Ce qu’il faut savoir sur le procès Merah

Le procès d’Abdelkader Merah et de Fettah Malki touche à sa fin. Le verdict est attendu ce jeudi. Buzzles fait le point sur quatre semaines de procès et une affaire qui a traumatisé le pays cinq ans auparavant.

Les faits

En mars 2012, une série d’attentats est commise par le Franco-algérien Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban. Sept victimes sont à déplorer : trois militaires et quatre civils, dont trois enfants d’une école juive. Alors retranché dans son appartement, Mohammed Merah perd la vie le 22 mars 2012 lors de l’assaut donné par les policiers du RAID. Les tueries ont été revendiquées par l’organisation Jund al-Kilafah, affiliée à Al-Qaïda. Dans le cadre de l’enquête sur les complicités du terroriste, trois personnes sont mises en examen : Abdelkader Merah, frère du tueur, Fettah Malki, et Mohamed Mounir Meskine. Présent lors du vol du scooter, Meskine est devenu simple témoin sur le procès.

Les chefs d’inculpation

Se tient depuis le 2 octobre 2017 le procès de Abdelkader Merah et Fettah Malki. Abdelkader Merah est entendu pour « complicité des attentats terroristes ».  Fettah Malki est poursuivi pour « association de malfaiteurs terroristes », « recel de vol », « acquisition, détention et cession illicites d’armes de 1ère ou 4ème catégorie ». Fettah Malki encourt vingt ans de prison et le frère du tueur risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Les accusés

Abdelkader Merah nie toute « allégeance à qui que ce soit » mais précise ne reconnaître que « les lois de l’islam » et non celles « forgées par l’homme ». Abdelkader a affirmé bien mieux connaître l’islam que son frère, évaluant sa propre connaissance de la religion à « 11 sur une échelle de 0 à 12 ». Selon Me. Simon Cohen, représentant de la majorité des 300 parties civiles, Abdelkader « était là tout le temps comme s’il lui tenait la main. Il a trouvé un disciple et en a fait un soldat ». Il a ajouté que « Mohammed Merah était fort parce qu’il n’était pas seul. Abdelkader était devenu son modèle ». Me. Olivier Morice, avocat d’un des militaires assassinés, a dit « Mohammed Merah était inspiré par le penseur, le sachant, son mentor : son frère ». Le frère était présent au moment où Mohammed a volé le scooter, qu’il a utilisé pendant les tueries. Il a également acheté le blouson qu’il portait durant les attentats.  Pour se justifier de l’avoir suivi en voiture, il affirme que c’était pour ne s’assurer qu’aucun « justicier » ne le poursuive. Il a aussi reconnu le vol du scooter mais continue à clamer son innocence : « Oui, j’ai volé le scooter qui a servi à tuer, mais j’ignorais les projets meurtriers de mon frère ». De plus le frère du tueur avait enregistré sur son iPod 17 fichiers audio en arabe littéraire qui donne des recommandations pour être djihadiste.

Agé de 34 ans, Fettah Malki est lui l’oublié de ce procès. Surnommé « le deuxième homme qui n’intéresse personne » par Marianne, il a fourni un gilet pare-balles, des munitions et un pistolet-mitrailleur à Mohammed Merah. Ayant changé de nombreuses fois sa version des faits, il affirme être un « délinquant » et non un terroriste. Connu comme « le commercial » aux Izards, Fettah Malki savait que Merah était « entre guillemets religieux » mais qu’il ignorait totalement son ambition terroriste. Le pistolet mitrailleur, qui a servi à tuer Jonathan Sandler, ses deux enfants et la fille du directeur de l’école juive, a été caché dans le jardin de Christelle C., ancienne compagne de Fettah Malki.

Après quatre semaine de procès et de débats, peu d’éléments de réponse ont été trouvés. Les magistrats devraient délivrer le verdict ce jeudi.

Roberto Garçon