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[PORTRAIT] DJ MB : le jeune qui fait danser Paris
A seulement 20 ans, Mustapha Benguenab – alias DJ MB – est devenu un acteur majeur des nuits parisiennes. De passage pour une soirée privée dans une chic villa sur les hauteurs de Cannes, Buzzles l’a rencontré.
Planqué derrière ses platines, DJ MB assure le show. Il lève les yeux de sa table de mix uniquement pour jauger l’ambiance dans ce cadre sublime. Une villa offrant une vue panoramique sur toute la baie de Cannes. Obnubilé par les quelques trentaines de boutons qui s’allument et s’éteignent sur sa platine, impossible de croiser son regard. Sur la piste, les pas de danse se veulent sobres. A la fin de son set, MB a l’air épuisé. Une gorgée d’eau, et le voilà tout à nous.
Nous nous isolons dans une des pièces de cette magnifique demeure. Il se confie.
Né en 1996 à Colombes en région parisienne, il est fils d’une mère au foyer, et d’un père peintre. « J’ai eu une enfance assez heureuse, je n’ai jamais manqué de rien » se souvient-il.
Il baigne dans le milieu de la musique depuis son tout jeune âge. Véritable autodidacte, il apprend seul à mixer sur une platine. « J’ai commencé par une platine vinyle d’occasion, c’était un peu dur au début mais ça coûtait pas cher donc… », dit-il en s’essuyant le front.
Il mixait des sons qu’il téléchargeait, selon ses mots, « illégalement » tous les soirs quand il rentrait de l’école. Un casque audio vissé sur les oreilles matin, midi et soir lui a valu le surnom de « DJ » chez ses amis. Un pseudonyme qui deviendra plus tard son véritable métier.
Il a arrêté les études après un échec en BTS immobilier, « c’était pas fait pour moi, j’avais plus le temps de toute façon ».
Un succès rapide et inattendu
C’est à l’âge de 17 ans qu’il se fait remarquer sur Internet. Il envoie des maquettes à tous les établissements de nuit de la capitale. Un seul lui répond, le Sanz, un bar branché situé dans le 11ème arrondissement, à deux pas de la Place Bastille. « J’étais excité, je n’avais jamais mixé en public, c’était tout nouveau pour moi. »
Une première qui restera dans sa mémoire puisqu’il « casse la baraque ». Il passe rapidement de remplaçant occasionnel à résident. C’est à cet âge-là qu’il découvre la nuit parisienne et ses excès. « Je me rendais pas compte mais j’étais peut-être trop jeune pour certaines choses. » Des « choses » dont il ne voudra pas nous en dire plus. Il découvre également l’argent. Des soirées très bien rémunérées, « ça peut aller de 400 euros pour 3h à 1500 euros selon l’endroit », dit-il avec un léger rictus.
A seulement 20 ans, il rencontre encore quelques problèmes qui, avec du recul, le font rire : « Parfois je dois batailler pour annoncer au videur que je suis le DJ, ils me croient pas quand je leur dis que je suis le DJ de la soirée. »
Il est légèrement gêné lorsque l’on aborde la question sentimentale. Il est en couple, mais sa compagne serait très jalouse. Compréhensible. Le jeune DJ est assez beau garçon. « Et puis quand t’es derrière tes platines, c’est plus facile d’attirer les regards… ». Il rigole fort.
« Je prends du plaisir, je m’amuse, c’est pas un métier »
Sa famille appréhende encore un peu sa voie professionnelle. Ses parents sont divorcés, il vit toujours chez sa mère, dans un quartier populaire d’Asnières, dans les Hauts-de-Seine. Il l’aide avec les factures, mais elle reste inquiète quant au train de vie que son fils semble prendre. « L’alcool, les filles, la nuit, ça lui fait un peu peur mais j’essaie de la rassurer au maximum. » D’ailleurs il n’aime pas appeler sa fonction un métier. « C’est plus une passion en fait, je prends du plaisir, je m’amuse, c’est pas ça un métier. »
Mustapha, de son vrai nom, a des rêves, car s’il rencontre actuellement le succès en France, il pense déjà à l’international. Collaborer avec ses idoles, celles qui lui ont donné l’envie de devenir DJ. « Bosser avec les DJ Snake, Tchami, Malaa, ça serait ouf. »
Dans le regard du jeune DJ transparaît un sentiment de passion, mais son sourire disparaît aussitôt lorsque l’on évoque la relation avec son père. Très peu présent, il a quitté le foyer quand le jeune avait 10 ans. MB semble souffrir d’un vide affectif. « J’aurais aimé qu’il voit comment je suis devenu du haut de mes 20 ans », dit-il la voix quelque peu crispée.
C’est sur cette dernière révélation que le DJ décide de mettre fin à la conversation : « Je suis fatigué, je vais rentrer. » Une poignée de main vigoureuse et il quitte la pièce, serviette sur les épaules.
Mohamed Benmaazouz