Les rookies dans la cour des grands

Alors que la saison régulière vient de se terminer en NBA, voici venu l’heure du bilan pour les rookies, ces jeunes joueurs qui bouclent leur première année au sein de l’exigeante ligue nord-américaine. La cuvée 2017 restera sans doute gravée dans l’histoire de la ligue, avec son lot de satisfactions et de bonnes surprises. Focus sur les 5 meilleurs rookies de la saison.

NBA Rookie draft 2017

La prometteuse cuvée de la draft 2017 (© Getty Images)

Ben Simmons, “The Fresh Prince”

BEN SIMMONS

(*)  Triple-double : quand un joueur arrive à 10 unités ou plus dans 3 catégories statistiques positives (passes décisives, points, rebonds, contres, interceptions) dans un match.

Exemple : Un joueur A réalise 25 points, 13 rebonds, 11 passes décisives dans un match ou un joueur B compile 14 points, 17 rebonds et 10 contres.

Le meneur des Sixers de Philadephie était le rookie le plus attendu cette saison. Premier choix de la draft 2016 au sortir de Louisiana State, l’Australien n’avait pas pu fouler les parquets NBA la saison dernière pour cause d’une blessure au pied. Pour l’exercice 2017-2018, Ben Simmons a répondu aux attentes avec une bonne première saison (15,8 ppm, 8,2 apm et 8,1 rpm*). Meneur avec un physique atypique d’ailier-fort (2,08m), Ben Simmons a mis tout le monde d’accord avec des performances individuelles de haut niveau dès sa première saison dans l’élite. Formant une paire ultra-dominante avec son compère camerounais Joël Embiid, le “Fresh Prince” de Philadelphie a emmené les Sixers en play-offs pour sa saison de rookie. Une performance exceptionnelle, d’autant plus que la franchise côtoyait les bas-fonds de la ligue depuis quelques années et n’avait pas goûté à la post-season depuis 2012. Annoncé comme le successeur de LeBron James, le natif de Melbourne a porté une équipe des Sixers qui impressionne en playoffs, après avoir terminé la saison régulière sur une série de 16 victoires consécutives, bouclée en Triple-Double de moyenne, du jamais vu en NBA, tout simplement.

Si pour sa saison rookie, Ben Simmons livre un bilan très solide, avec notamment une certaine précocité au niveau des triples-double, de légers bémols viennent ternir ce bilan.

Au niveau du shoot, le meneur de 21 ans doit encore se perfectionner. Il n’a tout simplement inscrit aucun tir à trois-points pour sa première saison, une anomalie qui fait parler, dans une ligue de plus en plus tournée vers le tir longue-distance. Si cette faiblesse ne lui empêche pas d’influer sur le jeu de son équipe, il devra l’améliorer pour devenir un joueur encore plus redoutable.

Il reste tout de même le favori pour le titre de Rookie Of The Year, tant sa saison a impressionné partout dans le monde de la NBA.

(*) ppm : points par match – apm : passes décisives par match – rpm : rebonds par match

Donovan Mitchell, la sensation de la draft 2017

DONOVAN MITCHELL

 

Même si les rookies de la cuvée 2017 sont prometteurs et bourrés de talents, les observateurs ne pensaient aucun de ceux-là capable de pouvoir titiller le grand Ben Simmons pour le titre de Rookie de l’année. Pourtant l’un d’eux tient encore et toujours tête au meneur des Sixers, rendant cette course au trophée très excitante.

Pour le retrouver, direction les Rocheuses et Salt Lake City. Drafté en 13ème position par le Jazz de l’Utah en provenance des Louisville Cardinals, Donovan Mitchell débarque en NBA sans faire de bruit, dans l’ombre des Simmons et autres Tatum. L’équipe est orpheline de ses leaders (Gordon Hayward a pris la direction des Celtics, et le pivot français Rudy Gobert est en délicatesse avec son genou) et sombre peu à peu dans les profondeurs de la conférence Ouest (11ème avec 19 victoires pour 28 défaites, fin janvier). Le jeune arrière prend alors les choses en main et devient le leader d’attaque du Jazz. Impensable pour un simple rookie, mais Donovan Mitchell a assumé ce statut tout le reste de la saison.

