Les employeurs face aux difficultés de recrutement

En France, le nombre de demandeurs d’emplois s’élève à 6 278 000 au quatrième trimestre 2017. Malgré cela, pour certains métiers, les employeurs rencontrent des difficultés à recruter. Les raisons de cette situation sont nombreuses. Pour y remédier, des politiques sont mises en place au niveau national et local.

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Six millions de Français recherchent activement un emploi, et pourtant, les employeurs ont du mal à recruter dans certains secteurs. (© Le Monde)

En France, le taux de chômage atteint 8,6 % au dernier trimestre 2017. Malgré cela, de nombreux employeurs ont des difficultés à trouver les profils adéquats aux postes qu’ils souhaitent pourvoir. « La principale cause est le manque réel de visibilité sur les emplois et compétences dont l’entreprise aura besoin » selon Cécile Reveille, chargée d’études et de communication à l’Observatoire régional des métiers (ORM)

En région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), « ce sont 225 métiers exercés en région dont 54 pour lesquels on a des difficultés à recruter, depuis dix ans ». Parmi eux, les aides à domiciles, les coiffeurs, les ingénieurs, les bouchers et les cuisiniers. D’après Joëlle Baranowski, responsable communication de Pôle emploi PACA, « 510 000 personnes recherchent activement un emploi en région Provence-Alpes-Côte d’Azur ».

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Diagramme en bâton qui représente les métiers les plus difficiles à recruter. (© Enquête Besoins en Main d’œuvre 2017)

Le profil inadéquat des candidats est l’une des premières raisons

Les motifs de refus ne proviennent pas que de l’entreprise mais aussi des candidats. Le manque de formation impacte directement les compétences et les savoirs faire des candidats. En effet, selon Cécile Reveille, « la transformation des métiers et des compétences attendues ainsi que l’élévation du niveau de formation requis » sont les raisons principales d’une défaillance au niveau des recrutements. Par ailleurs, le manque d’expérience des demandeurs d’emplois n’arrange pas la situation des employeurs qui peinent à anticiper et maintenir le flux d’activité. Joëlle Baranowski nous apprend que « le profil inadéquat des candidats représente 83% des motifs de refus ».

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Les motifs des difficultés que rencontrent les employeurs lors des embauches. (© pôle emploi)

Les employeurs qui rencontrent des difficultés de recrutement sont nombreux à être issu des TPE-PME

Les TPE-PME (Très petites entreprises et Petites et moyennes entreprises) sont les plus touchées par cette difficulté de recrutement. Dans un contexte économique dégradé « elles ont du mal à aller au bout du processus de recrutement ». Ce sont des dirigeants anxieux face à la précarité et cela se répercute sur les recrutements. Selon une étude Ifop de 2016 pour le groupe April, réalisée auprès de chefs de PME, plus de la moitié (52%) des chefs d’entreprises se déclarent pessimistes. En cause : la crainte de se retrouver dans une situation précaire devant une baisse de leur chiffre d’affaire et de leur carnet de commande.

Cependant, les PME sont le moteur de l’emploi en France, si leur chiffre d’affaire est inférieur à celui des grandes entreprises ou encore des entreprises de tailles intermédiaire, les PME regroupent près de 29,4% des salariés en France en 2015. L’enjeux des recrutements est donc importants dans ces entreprises.

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Tableau qui récapitule les caractéristiques des entreprises selon leur catégorie en 2015. (© INSEE)

 

Pour remédier à cette situation, des politiques nationales et locales sont mises en place

C’est au niveau interne à l’entreprise que les mesures doivent être prises. D’après Cécile Reveille, « il faut que les entreprises soient capables d’intégrer des jeunes via l’alternance ou les contrats aidés et maintenir les seniors via la formation continue ». A Champagne au mont d’or, dans le Rhône, la boucherie André possède un centre de formation interne à l’entreprise qui forme des bouchers et des charcutiers. « Notre objectif est de garantir de réelles perspectives d’évolution à chacun de nos étudiants. Chaque boucherie de l’enseigne accueille sept à huit étudiants du centre et les forme pendant un an, après quoi ils seront embauchés » selon Grégory, directeur du magasin.

Les branches professionnelles essayent donc de redorer l’image de leur métier en améliorant les conditions de travail et en proposant des formations. Par ailleurs « elles bénéficient d’accompagnement économiques et sociaux du Conseil régional et des chambres des métiers et du commerce » selon Cécile Reveille. La chambre de commerce et de l’industrie (CCI) propose des formations spécifiques adaptées aux besoins de son territoire. Chaque année, 400 000 stagiaires sont accueillis dans un des 186 centres répartis sur tout le territoire pour bénéficier d’une formation continue. Au niveau national, Pôle emploi propose une formation de préparation à la prise de poste telle que la Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POE I). Avec l’accord du futur employeur, la POE I « est destinée à combler l’écart entre les compétences d’un individu et celles que requiert l’emploi qu’il vise ». 

En 2018, les enjeux sont donc importants puisque nous assistons à une baisse massive du chômage ces trois derniers mois, c’est pourquoi la formation professionnelle est un des objectifs majeurs du quinquennat d’Emmanuel Macron pour permettre au plus grand nombre de retrouver un travail. D’après l’ORM, les ouvriers qualifiés, les ingénieurs, les commerciaux et les cadres sont les métiers qui concentrent le plus d’intentions de recrutement pour les années voire les mois à venir.

Valentin Rivollier