[FIPA] Le Temps des Égarés : Un autre regard sur la situation des réfugiés

Diffusé en avant-première au 31ème FIPA de Biarritz, le téléfilm Le Temps des Égarés s’attaque à la problématique de l’accueil des réfugiés en France. Entre environnement réaliste, traits d’humour et personnages aux parcours dramatiques, le long-métrage réalisé par Virginie Sauveur offre un regard neuf et inédit sur des acteurs méconnus de la crise migratoire.

« Filmer un personnage 100 % héros ou 100 % salaud, ça ne m’intéresse pas. Ce qui me plaît, c’est le moment fragile où on oscille entre les deux, où on fait comme on peut, on se débat. » Ce mercredi soir, juste après la projection de son film Le Temps des Égarés, la réalisatrice Virginie Sauveur s’attarde micro en main sur la personnalité complexe de Sira, personnage central du scénario. Interprétée à l’écran par Claudia Tagbo, Sira parle six langues et traduit les récits d’étrangers déplacés qui demandent l’asile en France auprès de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Claudia Tagbo interprète Sira, une traductrice au tempérament très rude. (photo DR)

Elle-même ancienne réfugiée, Sira est sanguinaire avec les nombreux exilés qu’elle croise. En effet, le personnage joué par Claudia Tagbo fait preuve d’une lucidité et d’une rudesse extrêmes, et n’hésite pas à extorquer de grosses sommes d’argent à des migrants en grande difficulté financière pour faciliter l’aboutissement de leur demande d’asile. Le Temps des Égarés aborde une facette méconnue de la crise des migrants en entrant dans leur intimité, en mettant à l’image leurs sentiments et en présentant des personnages habituellement peu médiatisés, bien que décisionnaires de l’avenir des réfugiés en France (juges, traducteurs, salariés de l’OFPRA, etc.).

Réalisme et sentiments entremêlés

Même si le récit est très fictionnel sous certains aspects (la débrouillardise d’une jeune réfugiée de 10 ans seule dans Paris, par exemple), le sort dramatique et la cruelle attente des réfugiés rejetés par l’OFPRA sont abordés avec beaucoup de justesse et de réalisme au cours de l’intrigue. « Gaëlle Bellan, la scénariste du film, s’est énormément documentée sur l’OFPRA et la situation des réfugiés, confie la réalisatrice Virginie Sauveur. Elle s’est notamment inspirée du documentaire Les Arrivants (2010) qui traite des mêmes thématiques. »

Le Temps des Égarés joue sur les sentiments du spectateur pour le sensibiliser à la situation tortueuse de ces étrangers exilés en France, mais ne se prive pas de dénoncer les manquements d’un système dépassé et déshumanisé. Un professeur irakien victime d’atrocités voit son récit qualifié d’invraisemblable par l’OFPRA, quand un criminel turc obtient le statut de réfugié avec un parcours inventé de toutes pièces… Malgré la tragédie des histoires racontées, les quelques traits d’humour présents dans le film offrent une véritable respiration au public, sans pour autant décrédibiliser le récit. Les téléspectateurs pourront en juger par eux-mêmes d’ici quelques mois, en découvrant Le Temps des Égarés sur Arte, dans la case fiction du vendredi soir.

Guillaume Truillet

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