
Étiquettes
Pornographie : les solutions pour protéger les jeunes
Avec le développement du numérique, les jeunes sont exposés de plus en plus tôt à la pornographie. Les producteurs de contenus pour adultes sont devenus de véritables géants du web, avec un chiffre d’affaires de plus de 220 milliards de dollars par an dans le monde. Face à ce constat, des associations luttent et s’engagent pour tenter de protéger les plus jeunes.

Exemple de message de prévention que l’on peut trouver à l’entrée d’un site pornographique.
Aujourd’hui, les premières images pornographiques peuvent être vues dès la classe de CM1 ou de CM2, soit à l’âge de neuf ou dix ans. Le fait que le premier smartphone soit obtenu de plus en plus tôt, notamment, peut expliquer ce chiffre. « Ce n’est pas le contenu en lui même qui est répréhensible, mais c’est le fait qu’il soit vu par des mineurs », explique Marc Vannesson, délégué général du Think tank Vers Le Haut. « On ne peut pas diffuser de messages pornographiques susceptibles d’être vus par des mineurs, c’est écrit dans l’article 227 du Code Pénal ». Une règle qui n’est pourtant pas respectée. Un collégien témoigne : « On peut sans problème accéder à des sites pornographiques. Au mieux, il y a une fenêtre « Ce site est réservé aux adultes. Entrer ? » qui s’ouvre, à laquelle on peut répondre oui facilement. Au pire, il n’y a aucun message de mise en garde ».
Des réponses techniques sont à apporter…
Marc Vannesson évoque une solution, inspirée de la régulation des jeux en ligne. « Des réponses techniques sont à apporter. Avant, il y avait une prolifération des jeux en ligne, alors que la Française des Jeux avait le monopole. Une autorité de régulation a été mise en place. » Le principe est simple : des licences sont proposées aux opérateurs, ces dernières permettant de financer cette autorité. Ainsi, seuls les sites qui ont cette licence peuvent être autorisés. « On pourrait appliquer le même principe avec la pornographie ». Une autorité de régulation, qui ne délivrerait des licences qu’aux sites effectuant un réel contrôle de l’âge des internautes. Des initiatives de ce type, Philippe Rougier, président de l’association Sésame, y est aussi favorable. Il émet tout de même une réserve. « Tout se passe à l’étranger, tout est dématérialisé. Le contrôle est très dur. »
…mais il y a aussi un travail à faire avec les enfants
Les membres de l’association Sésame interviennent dans de nombreuses écoles. « La pornographie, ça existe. Maintenant, il faut réfléchir dessus » explique Philippe Rougier. Avant d’intervenir dans les établissements, ils demandent aux élèves d’envoyer leurs questions, de façon anonyme. À partir de celles-ci, ils peuvent préparer les leurs. « Ce sont les enfants qui trouvent leurs réponses, nous posons simplement les questions qui leur permettent d’y arriver ». Le président de l’association insiste sur ce point : « Le fait que ce ne soit pas des adultes qui leur disent et que ce soit leurs questions à eux a plus d’effet chez eux ». Il y a donc ici un réel travail effectué pour, et avec les enfants. Et c’est tout l’enjeu de la prévention autour de ces questions : un juste milieu entre travail d’éducation et réponses techniques.
Gaspard Flamand