Les nouveaux nez de Grasse

Sur la Côte d’Azur, des étudiants venus du monde entier apprennent les ficelles du métier de parfumeur, au sein du Grasse Institute of Perfumery (GIP).

Un bâtiment perché sur les hauteurs de Grasse, surplombant la vallée azuréenne. Au milieu des effluves de fragrance qui s’entremêlent harmonieusement, les douze étudiants du Grasse Institute of Perfumery s’initient au métier de parfumeur. Ils participent à un cursus étalé sur une année calendaire, comprenant un stage estival de deux mois. Entre théorie et pratique, les élèves reçoivent le savoir-faire de professionnels de la parfumerie. Ils ont entre vingt-trois et soixante ans, communiquent en anglais et viennent des quatre coins du monde : Taiwan, Inde, Brésil, Italie…

La nécessité de s’exercer

Konstantina est originaire de Grèce. Même si elle n’a jamais suivi d’études liées au monde des fragrances, la jeune femme de 25 ans travaille « environ quatorze heures par jour, entre les ateliers de réalisation, les devoirs et les cours plus théoriques ». Krishna, 24 ans, vient de Mumbai, en Inde. Il est plongé depuis tout petit dans cet univers, puisque ses parents possèdent une maison de parfumerie dans son pays d’origine, à l’instar des deux autres Indiens de la promotion 2017. S’il a choisi de venir à Grasse, c’est pour engranger de nouvelles compétences. La formation comporte aussi des cours sur l’aspect marketing de l’univers des fragrances. Krishna espère donc « développer l’entreprise familiale » au cœur de la capitale mondiale du parfum.

 

Apprenti Nez Grasse

Les étudiants passent beaucoup de temps à s’entraîner pour affiner leur odorat. Crédit photo : Hugo Girard

Si la formation est rapide, le travail à réaliser reste très conséquent. Outre les matières « pratiques », les élèves suivent également des cours de sciences, de mathématiques, de techniques d’extractions… « Durant les cinq premiers mois, les élèves travaillent surtout autour des matières premières et des différents composants des parfums », explique Isabel Torrente, assistante de formation au sein de l’école. A l’approche des examens, les révisions sont intensives. Chacun doit apprendre les caractéristiques de dix parfums par semaine : nom du créateur, de la maison, année de production, substances naturelles ou synthétiques… Au total, ce ne sont pas moins de 200 parfums que les apprentis doivent connaître à la fin de leur cursus. Une tâche ardue si l’on en croît Elena, de Barcelone. Selon elle, « il est difficile de tout reconnaître directement ». Sofia, venue d’Italie, ajoute que pour mieux interpréter chaque parfum, « il faut connecter très vite le nez et le cerveau ».

Un pied dans le monde de la parfumerie

Chaque année, une grande marque de la parfumerie fait office de parrain de l’école. Pour 2017, c’est l’entreprise suisse Givaudan, numéro un mondial de la parfumerie et des arômes, qui soutient l’école. Un partenariat indispensable pour l’institut grassois, puisque l’entreprise fournit en nombre matières premières, parfums, et même des offres de stage. La formation comporte cependant un bémol, les places sont chères (cent candidats pour seulement douze places), y compris du point de vue financier : l’année coûte 12 900 €. Le prix à payer pour mettre le nez dans le monde prestigieux de la parfumerie.

Apprenti Nez Grasse Chimie

Chaque élève doit apprendre à préparer certains composants de parfum. Crédit photo : Hugo Girard

Les cours de création de parfum débuteront dans les prochaines semaines. Ces cours seront sans doute déterminants pour éclairer certains des étudiants sur leur futur. Beaucoup restent indécis quant à leur avenir, car les débouchés ne manquent pas dans l’univers des fragrances : assistant en laboratoire, chimiste, marketing, évaluateur… Pourtant, c’est le métier de parfumeur-créateur au sein d’une grande maison qui fait rêver tout le monde, même si les places sont très rares pour atteindre ce Graal. Lancé en 2002 par le Syndicat National des Fabricants de Produits Aromatiques, ce cursus reconnu par la profession ouvre donc le champ des possibles pour les étudiants du Grasse Institute of Perfumery. Au terme de cette année d’étude, chacun des membres de ce petit groupe soudé devra choisir sa voie.

Loris Biondi
Hugo Girard
Guillaume Truillet