Il glane à quatre reprises (sur cinq) le trophée de rookie du mois de la Conférence Ouest, remporte le concours de dunk du All-Star Game pour la forme, réalise d’énormes performances face à de grosses cylindrées du championnat, 41 points ici contre New Orleans. L’équipe se met en route sous son impulsion et termine la saison en trombe (5ème avec 48 victoires pour 34 défaites) avec un Donovan Mitchell qui présente des statistiques impressionnantes, dignes d’un joueur confirmé (20,8 ppm, 3,7 rpm, 3,1 apm).

Le rookie n’est pas arrivé en post-season pour faire de la figuration, et avec sa troupe de jazzmen, Utah fait déjouer Oklahoma City au premier tour des playoffs. Donovan Mitchell ajoute Russell Westbrook, Paul George et Carmelo Anthony à son tableau de chasse, et montre à la NBA toute entière que rien n’était écrit d’avance pour la course au trophée de Rookie de l’année.

Jayson Tatum, “More than a Rookie”

Jayson TATUM

Drafté en 3ème position en 2017 après une saison pleine de promesses du côté de Duke en NCAA, le jeune ailier de 20 ans a réalisé une première saison de haut vol au sein de la franchise historique des Celtics de Boston.

Un physique d’athlète (2,03m,93kg) et des qualités offensives évidentes, le natif de Saint-Louis avait tout pour réussir. Jayson Tatum ne s’est pas fait attendre et a répondu présent dès le début de la saison régulière. Il a joué un grand rôle dans le début de saison canon des Celtics avec l’ancien meneur de Cleveland, Kyrie Irving, et le sophomore Jaylen Brown, en formant un trident offensif d’enfer. Le jeune Tatum a notamment profité de la blessure de l’ancien joueur du Jazz, Gordon Hayward, pour s’imposer comme un titulaire indiscutable dès le début de sa première saison en NBA. Le rookie est maintenant si bien intégré dans le 5 majeur des Celtics que des questions se posent sur son avenir, avec le retour de Gordon Hayward.

À seulement 20 ans, il est l’un des joueurs les plus complets de la ligue, adroit au shoot, présent dans la raquette et agressif offensivement, Tatum a tout pour lui. Son niveau impressionne en NBA, en commençant par son entraîneur Brad Stevens, qui considère que Tatum est “beaucoup plus qu’un rookie”.

Il impressionne aussi chez ses adversaires. Brett Brown, coach des Philadelphia Sixers a réagi après une nouvelle performance de haut niveau de Jayson Tatum en playoffs avec 28 points 6 passes décisives et 8 rebonds : “Il joue à un niveau plus élevé, avec une plus grande expérience que ce que son CV suggère…Je l’ai trouvé excellent.” Jayson Tatum a impressionné dès sa première saison dans l’élite. Il dispose néanmoins d’une marge de progression importante pour devenir l’un des joueurs majeurs de la NBA. Il devra notamment prouver ses qualités lors des grands rendez-vous, à commencer par le 2ème tour des playoffs opposant les Boston Celtics aux Philadelphia Sixers. Après un game 1 exceptionnel, Tatum doit confirmer, et tenter d’éclipser son plus grand concurrent au titre de rookie de l’année, un certain Ben Simmons…

Kyle Kuzma, la surprise californienne

Kyle KUZMA

(*) NCAA : National Collegiate Athletic Association. Il s’agit de la principale organisation sportive universitaire des États-Unis. Tous les jeunes basketteurs américains doivent y passer au moins une année avant de pouvoir se présenter à la draft NBA.

Kyle Kuzma, drafté seulement en 27ème position par les Nets de Brooklyn, puis échangé contre D’Angelo Russell aux Los Angeles Lakers, est une des révélations de cette cuvée 2017.

