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Au Handball des Collines, le hand fauteuil prend ses marques
Depuis début septembre, une nouveauté a fait son apparition au sein du Handball des Collines (HBDC). Sous l’impulsion du président du club, David Venturelli, et de bénévoles motivés, une section hand fauteuil a été ouverte cette saison. Après quelques semaines d’entraînements, la séance du samedi matin compte déjà ses habitués et espère attirer encore davantage de curieux.
Au gymnase du Bois-de-Saint-Jaume, situé près du collège du Rouret – une commune à proximité de Biot et d’Opio-, le tableau d’affichage indique 11h30. En ce samedi matin de novembre, les plus petits du Handball des Collines (âgés de 2 à 5 ans) viennent tout juste de terminer leur entraînement. Même si la grande majorité de ces débutants quittent la salle, Valentine, 6 ans, et sa copine Dorine restent sur le terrain. Elles vont participer à la séance de hand fauteuil qui mélange petits et grands, handicapés et valides, sans distinction.
« Un peu sur un coup de tête »
En octobre 2016, au cours d’un repas avec son ami Franck, David Venturelli commence à imaginer une section hand fauteuil pour son club. L’idée, lancée « un peu sur un coup de tête », fait son chemin. Comptable de profession, le président du HBDC ne laisse rien au hasard : « On ne voulait pas faire les choses à moitié, explique David Venturelli. On a décidé d’acheter directement quatorze fauteuils, comme ça on peut faire deux équipes et jouer directement, puisque chaque équipe se compose de six joueurs. On a même deux fauteuils en plus pour les remplaçants. » L’investissement a coûté près de 20 000 € au club, financés par les sponsors, des subventions du Conseil Général des Alpes-Maritimes et surtout par les actions organisées par le HBDC.
« Lotos, stages pour les enfants… On fait des démonstrations, on tient un stand lors des fêtes de village, on distribue des tracts… On essaie de gagner un peu d’argent tout en se faisant connaître. Aujourd’hui, l’investissement est déjà amorti à 70 % », se félicite David Venturelli. Même avec peu de subventions municipales (2 800 €, soit 3 % du budget total du club) de la part des communes alentours (Le Bar-sur-Loup, Opio, Châteauneuf-Grasse, Roquefort-les-Pins et Le Rouret), David a réussi à faire évoluer sa structure grâce à un groupe de bénévoles impliqués et motivés. Depuis la création du HBDC, en 2009, le nombre de licenciés est passé d’une centaine à 280.
Donner envie aux handicapés
« L’objectif, à terme, c’est bien évidemment d’avoir une équipe uniquement composée d’handicapés », projette David Venturelli. Lancée depuis septembre, la section hand fauteuil compte chaque samedi matin une quinzaine de participants. Parmi eux, six handicapés côtoient des joueurs issus de toutes les catégories du HBDC. « En fait, il suffit de donner envie aux handicapés. On essaie d’en faire venir du centre hélio-marin de Vallauris [centre de rééducation basé sur les bienfaits de l’eau et de la mer, ndlr]. Il suffit de leur faire découvrir », affirme Aurore, la compagne de David, qui participe également aux entraînements. Elle a été opérée en 2014 d’une hernie discale thoracique. « J’ai failli être paraplégique. Je ne peux plus courir ni sauter. Je faisais beaucoup de sport, mais maintenant je ne peux presque plus en faire. Heureusement, il y a le hand fauteuil, c’est vraiment agréable. »

Les séances de hand fauteuil du HBDC réunissent des joueurs de tous les âges, handicapés comme valides (crédit photo : D.R.)
Parents, enfants et même coachs se mélangent sur le terrain, dans une ambiance « excellente », affirme Jean-Paul, adhérent aux séances depuis quelques semaines. Sportif hors-pair (en 1982, lors du tout premier triathlon de Nice, il est le premier Français à franchir la ligne d’arrivée), Jean-Paul perd l’usage de ses jambes lors d’un grave accident en montagne. « Quand on ne peut plus utiliser ses jambes, il faut faire du sport et réguler son alimentation, sans quoi on devient vite gras et impotent », indique-t-il. Pas question pour lui de sombrer : Jean-Paul s’est donné « 20 ans pour marcher de nouveau », et sa passion pour le sport est restée intacte.
« Un côté ludique et rigolo »
« Le hand fauteuil ? C’est vraiment pour le plaisir d’en faire », témoigne Mickaël, bénévole du HBDC et présent à la séance. Les fauteuils réglables et adaptés à la discipline offrent en effet des sensations très agréables. La maniabilité, la légèreté et la simplicité d’utilisation du fauteuil permettent une prise en main rapide et un accès à « un handball autre », comme le décrit la coach, Victoire, surnommée « Killah ». Seule salariée du club, Killah gère non seulement les entraînements du hand fauteuil, mais elle apporte également son aide à l’administration, démarche les sponsors, prépare les événements et joue dans l’équipe première du HBDC. « On s’est beaucoup développés grâce à l’emploi », confirme David Venturelli. « Elle apprend très vite et très bien », lance Jean-Paul à l’égard de sa coach, embauchée cette saison.

« Killah », ici de dos, organise les entraînements de hand fauteuil chaque samedi matin (crédit photo : D.R.)
« J’apprends en même temps qu’eux. J’essaie d’utiliser ce que je vois dans le hand et de le transposer pour le hand fauteuil, tout en apprenant les règles spécifiques de la discipline », explique Killah. Habitué à détourner le règlement, Jean-Paul en rigole. « Les règles sont faites pour être transigées, sourit-il. On est d’abord là pour s’amuser. La troisième mi-temps, l’apéro, c’est aussi important. L’endroit est assez exceptionnel, les gens sont gentils et bienveillants », lance-t-il, conquis par ses premières semaines au HBDC. Pour Aurore, en plus de la bonne ambiance, c’est le « côté ludique et rigolo du hand fauteuil qui est vraiment plaisant. Et en plus, on peut jouer avec les enfants ».
Un club précurseur
« On a un sacré retard sur le handibasket. Pour le moment, il n’y a pas de compétitions pour le hand fauteuil, mais tout doucement, les choses sont en train de se mettre en place », se réjouit David Venturelli. Même si d’après son président, le Vence Handball Sport devrait proposer des entraînements réguliers via sa section hand fauteuil dès « début septembre prochain », le Handball des Collines s’affiche comme un précurseur dans le département. À l’heure actuelle, le HBDC est le seul club des Alpes-Maritimes à proposer des séances hebdomadaires avec autant de fauteuils disponibles. Le jeune projet de David Venturelli a de belles années devant lui. Le président se projette déjà : il vise l’organisation d’un premier tournoi de hand fauteuil vers fin mai-début juin 2018, « tout en continuant les démonstrations et initiations ».
Guillaume Truillet