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Esperanza, l’humour pour décrire l’actualité
Mardi 7 mars avait lieu une représentation publique d’Esperanza au Théâtre national de Nice. Cette pièce de théâtre est écrite par Aziz Chouaki, et mise en scène par Hovnatan Avédikian. Une pièce d’actualité, puisqu’elle raconte le périple de migrants africains qui cherchent à rejoindre l’Europe.
L’une des premières représentations au TNN de la pièce de théâtre Esperanza se déroulait le mardi 7 mars. Le texte écrit par Aziz Chouaki, témoigne de la difficulté des migrants à rejoindre l’Europe. Avant de jouer son spectacle devant le public niçois, la troupe, composée de neuf comédiens, s’était déjà déplacée dans des prisons et des quartiers populaires, où la pièce avait fait l’unanimité.
Provoquer le rire avec des références artistiques
Esperanza n’insiste pas uniquement sur l’enfer vécu par ceux qui cherchent à rallier l’Europe. Au contraire même. Pour mieux faire passer un message en apparence sinistre, la pièce utilise l’humour et la dérision. Un choix audacieux, mais important selon le metteur en scène, qui déclarait après la représentation, que l’auteur « pensait qu’il s’agissait du meilleur moyen d’aborder et de faire comprendre un sujet aussi difficile que celui-ci ».
Et quoi de mieux que des références pour faire sourire les spectateurs. D’abord, des références culturelles avec plusieurs classiques détournés. Ainsi, la célèbre image du film « Titanic » avec Leonardo Di Caprio et Kate Winslet est reprise par deux protagonistes. Autre œuvre cinématographique reprise dans la pièce, celle de la baleine de Moby Dick dans Pinocchio. Une baleine qui s’avèrera finalement être… un dauphin. Une mouette présente aux côtés du dauphin, donna à Kader l’idée d’imaginer un scénario de film intitulé « Flipper et la Mouette », référence à la série animée « Flipper et Lopaka ».
Outre les références au septième art, des classiques musicaux sont eux aussi présents dans la pièce. Les fameux « Pirouette cacahuète », « Il était un petit navire » ou encore « Tourne, tourne, petit moulin » sont réadaptés par les passagers de Lampedusa, pour continuer à évoquer leur malheur avec une pointe d’humour. Des classiques également, avec une réadaptation à leur goût, de « Strangers in the Night ». Enfin, pour sensibiliser les adolescents, quoi de mieux que de faire des références au rappeur Jul, l’artiste marseillais très en vogue chez les jeunes, avec une reprise… à leur goût de la chanson Tchikita.
L’humour noir pour rappeler la réalité
Dans un contexte où il est parfois difficile de rire des religions, les neuf comédiens jouent de cela tout au long du spectacle. Aucune religion n’est épargnée. Pour susciter le rire chez les spectateurs, la troupe n’hésite pas à sortir des blagues au milieu de moments en apparence dramatiques. Ainsi, après un moment de flottement entre les passagers du bateau, quand l’un d’eux déclare : « Il ne faut pas mettre la charria avant l’hébreu », c’est toute la salle qui rigole.
La pièce n’oublie pas de transmettre la gravité de la situation, que ce soit à propos des conditions de vie sur le continent africain ou de la difficulté de la traversée des migrants. Pour cela, l’humour et l’autodérision sont leur arme principale. Le Nigérien, Boualem, décrit ainsi son pays grâce à des blagues sur les policiers corrompus ou les dictateurs. Il ironise même sur deux sujets sensibles, en évoquant le fait que, « de toute manière, le SIDA tue autant que les islamistes » en Afrique.
Pour conclure la pièce, Aziz Chouaki n’a cependant pas fait le choix de l’humour. Pour rappeler que le sujet reste sensible, et souvent tragique, les dernières minutes de la représentation sont moroses, la mort d’un des passagers arrive soudainement pour rappeler la triste réalité des choses aux spectateurs.
Loris Biondi
Hugo Girard