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A Nice, une épicerie sociale et solidaire pour les personnes précaires
Trois fois par semaine, l’épicerie sociale du Forum Jorge François ouvre ses portes aux personnes dans le besoin. De nombreux produits à des prix modiques.
Munis de leurs sacs cabas, les bénéficiaires attendent l’ouverture matinale de leur épicerie sociale, rue de Cronstadt à Nice. « Tu es renouvelée quand toi ? » lance Michel, bénéficiaire depuis 10 mois, à Isabelle, qui vient ici depuis bientôt un an. « Dans quelques mois, mais aujourd’hui il me reste 3 euros » lui répond-elle. Car ici, on ne fait pas ses courses comme dans les autres supérettes du quartier. Située au sein du Forum Jorge François, l’épicerie accueille trois fois par semaine les personnes en situation sociale et économique précaire pour leur permettre de se nourrir correctement. A l’intérieur, une salle aménagée pour le concept. Cagettes de fruits, frigos et produits frais, étalages de bouteilles d’huile et de sachets de pâtes : tout est installé comme dans n’importe quel supermarché. A un détail près : le prix sur les étiquettes. Entre deux allers-retours dans la réserve, Laurent Delpiano, responsable de l’épicerie sociale, fait une pause pour détailler le faible prix des produits : « ici les gens font les courses, mais pour moins cher. Les prix équivalent à environ 15 % des prix qu’on trouve en magasin. Un paquet de pâtes leur coûtera 15 centimes ». Il ajoute : « le but, c’est que dans une limite d’argent et de temps les gens doivent gérer le budget et acheter ce qu’ils veulent ». Un budget de 15 euros à gérer par adulte est alloué chaque mois aux bénéficiaires. L’entrée dans l’épicerie se fait sous critères de ressources et de situation et se renouvelle tous les 3 mois.

Tous les produits sont placés et installés dans une salle aménagée. Crédit photo : Roberto Garçon
« En payant on a l’impression d’être comme tout le monde »
Pour faire leurs courses, les bénéficiaires passent chacun leur tour. Diable en main, Michel, 60 ans, attend de passer. La boutique « le sauve ». N’ayant que 160 euros par mois pour s’alimenter et vivre, Michel fait 80 % de ses courses, ici, à l’épicerie. Ce qui fait la différence avec les autres systèmes de distribution alimentaire, c’est d’avoir le choix. « Par exemple les Restos du cœur, ils ne prennent pas tout le monde. Sans le RSA, on ne peut pas y aller. » intervient Isabelle, 53 ans, un peu plus loin dans la queue. « Vous pouvez choisir ce que vous voulez manger, même si ce n’est que 3 euros par semaine. » ajoute-t-elle. Vivant avec 1,60 euro par jour et en situation d’invalidité, pour elle « en payant, on a l’impression d’être comme tout le monde ». Bien que la situation soit très difficile pour chacun, ce n’est pas un esprit morose qui règne dans l’épicerie mais bien une ambiance joviale qu’on retrouve à travers les mots et gestes partagés entre bénéficiaires et bénévoles. « De temps en temps des repas sont organisés, on fête les anniversaires, ça nous permet de garder une vie de communauté » confie Isabelle.

Le prix de base du produit est à côté du prix coûtant pour le bénéficiaire. Crédit photo : Roberto Garçon
« L’épicerie sociale doit être un passage »
Chez les clients, on ne retrouve que des habitués. Le concept l’impose. Et pour s’inscrire, il faut passer par Lydia, bénévole depuis la création de l’épicerie en 2014. En train de courir à droite et à gauche pour régler des détails, elle est « le repère social pour les personnes qui viennent ici ». Désormais à la retraite, elle traite les demandes pour intégrer l’épicerie, dans son petit bureau à côté de la caisse. Mais son travail ne s’arrête pas là. « J’essaye d’accompagner un maximum les gens vers une meilleure sortie, l’épicerie sociale doit être un passage » affirme Lydia. Martin Pourbaix vient faire un tour pour saluer les habitués et les bénévoles. Il est le responsable de la structure qui comporte l’épicerie, une friperie, un restaurant solidaire et des salles de spectacle. Un jeune homme souriant passe pour lui dire bonjour. Il s’agit de Tony. Âgé de 35 ans, bien luné, il était d’abord venu en tant que bénéficiaire et aide désormais en tant que serveur dans le restaurant solidaire, conjoint à l’épicerie. Car si tout fonctionne dans la boutique, c’est grâce à la coopération et l’élan de solidarité que partagent les intervenants. Certains bénéficiaires sont devenus bénévoles et tout le monde essaie de donner un coup de main pour la communauté.
Roberto Garçon