La jeunesse hésitante avant la présidentielle

Alors qu’à partir de ce dimanche les Français vont choisir le nouveau président de la République, tous les électeurs n’ont pas encore fait leur choix. Entre défiance et hésitation, Buzzles s’interroge sur le vote de la jeunesse.

A la veille de l’élection présidentielle, une partie des Français ne sait toujours pas pour qui elle va voter. Cette hésitation touche avant tout les primo-votants, c’est-à-dire la toute nouvelle génération qui n’a encore jamais voté. Cette catégorie constitue 3,3 millions de nouveaux électeurs potentiels. Ainsi plusieurs millions de Français vont devoir voter pour la première fois et mettre un bulletin dans l’urne, dans une campagne politique animée par les scandales judiciaires et les propos polémiques des candidats. Seuls 55% des 18-24 ans se déclarent sûrs de leurs choix, selon un sondage Ifop. Pour Erwan, 18 ans et étudiant niçois, « on est pris pour des immatures incompétents, les politiques ne s’intéressent à nous qu’au moment des élections ». Il ajoute : « On ne parle de nous qu’à travers des statistiques de diplômes sans jamais rien faire pour qu’on soit soutenus ». Leila, 18 ans et lycéenne niçoise affirme qu’elle ne se reconnaît pas dans « ce que devient la politique française » malgré le fait qu’elle ait suivi tous les débats et lu tous les programmes. Plus que du désintérêt, c’est le sentiment d’une réelle déconnexion du politique que partagent certains jeunes.

Selon une enquête OpinionWay probleme-politique-vient-elus-institutions) pour 20 Minutes, les 18-30 ans placent en dernière position les partis politiques dans les institutions censées le mieux les représenter. Maëlys, 20 ans, l’affirme : « Les candidats me repoussent pratiquement tous, il me suffit de connaître une seule chose qui contredit mes valeurs pour que je me désintéresse d’eux. ». Elle ajoute : « Le candidat est aussi important pour moi comme entité que le parti qu’il représente ». Cette hésitation peu de jours avant le scrutin peut aussi être due à une méconnaissance ou un désintérêt de l’univers politique. « Je ne me suis pas encore renseignée » affirme Eloïse, 18 ans et cannoise. Elle avoue : « L’élection me paraissait tellement loin et abstraite, dans mon entourage personne ne parle de politique, je n’avais pas de raison de m’y intéresser ». Ce sentiment est partagé par Nicolas, 19 ans et étudiant en sciences : « Je ne me sens pas concerné, on est étudiants et on n’arrive pas à se projeter dans le monde actif ou à voir ce que leurs actions pourraient changer concrètement ». Il ajoute néanmoins « avoir choisi son candidat ». Pour Margot, nîmoise de 20 ans, le choix va se faire par défaut : « Je sais surtout pour qui je ne vais pas voter », même si elle souligne que les jeunes « doivent s’intéresser à la politique car c’est ce qui permet le monde dans lequel ils vont évoluer ». L’abstention guette les indécis mais divise la jeunesse. Les étudiants sont moins portés vers l’abstention (42%) que les jeunes actifs (51%).

Kiss et Ouanissa, participants au concours Eloquentia, ont notamment débattus dans Le Gros Journal de Mouloud Achour autour de l’abstention.

Leila le maintient : « On a des générations qui n’ont plus la conscience politique qu’avaient les générations précédentes, qui elles vieillissent et ont un poids beaucoup trop important dans la politique française alors que leur sort est déjà joué ». La voix des jeunes et de la totalité des Français se fera entendre le 23 avril 2017 et le 7 mai 2017.

Roberto Garçon