Alors qu’il était dans l’ombre de son coéquipier Lonzo Ball, drafté en 2ème position et destiné à être le rookie qui attirerait la lumière, Kuzma a déjoué les pronostics en réalisant une bonne saison rookie (16 ppm, 6 rpm). Évoluant au poste d’ailier fort dans une équipe des Lakers en pleine reconstruction, l’ancien de l’université d’Utah a su montrer son jeu offensif dès ses débuts dans l’élite. Auteur d’une “summer league” (tournoi de pré-saison) très prometteuse avec les Lakers où il a été élu MVP des finales, le jeune Kuzma a démarré la saison en fanfare avec de grosses performances individuelles, ce qui lui vaudra d’être élu rookie du mois de Novembre dans la Conférence Ouest.

Spécialiste du “Catch and Shoot”, Kyle Kuzma a réussi sa plus belle performance de la saison contre les Houston Rockets de James Harden avec un record de point en carrière et une prestation XXL : 38 points, 7 rebonds, 4 passes décisives et surtout 7 tirs à 3pts marqués. Il a ensuite été plus discret en janvier et février, se contentant de bouts de matchs lors de lourdes défaites de son équipe. Dur alors d’exister pour Kuzma en sortie de banc. Mais il a tout de même su profiter de la blessure de Brandon Ingram pour rehausser son niveau de jeu et finir la saison sur une bonne dynamique.

Trop absent dans la deuxième partie de la saison régulière, Kyle Kuzma ne sera certainement pas élu Rookie Of the Year. Après avoir été une des bonnes surprises de cette cuvée de rookie 2017, Kuzma sera à surveiller de près l’an prochain du côté de Los Angeles.

Lauri Markannen, la pépite scandinave

Lauri MARKKANEN (1)

22 juin 2017. Soir de draft. Les Chicago Bulls échangent leur franchise player Jimmy Butler avec les Minnesota Timberwolves et récupèrent dans l’échange le choix numéro 7 avec lequel ils sélectionnent Lauri Markkanen en provenance des Wildcats de l’Arizona. Un pari osé donc pour les Taureaux, mais la première saison du géant finlandais donne satisfaction.

Dans une équipe en pleine reconstruction qui, loin de la légendaire époque Jordan, se traîne au fond du classement de la conférence Est, le Scandinave a trouvé un cadre parfait pour s’adapter à la NBA. Il a pu développer son jeu sans être sous pression, et se signale dès sa première saison comme un tireur à trois points très sérieux, en témoigne ces deux records enregistrés dès sa saison rookie. Lauri Markkanen se montre tant derrière l’arc que sous les panneaux où il fait un beau chantier avec ses 2 mètres 13, en témoigne de nombreux double-doubles* car le Finlandais a dépassé plus d’une fois la dizaine de rebonds dans un match. Élément clé de son équipe dès sa première saison (15,2ppm), le jeune intérieur n’a évidemment pas pu ramener la Windy City en playoffs à lui tout seul. Néanmoins, à l’avenir, si Markkanen continue sur sa lancée et se retrouve mieux entouré au sein des Bulls, il pourra devenir une des figures de la conférence Est.

(*) Double-double : quand un joueur arrive à 10 unités ou plus dans deux catégories statistiques positives (passes décisives, points, rebonds, contres, interceptions) dans un match.

Exemple : un joueur A réalise 16 points et 12 rebonds dans un match ou un joueur B compile 19 points et 11 passes décisives.

Les autres rookies plus discrets

Si certains ont impressionné les observateurs, d’autres sont restés un peu plus discrets et ont connu des débuts plus mitigés. C’est notamment le cas du français Frank Ntilikina, drafté en 8ème position et auteur d’une première saison satisfaisante chez les New York Knicks. L’ancien meneur de jeu de Strasbourg a bénéficié d’un temps de jeu plus réduit, qui plus est dans une équipe qui tourne mal depuis la blessure de son meilleur joueur Kristaps Porzingis. De plus, celui que l’on considère comme le futur du basket français possède un jeu moins spectaculaire qu’un Dennis Smith JR ou Donovan Mitchell. Surnommé le “French Prince”, Frank Ntilikina a des chiffres moins impressionnants que ses concurrents (5,9ppm, 2rpm, 3apm en moyenne) mais a encore l’avenir devant lui pour progresser et devenir la relève du basket français en NBA.

