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LES DIX TRAVAUX DE RINER
Samedi 11 novembre 2017, Teddy Riner est un peu plus entré dans la légende du judo et du sport français en remportant à Marrakech un 10ème titre de champion du monde après une nouvelle journée magistralement menée. La rédaction de Buzzles a décidé de lui rendre hommage en revenant sur ces 10 titres, qui font de lui l’égal des plus grands.
C’est une nouvelle page de son histoire qu’a écrit Teddy Riner au Maroc. En décrochant un nouveau titre, le colosse français est devenu décuple champion du monde, une decima jamais, ou presque, réalisée auparavant dans le sport français. En effet, il est le premier à le faire dans une seule et même discipline. Antoine Albeau (23 titres en planche à voile), Patrice Martin (12 en ski nautique) et Martin Fourcade (10 en biathlon) l’ont fait, eux, sur plusieurs épreuves. Retour en détails sur 10 ans de gloire et de victoires.
2007 : Rio, terre de première
En 2007, au Brésil, Teddy Riner arrive en outsider pour son premier Championnat du monde sénior. Du haut de ses 18 ans, il impressionne déjà après avoir conquis des titres juniors, et surtout être devenu champion d’Europe quelques mois plus tôt. Et au terme d’une journée folle où il écarte un à un les meilleurs de la discipline, il monte sur le toit du monde en battant en finale le Russe Tamerlan Tmenov et devient ainsi dix ans après son compatriote David Douillet le plus jeune champion du monde de l’histoire. Ce succès marque le début du règne de Teddy Riner.
2008 : la confirmation
En cette année olympique où Teddy Riner connaîtra l’un des seuls échecs de sa carrière après avoir « seulement » décroché la médaille de bronze aux JO de Pékin, il se présente aux Championnats du monde avec une envie de revanche et le souhait de conserver son titre qui plus est à domicile, du côté de Levallois-Perret. A 19 ans, il affirme déjà ses ambitions et se montre largement à son avantage sur chacun de ses combats. Porté par ses supporters, il ne tremble pas et domine au jeu des pénalités le Russe Mikhaylin pour s’offrir une seconde couronne mondiale et effacer la déception olympique.
2009 : Les Mondiaux et c’est tout
Teddy Riner arrive à Rotterdam pour ces Mondiaux 2009, avec peu de repères. Malgré un succès pour la deuxième année consécutive au Tournoi de Paris (l’équivalent d’un Masters 1000 au tennis), il fait d’abord l’impasse sur les Championnats de France puis déclare forfait pour les Championnats d’Europe après une blessure à l’entrainement. Ainsi pour la première fois, il se présente sans grandes certitudes dans la défense de son titre avec des adversaires bien déterminés à enfin le faire chuter. Mais une nouvelle fois, il fait preuve d’une incroyable maturité et d’un grand courage. Même il se retrouve bien aidé par un tirage au sort favorable qui voit s’affronter ses principaux adversaires dans une autre partie de tableau, il fait abstraction des conditions et atteint donc sans soucis la finale en écartant notamment le champion d’Europe estonien Martin Padar avant de disposer, pour le titre, du Cubain Oscar Brayson aux pénalités. Il devient ainsi triple champion du monde et rejoint les grands de son sport tels que les Japonais Koga, Inoue ou encore Ebinuma.
2010 : Quatre, mais pas 5 !
A l’image de cette saison 2017, cette année-là sont disputés deux Championnats du monde. Le premier en septembre, a une saveur particulière pour Riner puisqu’il se dispute du côté de Tokyo, au Japon, véritable terre de judo. Après une étape de Coupe du monde remportée à Lisbonne quelques semaines plus tôt, le Français se présente en numéro 1 mondial et avec le statut d’immense favori. Cela se confirme rapidement avec un parcours parfait pour ses quatre premiers tours, tous conclus par ippon. Il connaitra tout de même quelques difficultés en demi puis en finale, mais à l’expérience il s’en sort au golden score face au local Takahashi puis contre l’Allemand Andreas Tölzer. Avec ce succès il rentre un peu plus dans l’histoire en égalant les Nippons Ogawa, Fujii et Yamashita, mais surtout son compatriote David Douillet avec 4 sacres mondiaux.
Quelques jours plus tard, Teddy Riner est en mission pour conquérir un 5ème titre mondial, ce qui ferait de lui le premier à atteindre cette performance. En grande confiance après son titre précédemment acquis, il se hisse sans trembler en finale où il rencontre à domicile le Japonais Daiki Kamikawa. Mais au terme d’un combat jugé par beaucoup litigieux au niveau de l’arbitrage, ce dernier inflige au Français sa première défaite depuis les JO de Pékin, et le prive donc d’un cinquième titre historique. Cet échec reste à ce jour comme le dernier de Riner, soit 7 ans d’invincibilité et 144 combats.
