Au refuge SPA de Mougins, la passion des animaux avant tout

Soigner, éduquer et offrir une seconde vie à des animaux délaissés est la priorité de la SPA de Mougins. Une équipe de salariés passionnés œuvre chaque jour pour cela, et elle juge les lois encadrant la maltraitance animale insuffisantes.

A la SPA de Mougins, quatre salariés passionnés consacrent leur temps au bien-être animal. Un gardien habite ici en permanence, et les trois animaliers se relaient pour être présents au refuge un week-end chacun. Il faut être disponible 24h/24, car la fourrière peut amener un chien n’importe quand.

Financièrement, le refuge survit grâce aux subventions des communes alentours, et grâce à sa partie pension, qui accueille les chiens dont les maîtres s’absentent quelques jours. Pour faire des projets, ces passionnés doivent compter sur les dons. Ils envisageaient par exemple d’ouvrir un box sanitaire, et ce sont des étudiants qui ont lancé une cagnotte sur Internet pour récolter des fonds.

L’aide essentielle des bénévoles pour faire fonctionner le refuge

Partout, des peluches sont accrochées sur les grilles des boxes. C’est Monique, une bénévole de 83 ans, qui vient compléter la collection dès qu’elle en trouve de nouvelles. Ici, une vingtaine de bénévoles se relaient pour promener la trentaine de chiens pensionnaires tous les après-midis. Une autre bénévole, très présente à la SPA, confie les raisons de son investissement : « Si j’ai choisi de venir promener les chiens tous les mercredis, c’est parce que moi je n’en veux plus, ça fait trop mal quand on les perd. Alors c’est un bon compromis, même si je ne sais pas combien de temps je vais tenir avant d’en adopter un ! »

Certains chiens sont deux dans un box, car ils sont moins bagarreurs que d’autres. Cédric rappelle que « les chiens aussi ont besoin d’un contact social, ils sont comme nous. C’est cruel de les laisser seuls ». La trentaine de chats qui réside ici dispose d’un grand parc à chats avec des jeux, en extérieur.

« On fait un peu de social, cela permet aux gens d’adopter un animal à bas coût »

Tous les jours ou presque, des chiens sont adoptés, pour un prix de 150 euros. « Cela couvre à peine les frais d’adoption et de vétérinaire », confie Cédric, auxiliaire vétérinaire. « On fait un peu de social en quelque sorte, on permet aux gens d’adopter un animal à bas coût. »

Une jeune femme arrive au refuge avec Wallas, un American Staff à la grosse mâchoire, pour le déposer quelques jours en pension. « Wallas connaît le refuge, il est resté ici quatre ou cinq mois avant d’être adopté. Il était très turbulent, nous avons fait un gros travail de dressage avec lui avant son adoption », explique Cédric.

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Chaque jour, des familles viennent ici pour adopter un compagnon à quatre pattes (© Elisa Montagnat)

La raison la plus courante pour abandonner son chien, c’est de déménager d’une maison à un appartement. Mais d’autres chiens sont ici car ils étaient trop difficiles à gérer pour leurs propriétaires. Comme Bambou, un Jack Russell de 10 ans : « Il est sexuellement tellement chaud, que sa propriétaire l’a amené ici car il grimpe sur tout et n’importe quoi ! », confie Cédric. Il explique ensuite que certains propriétaires souhaitant abandonner leur chien n’osent pas entrer dans le refuge pour le déposer mais préfèrent le laisser accroché à un arbre, devant l’entrée : « Il vaut mieux l’amener à l’intérieur, on a l’habitude de ce genre de situation et nous ne sommes pas non plus là pour juger. »

A la SPA de Mougins, l’équipe est contre l’euthanasie : « Contrairement à ce que certains peuvent penser, nous ne sommes pas une usine à euthanasie. Nous détestons faire ça, nous sommes passionnés des animaux. C’est seulement pour des cas extrêmes, la dernière doit remonter à deux ans. »

« On aimerait être plus aidés par les lois »

Matthieu, éducateur et comportementaliste canin, ne confie pas un chien à n’importe qui : « Je me donne le droit de sonder la personne sur ses conditions de vie, son travail, son habitation… Souvent quand on dit non, les gens ne comprennent pas. Notre seul but c’est la bientraitance, on les place intelligemment. Ici, ils ont de la nourriture, des promenades, et tous les soins dont ils ont besoin. Leur vie n’est pas si affreuse que ç! »

Concernant les lois, Matthieu a beaucoup à redire : « Il faudrait que tous les propriétaires de chiens passent un genre de permis, comme pour avoir un scooter. Beaucoup de gens n’ont aucune idée des besoins d’un animal, et ces problèmes on les ressent dans les abandons, je le vois tous les jours. Il faudrait une loi pour réguler tout ça, là ça n’existe que pour les chiens de catégories. Puis les gens qui maltraitent leur animal ne sont jamais sanctionnés, ils devraient au moins être interdits de reprendre un chien. On aimerait être plus aidés par les lois, et pouvoir réquisitionner des chiens maltraités, car la police n’a pas le temps de s’occuper de ça. »

Au total, ce sont 309 chiens et chats qui ont été adoptés au refuge de Mougins l’année dernière. Offrir une seconde vie à ces animaux est la priorité pour le personnel, à tel point que cela leur arrive d’adopter des chiens eux-mêmes : « Kid est à nous, nous le gardons au bureau tout le temps. Mais il a un cancer et va bientôt mourir… Nous avons déjà dépensé 2000 euros dans ses soins. »

Elisa Montagnat