La lutte contre le suicide passe d’abord par une lutte contre la solitude

En France, on recense plus de 10 000 suicides par an. Au vu de ce chiffre, sa prévention est un enjeu essentiel. SOS Amitié lutte en amont afin de prévenir le passage à l’acte.

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Le logo de l’association SOS Amitié, qui illustre bien leur objectif.

« 2% des appels sont considérés comme suicidaires », confie Danielle, en charge de la formation et écoutante d’SOS Amitié. Pour une association qui reçoit 700 000 appels par an, ce chiffre reste minime. Dans la plupart des cas, c’est l’état de la société actuelle qui plonge les appelants dans la solitude. « Il n’y a plus de relations humaines, plus de lien dans les familles. Le problème principal aujourd’hui est la solitude ». SOS Amitié tente de lutter contre celle-ci en offrant une écoute à une part de la population, qui ne se sent plus entendue, qui ressent une sorte d’indifférence. « Beaucoup de personnes sont isolées, malades, n’ont pas de lien avec leurs familles, n’ont pas d’amis, et pour certains appelants, les écoutants de SOS Amitié sont les seules personnes avec qui ils ont un « contact » », déclare une écoutante. La lutte contre le suicide passe tout d’abord par une lutte contre la solitude. Cette dernière, si elle n’est pas prise en charge, peut pousser au passage à l’acte : « Le but d’SOS Amitié est qu’ils n’en arrivent pas à penser au suicide ».

Un travail en amont, en accord avec la modernité

L’association a toujours mis un point d’honneur à respecter l’anonymat des écoutants bénévoles tout comme celui des appelants. En réaction à une transition numérique sociétale, l’association a mis à disposition un chat en ligne ouvert de 13h à 3h du matin. Cette nouvelle plateforme permet à ceux qui n’osent pas ou n’ont pas la force d’appeler de trouver l’écoute nécessaire à leur mal-être. Danielle nous indique que : « 40% des personnes présents sur le chat sont les moins de 25 ans ». Une approche qui permet donc de cibler d’avantage les jeunes. SOS amitié dans la prévention du suicide tente de réaliser un travail en amont. Afin que les idées suicidaires n’éclosent jamais dans la tête de ceux qui viennent chercher de l’aide.

Une écoute active 

Tous les écoutants sont bénévoles, de tout horizon et de tout âge. Mais c’est un véritable travail de formation qu’il faut opérer avant de leur laisser un poste. Danielle, en charge de la formation depuis plus de 10 ans, parle d’une « écoute active ». Elle s’explique : « On ne pose pas de questions, on ne donne pas de conseils. En définitif, on fait une écoute active, on est très attentif aux mots que les gens prononcent et on les leur renvoie ». Il est ici question de faire réaliser à l’appelant ce qu’il ressent vraiment, qu’il se rend compte de son état, mais aussi des bons côtés de son histoire. Mme Nicolas tout comme une écoutante (anonyme) définissent leur rôle comme celui « d’un miroir ». Une écoutante rappelle que : « Souvent, les souffrances peuvent s’apaiser lorsqu’elles sont exprimées et accueillies par une autre personne ».  Cette écoute veut permettre aux appelants de pouvoir parler de suicide, sans que ce soit considéré comme un sujet tabou. Vers un changement des mentalités ?

 

Lou Florentin

Gaspard Flamand