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[Mouans-Sartoux] Simone Veil : quel beau symbole !
Un portrait de Simone Veil, peint sur un mur du gymnase, a été dévoilé hier au public de Mouans-Sartoux.
Ce vendredi midi, un portrait de Simone Veil a été dévoilé sur le mur du gymnase René-Friard, dans le centre-ville de Mouans-Sartoux. Le visage de l’ancienne ministre d’Etat a été peint par l’artiste de rue C215. Le graffeur parisien a révélé une œuvre bleutée et circulaire, mettant à l’honneur Simone Veil, symbole de la lutte pour le droit des femmes.
En cette occasion, une cérémonie publique, non protocolaire, a été organisée. Marie-Louise Gourdon, commissaire en charge du festival, a rappelé le parcours difficile de la femme politique, avant d’énumérer bon nombre de ses combats. “L’objectif est de rendre hommage à une personne universelle qui partage un certain nombre de valeurs essentielles.” Plusieurs auteurs, tels Adélaïde Bon et Bernard Werber, ont assisté à ce moment solennel.
Des groupes scolaires ont participé, à leur manière, à ce petit événement. Des collégiens ont dû relever un défi artistique périlleux : dessiner leur propre portrait de Simone Veil. Sept d’entre eux, de jeunes élèves mouansoises, ont porté des messages en faveur de l’avancée des droits des femmes. Sur leurs pancartes, brandies à bout de bras, on pouvait lire les slogans : “Un enfant si je veux quand je veux”, “Fêtées une journée, exploitées toute l’année” ou encore “A travail égal, salaire égal”. Pour clôturer la cérémonie, trois lycéennes ont récité le célèbre discours de Simone Veil devant l’Assemblée nationale. “Aucune femme ne recourt à l’avortement de gaieté de cœur”, clamaient Aménie, Jeanne et Margaux, scolarisées en classe de seconde au lycée Alexis de Tocqueville de Grasse. L’an dernier, elles avaient déjà participé à la création d’une pièce de théâtre qui retraçait le parcours si singulier de cette femme, première ministre d’Etat féminine et première présidente de la Commission européenne.
L’infatigable commissaire du festival a aussi mis à l’honneur l’artiste à l’origine de ce portrait. Christian Guémy, alias C215, a graffé pour la troisième fois cette native de Nice, “une femme moderne, un exemple pour toutes les jeunes filles”, selon l’artiste contemporain.
Un emplacement particulier
Dessiné sur l’un des murs du gymnase René-Friard, le visage est volontairement placé “à hauteur d’homme, pour pouvoir croiser son regard”, justifie l’artiste. Situé entre deux centres sportifs et près du collège La Chênaie, le portrait tient une place stratégique. Chaque matin, les collégiens croiseront donc le regard presque maternel de Simone Veil. “Une façon d’inspirer la jeunesse”, espère Marie-Louise Gourdon.
C’est la première fois qu’une peinture murale orne les rues de Mouans-Sartoux. “C’est un réel succès”, se félicite-t-elle. L’adjointe à la culture confie aussi son envie de voir de nouveaux graffitis apparaître sur les nombreuses façades de sa cité. Une façon de célébrer l’art, hors de son cadre habituel. C215 devrait très prochainement exposer, sur les murs du collège, un colibri, l’un des symboles de la ville et de son festival, et qui deviendra le nouvel emblème de l’établissement scolaire.
“Nous lui devons beaucoup”
Interview avec Marie-Louise Gourdon.
Pourquoi avoir choisi de représenter le visage de Simone Veil ?
J’avais très envie que ce soit un portrait de femme. Je voulais vraiment quelqu’un qui soit emblématique de tout ce à quoi on croit : la dignité humaine, l’égalité entre les hommes et les femmes, la défense et le respect de chacun. Tous les combats qu’elle a menés, on les partage. Et pour ça, on peut lui dire merci.
Qu’est-ce qu’elle symbolise pour vous ?
Pour moi, elle symbolise vraiment un XXe siècle qui était difficile, dont elle est sortie avec dignité. Elle avait une force de caractère et des idéaux qui sont superbes.
Est-ce que son personnage correspond à l’esprit du festival ? Elle a été ministre d’un gouvernement de droite…
Justement, elle a toujours dit “Parfois je suis de droite, parfois je suis de gauche”. Ainsi elle transcende ces frontières. Elle se plaçait toujours au-dessus des partis. Je trouve cela admirable, quand on défend les valeurs humaines. Personnellement, je vois, au-delà de son appartenance politique, les valeurs de liberté et d’ouverture que nous défendons depuis 31 ans. Ici, on laisse la liberté de parole, on encourage la réflexion, les débats, c’est ça notre but dans ce festival.
En attendant, vous pouvez retrouver une deuxième œuvre de C215 : un chat, sur le mur de La Poste. Il sera accompagné d’autres “surprises colorées”, qui apparaitront au cours du week-end. “Et peut-être qu’un jour, Simone Veil aura sa rue ici…”, confie la commissaire du festival.
Arno Tarrini et Bastien Blandin