Tennis de haut niveau : en France et en Australie, différences de philosophie.

L’Open d’Australie, tournoi majeur rassemblant les 128 meilleurs joueurs du monde, s’est achevé dimanche dernier. Avec respectivement 12 et 9 joueurs, la France et l’Australie faisaient partie des nations les mieux représentées. Leurs politiques de formation des joueurs de haut niveau sont pourtant très différentes.

C’est une question qui revient sans cesse dans le milieu du sport : comment faire pour former les plus grands champions ? En tennis, les fédérations nationales ont des avis qui divergent.

Entraîneur professionnel depuis 7 ans, le Français Thomas Perrin a quitté la France en 2016 et est actuellement missionné par l’ITF (International Tennis Federation) pour coacher des joueurs de haut niveau dans le Pacifique Sud. Pour avoir entraîné aussi bien en France qu’en Australie, le jeune homme a pu se rendre compte des différences de politiques mises en place par les fédérations.

« En France, les joueurs sont un peu trop protégés »

Dans l’Hexagone, on mise sur l’accessibilité à la discipline. « Des actions sont menées auprès des enfants pour leur donner envie de pratiquer » explique Thomas Perrin. Le but est de constituer un vivier de joueurs supervisés et parfois aidés par la Fédération Nationale. « A partir d’un certain classement, il y a une gratuité des entraînements pour les joueurs », ajoute l’entraîneur. « Tout est pris en charge par les clubs ».

Une politique qui ne rend pas forcément service aux joueurs au moment de passer professionnels. « Les joueurs sont un peu trop protégés, tout leur a été offert jusque là mais quand ils arrivent sur le circuit pro, ils doivent débourser environ 30.000€ par saison en frais de déplacement. Beaucoup n’osent pas prendre le risque » dévoile Thomas Perrin.

Le coach français rappelle également qu’en France, il existe un « Circuit National des Grands Tournois » (CNGT). Pour les joueurs professionnels français classés au-delà du 200e rang mondial, ces tournois nationaux offrent généralement plus de garanties financières que les compétitions du circuit international mais ils n’accordent aucun point pour le classement professionnel. « D’un côté, le circuit CNGT est très bon » estime Thomas Perrin. « Il permet aux joueurs de gagner plus, et de disputer des bons matchs. Mais il ne donne pas envie aux professionnels de viser plus haut »…

En Australie, moins d’appréhension à franchir le cap

De l’autre côté du Monde, en Australie, on ne peut pas dire que les joueurs soient protégés, au contraire. Pour jouer, tout le monde doit mettre la main au porte-monnaie. « Ici, tout est payant. Les clubs sont tous des structures privées qui cherchent à faire de l’argent » glisse l’entraîneur. La sélection s’effectue en priorité sur des critères financiers. Les joueurs prometteurs sont donc pour la plupart issus de familles aisées et n’hésitent pas au moment de franchir le pas professionnel.

La discipline tend tout de même à se démocratiser avec notamment le développement du tennis dans les collèges et lycées. Selon Thomas Perrin, « il y a aujourd’hui une certaine concurrence entre le milieu scolaire et les clubs. Pour les adolescents, représenter leur école au niveau sportif est important. Cela permet aussi à certains de commencer le tennis ». Ceux qui voudraient continuer doivent prévoir un budget conséquent ; en Australie, une leçon individuelle peut coûter plus de 100$ de l’heure !

Philémon STINÈS

Hugo SCHERRER