Buzzles Rewind #2 : La destruction de Palmyre

Buzzles Rewind revient sur un événement majeur de l’actualité de l’année précédente grâce à une infographie et un article. L’occasion de prendre du recul sur la situation et d’en suivre les changements. Le second épisode porte sur la destruction de la ville antique de Palmyre, en Syrie. Il y a un an, un accord de paix a été signé. Que s’est-il passé depuis ?

palmyre syrie

(fait avec canva.com par Bastien Blandin)

Palmyre est toujours dans un état déplorable

Après en avoir chassé l’EI, la reconstruction du site ne semble pas être une priorité pour le gouvernement syrien.

La cité antique avait été prise et reprise de nombreuses fois par l’Etat Islamique et le gouvernement syrien depuis 2015. Elle est désormais tenue par ce dernier, soutenu par la Russie. Palmyre, considérée comme un des joyaux historiques et architecturaux les plus importants au monde, a subi des dégâts irréparables au cours des combats, mais surtout lors de l’occupation de l’EI. “La volonté était d’éradiquer tout ce qui pouvait refléter une présence qui n’entrait pas dans l’idéologie de Daesh, soit une vision erronée de l’Islam” commente Christiane Delplace, Directeur de recherche émérite au CNRS et Responsable de la Mission Archéologique Française de Palmyre. Les statues et témoignages historiques qui peuplaient le site n’entraient pas dans cette vision du monde, c’est pour cela qu’ils ont été détruits. Aujourd’hui, les reconstructions se font attendre. L’heure est encore au déminage.

Une perte historique pour un but symbolique

Palmyre ne représente une cible stratégique ni pour l’organisation jihadiste, ni pour les troupes de Bachar Al-Assad. Au contraire, la citadelle représenterait plutôt un symbole selon Maurice Sartre, spécialiste de Palmyre au CNRS. “Daesh a compris que l’Occident a fait du patrimoine et des musées son nouveau dieu et ses nouveaux temples. Donc il a détruit le site le plus célèbre de toute la Syrie pour narguer l’Occident” avance-t’il. ”Bachar al-Assad a laissé faire, sans jamais frapper Daesh, parce qu’il espérait que l’Occident, bouleversé par la destruction de Palmyre, basculerait de son côté dans la guerre contre les « terroristes » “. Ainsi, les deux principaux temples, de Bel et de Baalshamin, ont été détruits au cours de ces années de guerre. C’est le cas de 20% des monuments importants de la ville. Une très grande partie du site n’ayant jamais été fouillée, les combats ont pu causer la perte de vestiges n’ayant jamais été découverts.

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Plan de Palmyre avant les destructions (© Maurice Sartre)

Aucune réparation à ce jour

La reconstruction ne semble pas prévue de si tôt. Il faut d’abord déminer les villes. Or, selon Maurice Sartre, Palmyre est loin d’être une ville prioritaire face à Homs ou Alep, détruites à 50%. Retourner sur le site n’est pas une tâche aisée, surtout quand on est hostile au gouvernement d’Al-Assad. C’est pour cela que Maurice Sartre n’a pu y retourner depuis la guerre. Pour les scientifiques, la situation de la cité antique est dans le flou total.  “On ne sait rien des dégagements qui ont été faits, et de l’état général des ruines en dehors du musée, qui est dévasté, et bon à reconstruire de fond en comble”. La reconstruction pose aussi des problèmes d’authenticité. Certains sites, trop dégradés voire détruits, ne peuvent être reconstruits sans être plus qu’une copie de la véritable antiquité. La mission de restauration de la ville a été confiée à la Russie, ce qui alerte ce chercheur. “Les Russes n’ont jamais fouillé à Palmyre […]. [D’autres] missions étrangères ont des archives indispensables pour faire un travail sérieux de restauration ; les Russes n’ont rien, et continuent même à détruire le site”. Selon lui, les soldats russes appuyant Al-Assad se sont installés sur une partie non fouillée de la nécropole nord, et ont repris le pillage de la ville avec les troupes du gouvernement syrien.

Valentin Rivollier

Mathieu Obringer

Bastien Blandin

Arno Tarrini

Elliott Sentenac