octobre 09

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La transformation de la violence dans le rugby

La démocratisation et la professionnalisation du rugby ont-elles augmenté la violence dans le jeu ? C’est ce que l’on pourrait se dire quand on regarde un match. Le nombre de commotions par saison a explosé. En Top14, durant la saison 2016-2017, on a dénombré 102 commotions cérébrales, soit une augmentation de 35% par rapport à l’année précédente, selon le journal L’Equipe. Or, il serait réducteur de considérer que les joueurs sont les seuls responsables de cette violence. C’est en effet le jeu qui est plus rude, pas forcément les joueurs entre eux.

« Le rugby est plus rude au niveau des contacts »

Les blessures des joueurs professionnels deviennent de plus en plus impressionnantes. (Crédit Photo : Rugbiterre)

C’est une transformation du type de jeu qui peut être à l’origine d’une sensation de violence dans le rugby, pas les joueurs en eux-mêmes. Lucas Daminiani, rugbyman professionnel à l’association sportive Béziers Hérault, appuie sur le fait que « le rugby est différent, avant, il y avait beaucoup plus de violence. Aujourd’hui, je dirais qu’il est plus rude dans les impacts. » En somme, les joueurs, entre eux ont moins de gestes violents, mais c’est la pratique et le style de jeu qui devient plus dur. Pour Jonathan Best, capitaine de l’ASBH, « le rugby est plus violent, mais dans le jeu, c’est-à-dire dans les contacts et dans les déblayages ». Moins de gestes parasites et d’antijeu, moins de bagarre générale, ce qui permet une fluidité plus importante au cours des matchs. On observe donc une violence différente de celle des générations passées, mais pas son augmentation à proprement parlé.

Un jeu plus violent à cause de la démocratisation du rugby

Le jeu s’est transformé parce que le rugby français a accueilli de nombreux joueurs extérieurs au cours de ces dernières années. Dans les grandes nations de rugby, comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Angleterre ou encore l’Irlande, c’est un tout autre rugby qui est pratiqué. Pour Jonathan Best, le rugby anglophone a amené « quelque chose de plus pragmatique, moins foufou comme l’était le rugby français qui faisait place à l’initiative individuelle ». Pour Francis, fervent supporter de rugby depuis plus de soixante ans, le rugby a bien changé. « Avant, le terrain était composé de copains, et parfois, quelques bagarres. Mais maintenant, on cherche systématiquement à se faire mal sur les plaquages », reconnait-il avec une pointe de nostalgie. Même si aujourd’hui, le nombre de joueurs professionnels a augmenté grâce à sa démocratisation, les carrières sont plus courtes. Les commotions et les impacts abîment les joueurs, et dès 26 ans, on peut annoncer sa retraite, comme Reggie Goodes, ancien joueur des Hurricanes. Aristide Barraud est le premier à en témoigner dans son livre Mais ne sombre pas, « le rugby pro est corrosif, il peut détruire les hommes autant qu’il les forme ».

Un rugby qui inquiète de plus en plus

Louis F

Louis Fajfrowski est décédé le 10 août, à Aurillac, à la suite d’une rencontre amicale. (Crédit Photo : D. R.)

Le décès du joueur aurillacois de 21 ans, Louis Fajfrowski a bouleversé la France en août dernier. Un signal d’alarme pour la pratique de ce sport. Un placage dans les normes et la reprise trop tôt des entraînements sont mis en cause dans cette affaire. De vibrants hommages ont résonné dans les stades de ProD2 et de Top14 à la suite de ce drame. La Fédération Française de rugby a été appelée à réagir et à prendre des mesures concrètes. Un nombre de fake news ont fait le tour de la toile durant le mois d’août, disant que les placages seraient interdit jusqu’à l’âge de 12 ans. Ce qui a rapidement été démenti par la FFR, expliquant qu’un nouveau style de rugby allait être mis en place, mais que le placage ne serait pas interdit. Un nombre de fake news qui prouve cependant la peur des pratiquants vis-à-vis des blessures graves. Aujourd’hui, on remarque toutefois que les arbitres sont intransigeants au niveau des placages, et que la limite ne doit plus être dépassée.

Gwenaëlle Souyri