey les plus influentes des réseaux sociaux selon un classement réalisé par la marque CCM. Ses 66 000 abonnés sur Instagram lui permettent de décrocher plusieurs contrats de sponsorings et de vivre de ses productions. Elle répond franchement : « Cela fait quatre mois que je peux vivre confortablement, sans être stressée. Quand je poste une seule photo sur Instagram qui vante les qualités d’un produit qui ne fait pas partie de mes sponsors, je peux toucher 400 dollars américains. Si j’ai besoin d’argent, je peux éventuellement faire ça. La plupart du temps, je gagne de l’argent en apparaissant à certains évènements. Par exemple, s’il y a quelque chose à Washington, on me paye le trajet et l’hôtel. Après qui sait ? Après le Crashed Ice, il va falloir voir si l’argent va continuer de rentrer pour faire éventuellement carrière dedans. ».
Mais Nicole ne compte pas s’arrêter là. Son prochain challenge : le Red Bull Crashed Ice. Le principe est simple : descendre une pente à toute vitesse grâce à des patins dans une course effrénée. S’entraînant régulièrement depuis un an, elle a représenté le Canada aux championnats du monde de Crashed Ice à Ottawa début mars.
De Nicole se dégage une grande force de caractère et un naturel sans pareil. Et quand on lui demande d’où vient sa réussite, sa réponse ne se fait pas attendre : « Je ne prétends pas être quelqu’un d’autre. Je suis tout simplement moi-même. ».
Thomas Woloch