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L’avenir de Manuel Valls sera catalan
Ce n’était pas une grosse surprise, mais c’est devenu officiel : Manuel Valls est candidat à la mairie de Barcelone. Après avoir laissé de nombreux indices, dignes du petit poucet, l’ancien premier ministre a transformé ces « rumeurs » en candidature officielle. Ses adversaires politiques qui dénonçaient son absentéisme à l’Assemblée Nationale et demandaient sa démission ont obtenu gain de cause : il démissionnera de tous ses mandats en France.
Une nouvelle acrobatie politique pour Manuel Valls. Fraîchement réélu député, il quitte l’hémicycle pour tenter de gagner la mairie de la capitale catalane : Barcelone, sa ville de naissance. Depuis avril, il laissait planer le doute et n’officialisait rien. Mais une photo publiée le 21 mars sur son compte Twitter a inversé la tendance. « Barcelone… », pouvait-on lire, accompagné de ses pieds en train de fouler le sol catalan. Un homme décidemment prêt à en découdre.
Barcelona… pic.twitter.com/6IAsPznecP
— Manuel Valls (@manuelvalls) 21 septembre 2018
« Exigeons la démission de Manuel Valls, député fantôme ». Tel est le titre d’une pétition en ligne lancée le 16 septembre, à l’initiative de Farida Amrani, ancienne adversaire de Manuel Valls. Ce dernier multipliant les apparitions en Espagne, une partie de la classe politique française s’inquiétait de le voir garder son poste de député en parallèle de sa campagne municipale espagnole.
Rappelez-vous, c’était il y a un peu plus d’un an, en juin 2017. Dans la première circonscription de l’Essonne, le deuxième tour des élections législatives s’était montré très tendu. Manuel Valls, candidat affilié La République en Marche !, l’emporte de peu face à son adversaire, Farida Amrani, candidate France Insoumise. Le soir de l’élection, le marcheur annonce sa victoire, avec un score de 50,3%, et 139 voix d’avance. Seul souci, son adversaire insoumise annonce elle aussi sa victoire, dénonçant des « soupçons de triche »et des « irrégularités dans certains bureaux ». L’ancien premier ministre a finalement obtenu le siège de député de l’Essonne, le conseil constitutionnel reconnaissant l’existence d’irrégularités, mais en nombre insuffisant pour annuler l’élection. « 66 votes, correspondant à des différences de signature significatives, doivent être regardés comme irrégulièrement exprimés. Ces suffrages irréguliers restant en nombre inférieur à l’écart de voix entre les deux candidats du second tour, cette irrégularité ne saurait conduire à l’annulation des opérations électorales », déclarait l’institution.
Une candidature qui fait réagir
Une histoire ancienne, qui est donc revenue sur les devants de l’actualité avec cette pétition, et avec l’annonce de la démission de Manuel Valls de l’Assemblée Nationale. Cette dernière a beaucoup fait réagir.
Surtout du côté de la France Insoumise, qui garde un goût amer de cette élection dans l’Essonne. « Nos premières pensées vont ce soir à nos concitoyens et plus particulièrement à celles et ceux qui se sentent trompés et trahis par Manuel Valls. Il est temps de tourner cette sinistre page pour notre territoire, dénonce Farida Amrani. Cette démission est donc une bonne nouvelle, pour tous les habitants de la 1èrecirconscription de l’Essonne ainsi que pour la France ». Même son de cloche pour Charlotte Girard. « Valls démissionne et renie son mandat arraché de justesse aux Essonniens, déclare l’ancienne membre de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. L’Essonne n’aura été pour lui à nouveau qu’un tremplin. »
Sur place, en Catalogne, tout le monde ne voit pas d’un bon œil la candidature de Manuel Valls. C’est le cas de Carlos Puigdemont, député au Parlement de Catalogne et ancien président de la Généralité de la région. « [Pour avoir une idée] de ce que veut appliquer Manuel Valls à une ville qu’il ne connaît pas, il suffit de voir quelle est l’opinion de ses compatriotes français sur son activité, ses engagements, sa politique. »
Du côté des députés de La République en Marche, le ton n’est pas du tout le même. Cette candidature « est l’incarnation même d’une vraie citoyenneté européenne dont je rêve, sans frontière » pour Sylvain Maillard. Aurore Bergé déclare elle que ce choix est « une voix forte et une intransigeance sur des valeurs essentielles : belle route Manuel Valls ! »
De nouvelles élections prévues en Essonne
« La semaine prochaine, j’abandonnerai mon mandat de député et toutes mes responsabilités locales », a déclaré le candidat à la mairie de Barcelone. La loi, pourtant, ne l’en obligeait pas. Celle-ci interdit à tous les parlementaires d’occuper une fonction de maire en même temps (non-cumul des mandats), sauf si cette dernière se fait à l’étranger. S’il avait fait ce choix, il aurait sans doute été mal vu pour un ancien premier ministre qui s’est battu pour le non-cumul des mandats.
Sa démission étant volontaire, la loi précise que sa suppléante ne peut pas le remplacer. La tenue de nouvelles élections est donc obligatoire dans la première circonscription de l’Essonne. Pour l’instant, tous les partis ne se sont pas prononcés sur leurs candidats. Seule certitude, la participation de Farida Amrani au scrutin, qui compte bien prendre sa revanche.
Gaspard Flamand