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L’improvisation a la cote chez les jeunes azuréens
Dans son histoire, le théâtre a su se renouveler et proposer des nouveautés. Désormais, la tendance émergente, c’est le théâtre d’improvisation, qui attire de plus en plus les jeunes.
Romain (à droite) fait partie de ces jeunes qui ont sauté le pas de l’improvisation (Crédit : Khémiss Antony)
À la maison des associations de Cannes, c’est le rendez-vous hebdomadaire entre les membres de la LIC, la Ligue d’improvisation Cannoise. Au programme, échauffements physiques et vocaux, improvisations en duo ou en quatuor sur des thèmes variés pouvant aller de la relation employé-patron aux copains d’enfance. Entre éclats de rire et remarques du professeur, la séance se clôture sur une session de match d’improvisation entre les participants.
Vêtu d’un pull siglé “Montréal”, rappelant les origines de l’improvisation (voir encadré), Romain, 25 ans, fait partie de la ligue depuis presque un an. “J’ai vu plein de spectacles d’improvisation à Montréal, et ça m’a tout de suite plu.” Alors quand cet Azuréen est revenu vivre sur la Côte, il a décidé de s’y essayer. Le théâtre est tout de suite devenu sa passion. “J’ai débuté par l’impro, et là je commence à monter une pièce de théâtre. Normalement, c’est le chemin inverse”.
Romain recommande l’improvisation à tous les jeunes. “C’est plus ouvert [que le théâtre classique (ndlr)], il n’y a pas ce côté carré qui peut faire peur à beaucoup de monde. C’est un excellent moyen de sortir de notre société, faire n’importe quoi, dépasser les barrières… de “s’en foutre”. On peut faire ce qu’on veut sur scène et on s’amuse”.
L’improvisation, une tendance qui monte
À l’instar de la LIC, de nombreux collectifs ont émergé ces dernières années dans les Alpes-Maritimes. C’est le cas de la Ligue d’improvisation de la Côte d’Azur (LICA), créée en 2016 par Stef Sirven, et qui est désormais la plus grande du département avec 45 membres. Il se rappelle avoir “flashé” sur le théâtre d’improvisation il y a une quinzaine d’années, avant de fonder il y a deux ans un groupe pour pouvoir “mettre en avant cet art émergent et pousser les jeunes à s’y impliquer”. Pour Stef, beaucoup de jeunes sont plus intéressés par l’improvisation car elle confère “une certaine liberté”, et cela permet “d’acquérir plus de confiance en soi, essayer de vaincre sa phobie, devenir plus à l’aise”. C’est pour cela que la plupart des improvisateurs s’y lancent directement sans passer par le théâtre traditionnel, comme l’a fait Stef auparavant.
Les professeurs de théâtre se servent de l’improvisation, mais ils ne sont pas tous d’accord avec les méthodes de la LICA.
Moana Louis, enseignante à la MJC Picaud, dirige souvent des ateliers d’improvisation avec des jeunes. Pour elle, “cela développe le travail d’équipe, les idées, la mise en scène, les situations, on est dans l’immédiateté. C’est très intéressant, c’est une bonne facette du théâtre, mais ce n’est qu’une seule facette.” Elle estime que le théâtre classique et d’improvisation sont compatibles malgré leurs différences. Gilles, 18 ans, est un de ses anciens élèves. “J’aimais bien faire des spectacles et de l’improvisation avec Moana, partager ma passion avec le public. J’ai continué au conservatoire au lycée. Je veux bien refaire du théâtre, et pourquoi pas du théâtre d’improvisation, après mes études.” C’est également le cas de Laurent Grappe, comédien au théâtre national de Nice (TNN) et également professeur, qui est convaincu que “pour développer son jeu, il est incontournable de passer par l’improvisation”.
D’autres facettes, comme le stand up, se rapprochent de l’improvisation et sont très appréciées par les jeunes. Certains s’essayent donc à l’art du théâtre d’improvisation en suivant des exemples comme le duo comique francilien Odah et Dako, “les rois de l’impro”. Ces deux jeunes de 29 et 30 ans ont fait du stand up impro leur spécialité. Leur page Facebook témoigne de leur popularité croissante avec plus de 620 000 mentions j’aime, et plusieurs millions de vues à chaque vidéo. Le principe de leur spectacle : improviser des scènes à partir des mots et des personnages proposés par le public.
Un exemple parmi d’autres qui confirme l’improvisation comme une véritable tendance.
Khémiss ANTONY
Hugo BRUN
Nicolas CALOUSTIAN