Les religions ont encore la cote chez les jeunes

La spiritualité chez les jeunes n’est pas en berne, bien au contraire. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus pieux que leurs parents, en témoignent différentes études.

La religion et les jeunes peut sonner comme un oxymore, et pourtant… Sur les jeunes que nous avons interrogés, très peu croient en Dieu, et s’ils y croient très peu sont « engagés » dans la religion. « L’idée de penser qu’il y a quelqu’un qui surveille tout le monde en haut j’y crois pas trop perso, après je veux bien voir… », témoigne Marine 19 ans, étudiante en DUT Techniques de commercialisation à Cannes. Mais notre échantillon ne semble pas si représentatif que cela. Car selon un sondage OpinionWay réalisé sur les 18-30 ans, en 8 ans le pourcentage de jeunes se disant appartenir à une religion est passé de 34% à 53%. Il ressort de cette étude qu’aujourd’hui les jeunes assument et s’expriment sur leur spiritualité, plus que leurs aînés. Cela se traduit notamment par le port de certains symboles religieux : voiles, chapelets, étoile de David. L’émergence des nouvelles techniques de communication permet également aux jeunes de mieux s’exprimer et surtout de s’informer. De nombreux forums ou groupes de discussion sur la religion existent. Comme par exemple « Le Forum du monde des religions ». Différents topics (sujets) liés à la pratique religieuse se multiplient chaque jour sur le site.

« Il y a un esprit de communauté, on se sent moins seul face à nos questions »

Les jeunes, à l’aise avec ces outils trouvent désormais des réponses à leurs questions et peuvent trouver un soutien « virtuel ». C’est le cas de Halim7878, un pseudo qu’il utilise sur le forumislam.com. « Il y a un esprit de communauté, on se sent moins seul face à nos questions ». Dans une société marquée par l’individualisme, il en ressort que ces jeunes trouvent en la religion des repères qu’ils n’ont jamais eus. Le « rejet » que leurs parents ont de la religion peut trouver son explication par la pensée post-Mai 68, qui se voulait très libertaire, ou encore des mœurs qui étaient plus discrètes.

« Les jeunes ont un rapport aux textes différent, aujourd’hui on lit beaucoup plus que les parents »

Et c’est justement cet individualisme qui a transformé les pratiques religieuses. Pour évoquer l’exemple de la religion musulmane en France, cette dernière était auparavant héritée, et pratiquée de manière collective. Avec l’appui d’une étude issue de l’Institut Montaigne, réalisée en 2016, et intitulée « Un Islam de France est possible », nous constatons que les jeunes aujourd’hui s’approprient la religion, et qu’ils ne la pratiquent plus comme leurs parents. Ils la pratiquent de façon à ce qu’elle s’adapte à leur vie quotidienne. « Les jeunes ont un rapport aux textes différent, aujourd’hui on lit beaucoup plus que les parents », souligne Mohammed Ali-Adraoui, Docteur en Sciences Politique à l’Institut Montaigne. Un rapport à la foi en même temps personnel mais qui n’est pas pour autant caché. Et cet exemple s’applique également aux grandes religions monothéistes en France.

Mohamed Benmaazouz