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Les évolutions mondiales des droits LGBT
La communauté LGBT acquiert de plus en plus de droits dans les différents pays du globe. Bien que le combat reste difficile, un changement de la législation envers les personnes homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles est bel et bien en cours.
L’Inde a procédé le 6 septembre dernier à la dépénalisation de l’homosexualité. Jusqu’ici avoir des relations sexuelles avec une personne du même sexe était considéré comme un crime. La dépénalisation a déjà été prononcée par la haute cour de Delhi en 2009 avant d’être annulée par la cour suprême en 2013, estimant qu’il était du ressort du législateur et non de la justice de faire changer cette loi. Or cette fois, ce sont les juges de la Cour suprême de Delhi qui ont jugé illégal l’article 377 du code pénal sur le “sexe contre nature”. Selon le code pénal indien datant de l’ère coloniale britannique, l’homosexualité était avant cette décision, passible de prison à vie. Dans ce pays de 1,25 milliards d’habitants qui reste très ancré dans les traditions cette dépénalisation constitue une très grande avancée largement saluée par la presse indienne. La nouvelle a été célébrée par de grands rassemblements aux couleurs arc-en-ciel dans les rues de New Delhi, Bangalore et Calcutta.
Inspirée par ce renversement, la communauté LGBT tunisienne espère elle aussi sortir de l’illégalité. Cette dernière se bat contre l’article 230 du code pénal qui punit l’homosexualité de trois ans d’emprisonnement. En Tunisie, les homosexuels sont également victimes de violences régulières. Les associations dénoncent des pratiques policières qui s’apparentent à de la torture comme le test anal dont la valeur scientifique est loin d’être prouvée, qui consiste à introduire un tube dans l’anus de l’accusé pour vérifier la présence de sperme. Selon ces associations, près de 200 personnes seraient actuellement en prison en Tunisie pour des faits d’homosexualité.
En Malaisie aussi la situation pour les homosexuels reste très dure à vivre. Selon un sondage du Pew Research Centre en juin 2013, seulement 9% de la population malaisienne jugent l’homosexualité acceptable. Le 12 août dernier, deux jeunes femmes ont été condamnées par le tribunal religieux de l’état du Terengganu pour “tentative de relation sexuelle” avec une personne du même sexe. Les deux femmes âgées de 22 et 32 ans ont été arrêtées en avril dernier après avoir été découvertes en plein rapport sexuel dans une voiture. Elles ont dû s’acquitter d’une amende de 3300 ringgits ce qui équivaut à 700 euros et se sont faites frappées à coups de bâtons en place publique le 4 septembre dernier. L’arrivée au pouvoir en mai 2018 de l’alliance politique Pakatan Harapan laissait espérer des réformes en faveur des droits de l’homme, à l’inverse l’homophobie ne fait que s’intensifier dans le pays et la situation s’aggrave.
La situation s’envenime également en Roumanie, ce pays d’Europe de l’Est s’apprête à organiser un référendum le 7 octobre prochain pour voter l’interdiction du mariage homosexuel. Actuellement, le mariage est simplement désigné comme « une union entre deux époux » dans la constitution roumaine. Si l’interdiction récolte plus de 50 % des voix et que le référendum obtient un taux de participation d’au moins 30 %, la réforme fera modifier ce passage, qui deviendra « une union entre un homme et une femme ». Un retour en arrière qui s’explique par la pression de l’Église qui œuvre depuis déjà trois ans pour mettre en place cette réforme.
Des progrès dans le domaine législatif en faveur des gays et lesbiennes sont tout de même présents dans d’autres parties du monde. Au Kosovo par exemple, une toute première Gay pride a eu lieu mardi 11 septembre, dans les rues de Pristina la capitale. Environ 300 personnes ont répondu à l’appel de l’événement et ont participé au défilé dans la ville. Le président Hashim Thaçi était sur place et a déclaré : “toutes les communautés sont égales”. Malgré cela, le pays est majoritairement homophobe puisque “80% des membres de la communauté LGBT a déjà subi des violences physiques, du chantage ou des pressions” au Kosovo selon un des organisateurs, Agim Margilaj. Cette Gay pride est donc symbolique.
Pour ce qui est de la communauté transgenre, un grand pas a été franchi au Chili. Le changement d’état civil pour les personnes transsexuelles et intersexes va être facilité. L’Argentine, la Colombie et la Bolivie l’ont déjà adopté, après quatre années de débat, le gouvernement chilien a décidé de faire de même. Cette loi permettra aux transgenres de plus de 14 ans de faire modifier la mention du genre sur leurs documents d’identité après un simple passage devant l’officier d’état civil. Cependant, ils devront être en présence de deux témoins. Pour les personnes mariées il faudra avoir divorcé avant puisque le mariage homosexuel est toujours illégal au Chili. Les personnes transsexuelles n’auront plus l’obligation de passer devant un juge et un psychiatre pour obtenir de nouveaux papiers conformes à leur genre. Le texte de loi doit entrer en vigueur l’année prochaine selon la Tercera et doit être proclamé par le président Sebastián Piñera avant le 12 octobre.
Ana Michelot