
Étiquettes
[Radio] Et si Facebook avait aidé Donald Trump à se faire élire ?
Facebook fait face à un nouveau scandale sur l’utilisation de données privées. Déjà mis en cause dans l’affaire des Fake News et les publicités russes, le réseau social le plus utilisé au monde est soupçonné d’avoir influencé, malgré lui, l’élection présidentielle américaine de 2016. Explications.
Et si Facebook avait aidé Donald Trump à se faire élire ?
C’est en tout cas ce qu’a révélé une enquête jointe du New York Times et de The Guardian. Cette enquête porte sur Cambridge Analytica, la filiale américaine de la société de marketing ciblée SCL, spécialisée dans la collecte de données à des fins électorales. Une entreprise qui aurait été sollicitée par Donald Trump en 2016 pendant sa campagne électorale.
Elle est suspectée d’avoir siphonné les données de 230 000 utilisateurs de Facebook et de leurs amis. Au total, Cambridge Analytica aurait donc dérobé les données personnelles de plus de 50 millions d’utilisateurs de Facebook susceptibles de voter pour le candidat républicain. Les publications, les listes d’amis, les centres d’intérêts mais aussi les messages privés de potentiels sympathisants républicains ont été collectés, à l’aide de publicités ciblées et d’applications permettant d’établir des profils psychologiques. Facebook est donc mis en cause pour avoir participé à ce processus de profilage numérique, qui représente la plus grande fuite de données de son histoire. Après la révélation de ce scandale, l’action de Facebook a perdu plus de 11% en bourse, en deux jours.
Face à cette crise sans précédent, Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook a reconnu ses « erreurs » et promet vouloir restreindre l’accès aux données personnelles. Pas suffisant selon Amy Klobuchar. La sénatrice démocrate américaine demande une audition de Google, Twitter et Facebook devant le Congrès des États-Unis pour leur traitement des données personnelles sur Internet.
Depuis, on en a appris plus sur les agissements de Cambridge Analytica. Christopher Wylie, lanceur d’alerte sur internet, a révélé que l’entreprise britannique a joué un grand rôle dans le vote du Brexit auprès de plusieurs médias européens. De son coté, Facebook est toujours embourbé dans ce scandale, malgré le mea-culpa de son PDG Mark Zuckerberg dans les médias et sur les plateaux de télévisions américaines et britanniques. Après ces révélations, le modèle social et économique de Facebook pourrait être remis en cause, notamment sur les réseaux sociaux avec le #deletefacebook, incitant les utilisateurs touchés directement ou indirectement par ce scandale d’utilisation de données privées, à supprimer l’application de leurs smartphones, voire même à supprimer leur profil Facebook.
Cet utilisateur de Facebook rappelle que les autres réseaux sociaux et entreprises sur internet peuvent aussi être mis en cause pour leur utilisation des données personnelles.
Cependant, il faut préciser que même en supprimant totalement son profil, les données restent sur le web et ne peuvent être supprimées totalement. Facebook a annoncé des mesures visant à protéger les données de ses utilisateurs. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment, la plupart des mesures proposées par Facebook sont d’ores étant déjà imposées par le droit européen comme le révèle Le Monde. Enfin, les demandes de la sénatrice démocrate américaine Amy Klobuchar ont été exaucées : Facebook va devoir se justifier devant la justice américaine et européenne pour son rôle dans l’affaire Cambridge Analytica mais aussi pour sa gestion dans la vente et la détention des données privées de ses utilisateurs. Le réseau social le plus utilisé d’internet est donc dans une situation délicate, qui pourrait bien arriver à Google, Whatsapp, Snapchat ou encore Twitter, eux aussi mis en cause pour l’utilisation des données privées.
Arno Tarrini