Markelle Fultz et Lonzo Ball étaient les rookies les plus attendus cette saison avec une très grosse couverture médiatique. Les deux premiers choix de la draft 2017 livrent un bilan plutôt mitigé.

Le premier qui avait annoncé ses très hautes ambitions, avant le début de saison, n’a pas pu exprimer tout son talent avec les Sixers de Philadelphie. La faute à une mystérieuse blessure, et à un cruel manque de confiance en son shoot. Il faudra donc attendre l’an prochain pour voir l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération briller avec les Philadelphia Sixers.

À l’instar de son homologue des Sixers, Lonzo Ball a connu de gros problèmes avec son shoot cette saison. Des pourcentages médiocres pour le rookie des Lakers (36% au tir et 30% à trois points), la faute à une mécanique très peu académique. À défaut d’être une gâchette, le meneur angelinos s’est illustré dans d’autres domaines comme l’organisation du jeu. Il est le deuxième meilleur passeur parmi les rookies sur la saison régulière (7,2 apm) derrière l’intouchable Ben Simmons. Les deux premiers choix de la draft 2017 seront tout de même attendus au tournant la saison prochaine.

Dennis Smith JR, drafté en 9ème position par les Dallas Mavericks, est sans doute l’un des rookies les plus spectaculaires de la NBA. À son actif, des dunks de folie, des dizaines de tirs à 3 points, et des performances individuelles de showman. Le meneur s’est fait remarquer pour son jeu et des qualités athlétiques impressionnantes. Trop inconstant et mal entouré dans une faible équipe de Dallas, les résultats collectifs n’ont pas suivi dans cette première saison.

De’Aaron Fox, meneur américain de 20 ans, a été drafté en 5ème position par les Kings de Sacramento l’été dernier. Il s’est rapidement imposé en tant que meneur titulaire d’une équipe des Kings en reconstruction et trop inconstante. Il a tout de même pu montrer ses qualités individuelles impressionnantes. Son bilan reste pourtant un peu timoré, tant il était esseulé toute la saison (11ppm,4pdm en moyenne). Le rookie de Sacramento devra sans doute plus se montrer l’an prochain pour franchir un pallier en NBA, et côtoyer le niveau de ses concurrents.

Josh Jackson était l’une des plus grandes promesses de cette draft 2017. Drafté en 4ème position par les Suns de Phoenix en provenance des Jayhawks du Kansas, l’ailier de 20 ans est considéré comme l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération. Il a confirmé ce statut dès le début de la saison régulière, en gagnant une place de titulaire grâce à de bonnes performances, dans une équipe très jeune et désorganisée, qui a fini dernière de la ligue avec un bilan catastrophique de 61 défaites et 21 victoires. Dur de performer dans ces conditions pour Josh Jackson, qui nous a tout de même gratifié de quelques gestes de classe au cours de la saison.

OG Anunoby, ailier anglo-nigérian de 20 ans, drafté en 23ème position, a lui créé la surprise et s’est imposé comme le 6ème homme des Toronto Raptors, meilleure équipe de la saison régulière à l’Est. Il a réalisé une bonne saison, mais n’a pas beaucoup scoré (seulement 5ppm en moyenne). C’est donc surtout sur le plan collectif et défensif que ce rookie a performé.

La course au titre de Rookie de l’année est terminée. Verdict le 25 juin, lors de la cérémonie des NBA Awards 2018, qui aura lieu à Los Angeles.

Pour patienter, on vous laisse vous faire votre propre idée.

Khémiss ANTONY

Arno TARRINI