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Le tennis devient fou !
Alors que la saison 2017 de tennis masculin connaitra son épilogue dans les prochains jours, l’ATP s’active pour proposer des règles qui bouleverseront fondamentalement la discipline si elles sont appliquées.
Une douce folie s’est emparée du circuit professionnel de tennis masculin en 2017. Dès janvier, le « Maître » Roger Federer posait les bases d’une saison qui restera dans les annales. De retour à la compétition après une pause de six mois pour se refaire une santé, le Suisse est entré un peu plus dans l’histoire de son sport en remportant à l’Open d’Australie son 18e titre du Grand Chelem.
Personne, pas même l’intéressé, n’aurait imaginé que Roger Federer remporterait un nouveau tournoi majeur aussi rapidement. Les mois suivants ont confirmé le grand retour du champion, vainqueur des Masters 1000 d’Indian Wells, Miami, Montréal, Shanghaï et surtout du Grand Chelem de Wimbledon. Exceptionnel, pour un joueur qui était retombé au 17e rang mondial en janvier.
Federer-Nadal, rivalité retrouvée
Sur le chemin de la renaissance, Roger Federer a entraîné son plus grand rival Rafaël Nadal. A l’instar de Federer, l’Espagnol avait mis fin prématurément à sa saison 2016. Un an plus tard, le natif de Majorque se retrouve sur le toit du monde avec une place de n°1 mondial et deux nouveaux titres en Grand Chelem (le 10e à Roland Garros, le 3e à l’US Open). Surtout, la rivalité entre Nadal et Federer a pris un nouveau tournant puisque le premier nommé, jadis bête noire du second, a été dominé par le Suisse lors de leurs quatre affrontements de l’année. De par son imprédictible scénario et une qualité de jeu approchant parfois la perfection des deux côtés du filet, celui de janvier en finale de l’Open d’Australie a donné des frissons à tous les amateurs de balle jaune…
Des surprises en cascade
2017, c’est aussi l’année des surprises. Sans doute les exploits des revenants Federer et Nadal auront inspiré leurs collègues. Alexander Zverev, Sam Querrey, Jack Sock, Filip Krajinovic, Julien Benneteau, Denis Shapovalov, Juan Martin Del Potro, Gilles Muller, Grigor Dimitrov, Kevin Anderson… Tous ont à un moment donné réalisé un parcours d’exception dans un grand rendez-vous.
Si l’on devait résumer l’année tennistique en un mot, « spectaculaire » conviendrait parfaitement. Mais alors que 2018 s’annonce de la même trempe avec le retour notamment de Novak Djokovic ou encore d’Andy Murray, voilà que l’ATP pourrait révolutionner le tennis en modifiant des règles fondamentales de la discipline. Certaines d’entre elles ont même été testées du 7 au 11 novembre à l’occasion du « Masters Next Gen », une nouvelle épreuve rassemblant huit espoirs du tennis mondial de moins de 21 ans.
Le tennis du futur ?
Des matchs en trois manches de 4 jeux, la fin du « let » au service, l’instauration du « no-ad » (point décisif si le score est de 40-40 dans un jeu pour déterminer le vainqueur du jeu), l’arbitrage « humain » délaissé au profit de la technologie « Hawk-Eye » pour détecter les balles fautes, la permission pour les joueurs d’être coachés en plein match, la mise en place d’un chronomètre pour limiter à 25’’ le délai entre deux points… Toutes ces règles pourraient voir le jour dans un futur proche.
Que penser de ces nouvelles mesures ? L’idée du chronomètre, par exemple, permettrait que soit enfin respecté un délai maximum de 25’’ entre deux points. Cela dit, la mesure réduirait les temps de récupération des joueurs. L’adopter à une période où les blessures se succèdent au plus haut niveau pourrait avoir des conséquences sur les organismes…
L’arbitrage technologique, lui, serait plus fiable que « l’humain »… mais devrait faire grincer quelques dents du côté des arbitres et juges de lignes. Quant au « no-let », pourquoi pas ? Cela ne se produirait que ponctuellement et donnerait lieu à quelques points spectaculaires.
Pour le reste, le jeu se retrouverait bouleversé. Il y a fort à parier que les meilleurs serveurs seront avantagés par un format en 4 jeux puisqu’il serait plus dur de rattraper son retard après avoir perdu son service. On pourrait déplorer la suppression des « avantages-égalités » qui marquerait la fin de certains moments clés où la tension amène les joueurs à se dépasser, ce qui favorise le spectacle.
Quant au coaching, son interdiction obligeait les joueurs à trouver par eux-mêmes les failles dans le jeu de leurs adversaires. L’intelligence de jeu et l’adaptation en cours de match, des principes de base au tennis, seront probablement remis en question par cette innovation.
Surtout, on peut se demander si le tennis a vraiment besoin de ces changements. La demande des spectateurs pour assister aux grands rendez-vous de la discipline ne décroit pas si l’on s’en réfère aux taux d’affluence dans les Grands Chelems. Et les joueurs n’ont pas été avares en spectacle en 2017. A vouloir révolutionner une discipline qui aujourd’hui se porte bien, l’ATP n’a-t-elle pas plus à y perdre qu’à y gagner ?
Hugo SCHERRER