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Au coeur du meeting de Marine Le Pen à Nice
Marine Le Pen a choisi Nice pour l’un de ses meetings de l’entre-deux tours le jeudi 27 avril. Entre un public conquis, des insultes envers Macron et une manifestation anti-fa, Buzzles vous livre son compte-rendu du meeting.
Ce jeudi 27 avril, Marine Le Pen se tenait face au public niçois au Palais Nikaia à Nice pour l’un de ses deux meetings de l’entre-deux tours. Le choix était stratégique : récupérer les voix pour Fillon dans cette ville sensible à l’émigration par sa frontière italienne et à la sécurité par l’attentat du 14 juillet. Ayant récolté 25,38 % dans la ville azuréenne, Marine Le Pen a été accueillie comme une femme providentielle. Drapeaux tricolores, bracelets lumineux, pancartes « Choisir la France », les 4000 partisans ont exprimé leur enthousiasme patriotique de toutes les manières possibles. « On est chez nous » et « Macron on t’enc**e » résonnaient dans la salle. Un avantage pour la candidate qui permet de renforcer l’engouement frontiste dans une région PACA presque totalement conquise. La stratégie de l’entre-deux tours est plus simple. Une scène épurée au fond bleu, seul le nom Marine est inscrit et projeté sur les rideaux et jamais « Le Pen » n’est prononcé pour dédiaboliser le parti.
Plus de 4000 personnes était rassemblés au Palais Nikaia, pour soutenir Marine Le Pen qui est toujours donnée perdante par les sondages. Crédit photo Xavier Bertrand
Ces militants retraités votent Marine le Pen. Néanmoins, pour le premier tour 27 % des retraités ont voté Emmanuel macron. Crédit Xavier Bertrand
Donnée perdante par les sondages avec 39% des intentions de vote face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen est passée à l’offensive en s’attaquant au candidat d’En Marche. « Emmanuel Macron est un banquier d’affaires. Il a le caractère pour cela, l’insensibilité qu’il faut à ce métier. Cette capacité à prendre des décisions dans le seul objectif du profit, de l’accumulation d’argent, sans aucune préoccupation pour les conséquences humaines de ses décisions. ». Elle s’est également attaquée au programme de l’ancien banquier en l’accusant de vouloir mener « une guerre contre les travailleurs » et de faire passer par ordonnances des « lois El Khomri puissance 1000 ». Marine Le Pen a surtout souligné l’opposition de « deux visions du monde » qui la sépare d’Emmanuel Macron. Selon elle, il incarne « un projet mondialiste, oligarchique immigrationniste, individualiste et ultra-européiste ». La frontiste s’est posée en « candidate du souverainisme, celle du peuple qui protégera tous les Français contre la mondialisation sauvage et l’immigration dérégulée ».
Séduire les électeurs de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon
En terre profondément ancrée à droite, Marine Le Pen a lancé un appel du pied aux électeurs de François Fillon. Elle a dénoncé la « trahison » du candidat Les Républicains qui a appelé à voter Emmanuel Macron alors qu’il le qualifiait « d’Emmanuel Hollande ». Christian Estrosi, président de la région PACA, a lui aussi subi les foudres de la candidate frontiste. « Rien d’étonnant que l’ancien conseiller et ministre de l’Économie de François Hollande ait pour soutiens emblématiques des personnalités aussi diverses que Daniel Cohn-Bendit, Laurence Parisot, l’ancienne patronne du Medef, les islamistes de l’UOIF, le président de la Commission européenne, bien sûr les patrons de presse, mais aussi Robert Hue, Manuel Valls… ou Christian Estrosi.”. Ce dernier nom cité, le public n’a pas hésité à huer l’ancien maire de Nice jusqu’à scander « Estrosi, démission ! ».
Marine Le Pen a également tendu les mains aux « Insoumis ». La candidate d’extrême-droite a indiqué qu’il existait « une variable qui ne compte plus : celle de la vie des hommes » en référence au programme humaniste de Jean-Luc Mélenchon et à son slogan de 2012 « L’humain d’abord ». Elle a également fait allusion au « dégagisme » de l’ancien sénateur en appelant son public à « congédiez les aboyeurs d’un système qui n’a pour seul objectif que de survivre » avant de de dire : « Je dis aux Français : dégagez-les !».
Une présence qui ne fait pas l’unanimité
Manifestation contre le Front national, sous sécurité policière importante. Crédit Xavier Bertrand
Banderole antifa : crédit photo Loris Biondi
Une manifestation désordonnée à une centaine de mètres du Palais Nikaia se tenait face au meeting. Ce rassemblement prévu un peu plus tôt dans la journée regroupait une cinquantaine de personnes dont la majorité était des étudiants. Pour eux, être présents pour lutter contre le parti qu’ils qualifient de fasciste était quelque chose de très important. Tous étaient là pour une seule chose : lutter contre le Front national. Pour exprimer leur mécontentement, des chants tels que « Première, deuxième troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés » étaient repris par l’ensemble des manifestants. Mais, cette manifestation créée dans une temporalité moindre n’aura pas eu les résultats qu’elle attendait. La cinquantaine de manifestants protégée par un cordon de policiers n’aura pu faire entendre ses idées que légèrement avant de se disperser dans l’indifférence la plus totale. Une manifestation sans débordement ni dégât donc, qui n’aura pas atteint les attentes voulues.
Marine Le Pen s’est rendu à Villepinte ce lundi en pleine fête du travail. Elle a partagé son discours avec Nicolas Dupont-Aignan, désormais soutien de la candidate du Front national. Cette dernière a d’ailleurs annoncé que le président du parti Debout la France serait son premier ministre si elle était élue. Emmanuel Macron et Marine Le Pen seront réunis pour le traditionnel débat d’entre-deux tours le mercredi 3 mai avant le second tour, dimanche 7 mai.
Xavier Bertrand
Loris Biondi
Roberto Garçon
Marvin Guglielminetti
Louis Verdoux