Rohingya : entravées par la Birmanie, les ONG peinent à leur venir en aide

Alors que les Rohingya fuient par milliers la Birmanie, les ONG comme Solidarités International s’activent pour leur venir en aide malgré les limites imposées par l’Etat birman.

La minorité rohingya est visée par une répression sanglante menée par la Birmanie. Fuyant par milliers, ils tentent de rallier les camps de réfugiés au Bangladesh. Christophe Vavasseur, responsable géographique pour l’Asie au siège de Solidarités International, s’est exprimé sur la situation dramatique de cette minorité persécutée et les difficultés pour intervenir.

Quelle est la situation actuelle des Rohingya ?


La situation dans le nord de l’Etat de l’Arakan est extrêmement inquiétante et a provoqué une résurgence d’actes de violences à l’encontre de la minorité rohingya, sans doute, selon l’ONU, l’une des minorités
les plus opprimées  au monde. Depuis un an, l’armée birmane mène des représailles disproportionnées envers les populations civiles suite à des attaques sur des postes-frontières en octobre 2016. De plus, la fermeture de la région par les autorités empêche les acteurs humanitaires de répondre aux besoins vitaux et urgents de dizaines de milliers de personnes.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les ONG ?


L’accès aux victimes dans le nord de l’Etat de l’Arakan est entravé pour les ONG. Sans cet accès, la situation s’envenime pour les victimes de ce conflit, une population civile sans aucune protection et dépendant de l’aide humanitaire pour survivre. Seules nos équipes nationales peuvent accéder, sous réserves d’autorisation des autorités militaires, à des camps de déplacés situés non loin de la zone des plus fortes tensions.

Comment faites-vous pour aider les Rohingya alors que la Birmanie restreint l’accès aux ONG ?

Depuis les actes de violence de 2012, quelques 450 000 Rohingya sont dans des camps dans l’Etat de l’Arakan central où l’accès est entravé mais possible à force de patience et de détermination. C’est dans l’Etat d’Arakan nord que l’accès est le plus restreint. Nous avons un programme dans cette zone et seuls nos employés nationaux sont autorisés à y entrer, ce qui nous permet de délivrer une aide. De plus, des dizaines de milliers de Rohingya ont réussi à fuir vers le Bangladesh voisin où nos équipes parviennent à leur fournir une aide d’urgence à leur entrée sur ce territoire. Et lorsque nous sommes empêchés d’agir, nous essayons alors de parler. Ceci se fait sous la forme de sensibilisation à la problématique à travers les médias ou d’activités  de plaidoyer par exemple auprès des autorités du pays ou des diplomates.


Comment arrêter cette spirale infernale dans laquelle sont enfermés les Rohingya ?

Malgré les nombreux rapports d’organisations des droits de l’homme (Amnesty International, Human Rights Watch, Fortify Rights, etc), la lettre ouverte d’anciens Prix Nobel de la Paix, et la pression de la diplomatie internationale, seule la fuite de documents produits clandestinement ou détournés de leur destination initiale permet de rompre le déni des autorités birmanes qui prévalait jusqu’alors. Il est donc indispensable que les efforts de tous, acteurs humanitaires, bailleurs de fonds, diplomates, permettent d’éviter que la situation perdure et s’envenime.

Quelles sont les actions menées par Solidarités International pour aider les Rohingya ?

Depuis octobre 2012, Solidarités International  mène des actions en matière d’eau, hygiène et assainissement dans les camps les plus peuplés et villages d’accueil affectés de la capitale du Rakhine, Sittwe, mais aussi dans les camps et villages isolés des communes de Pauktaw et Rathedaung. Pour répondre à l’urgence, Solidarités International a notamment mis en place une opération majeure d’approvisionnement en eau par bateau, pour permettre aux populations déplacées d’avoir accès à de l’eau potable en saison sèche.

Hafça El Moussaoui
Marvin Guglielminetti