2011 : L’exploit à la maison
Après 2008, il dispute un second Championnat du monde à domicile, cette fois au Palais des Sports de Paris-Bercy. Désireux d’écrire l’histoire devant les siens, il se montre ce jour-là imbattable. Il écarte d’abord le Brésilien Hernandes puis l’Allemand Robert Zimmermann, le Mongol Batsuuri Namsraijav et le Hongrois Bor avant de se qualifier pour la finale aux dépens du Sud-Coréen Sung-Min. A chaque fois au terme de combats expédiés sur ippon. Mais surtout, il récidive en finale face à un autre Allemand, Tölzer, déjà battu à Tokyo l’année précédente. Cette fois Teddy Riner entre définitivement dans l’histoire, en étant le premier quintuple champion du monde de judo.
2013 : le jour d’après
L’année d’avant Riner remporte enfin les Jeux Olympiques. Après l’échec de 2008, à Londres il ne laisse pas passer sa chance et triomphe magistralement pour s’offrir le seul titre qui manquait à son palmarès. Il aborde donc l’année 2013 avec moins de pression que par le passé et remporte logiquement son troisième titre européen à Budapest. Cependant, il se retrouve très rapidement diminué par plusieurs blessures. D’abord une pubalgie au printemps, puis un problème à l’épaule au cœur de l’été complique sa préparation pour les mondiaux de Rio. Ainsi, Rafael Silva, numéro 1 mondial et à domicile, y voit l’occasion unique de s’emparer du titre. Les deux champions placés dans des parties de tableau opposées se défont sans soucis de leurs adversaires et se retrouvent logiquement en finale. Dans une salle tout acquis à sa cause, le Brésilien bouscule durant 2 minutes le Français, mais sur un coup d’éclat comme il sait si bien le faire, Riner renverse son adversaire sur immobilisation et exulte après ce sixième succès international.
2014/2015 : même combat
Il semble difficile de démarquer les Mondiaux 2014 de ceux de 2015. En effet le Guadeloupéen débute chacune de ces deux compétitions dans la peau de l’immense favori tandis que ses adversaires les abordent avec l’espoir d’aller chercher l’argent et éviter l’humiliation. En Russie d’abord à Tchelyabinsk, il réalise un début de compétition quasi parfait. Après 3 combats, il n’a passé que 2 minutes et 48 secondes sur le tatami et aborde la demi-finale avec le plein de fraicheur. Sur ces deux derniers combats, il ne fait guère moins bien, en écartant le Brésilien Silva en demies puis le Japonais Shichinoe en finale, après trois pénalités pour Shichinoe.
L’année d’après, à Astana au Kazakhstan, il fait aussi bien ou presque. Et ce, malgré son absence de près de six mois après plusieurs blessures au bras et au pied. Il remporte l’intégralité de ses combats par ippon et expédie une nouvelle fois en finale le Japonais Shichinoe devenu l’adversaire privilégié de Riner dans les grands rendez-vous internationaux. Le Français devient ainsi sept puis huit fois champion du monde, record absolu hommes et femmes confondus.
2017 : dix ans après
Comme en 2010, Teddy Riner a donc l’occasion de conquérir deux couronnes mondiales avec les Championnats du monde toutes catégories. Cette saison 2017 marque une véritable décompression dans la carrière du Français. Il a déjà tout gagné et devenu double champion olympique à Rio en 2016. Il ne dispute ainsi aucun combat entre la finale des J.O. le 12 août 2016 et les Mondiaux de septembre à Budapest, soit plus d’un an loin des tatamis. Cette absence le place ainsi au 14ème rang mondial et le prive pour la première fois de sa carrière du statut de tête de série. Il n’en reste pas moins qu’il démarre parfaitement sa compétition hongroise en remportant tous ses combats sur ippon jusqu’à la demi-finale. Cependant le manque de préparation se faire ressentir sur ces deux derniers combats. En demi-finale il passe près de la défaite face au Géorgien Tushishvili, mais s’impose laborieusement au golden score avant de disposer en finale du Brésilien David Moura également au terme de la prolongation. Ce succès, le 134ème de suite, lui offre donc l’occasion d’aller chercher un dixième titre mondial au Maroc. Cette 10ème couronne, qui ne lui échappe donc pas ce samedi 11 novembre 2017 à Marrakech, le fait entrer un peu plus dans le panthéon du sport mondial.
Raphaël Redon