Asperger et chômeur

Entrer dans le monde du travail est un vrai défi pour les jeunes autistes. Ils sont dotés de qualités hors norme mais ils doivent faire face à un chômage quasi-obligatoire. Des associations luttent à leurs côtés pour faire évoluer le monde du travail.

 Dès leurs dix-huit ans, il n’existe plus de services adaptés pour accueillir les jeunes autistes. L’établissement et service d’aide par le travail (ESAT) a pour objectif d’insérer professionnellement et socialement des adultes handicapés. C’est le seul lieu adapté pour des jeunes atteints d’autisme mais ils ne peuvent pas y être accueillis, faute de places. Les jeunes autistes n’ont donc pas accès aux infrastructures leur permettant de s’intégrer dans le monde du travail. Sur la Côte d’Azur des associations essaient à tout prix de les intégrer.

Ils ne veulent pas être comme nous, il leur faut des clefs pour comprendre le monde du travail.

Des associations comme Atypiq à Antibes ou encore Autisme PACA à Six-Four-les-Plages viennent en aide à ces jeunes en leur permettant de trouver un emploi. Chez Atypiq, deux jours par mois, ces jeunes travaillent leur sociabilité avec des moniteurs et leur gestuelle lors de cours de théâtre. Christian Ghio le président, souligne : Ils ne veulent pas être comme nous, il leur faut des clefs pour comprendre le monde du travail.”.

L’association Autisme PACA a pris en charge une douzaine de jeunes autistes qui désiraient accéder au monde du travail, mais les bénévoles ont vite fait face à un obstacle. Il y a un fossé entre le monde scolaire et le monde du travail. Ces jeunes qui excellaient à l’école ont dû, une fois en recherche d’emploi, faire face à leurs problèmes de communication.  Magali Amiel-Quercioli, bénévole de l’association  raconte :  “On a un jeune qui s’était orienté en CAP espace vert alors quil ne supportait pas avoir les mains sales.

L’association aide les jeunes autistes à faire leur CV et à préparer leurs entretiens d’embauche. Un suivi psychologique est mis en place pour qu’ils puissent mettre des mots sur qui ils sont et sur ce qu’ils ressentent. Ces associations jouent un rôle primordial, elles vont permettre aux jeunes autistes de s’orienter vers un métier qui leur est adapté et dans lequel les entreprises peuvent aménager leur espace de travail. Elles servent aussi de relais avec les entreprises notamment pour leurs expliquer l’autisme et les réactions à adopter.

Sur la Côte d’Azur, Avencod est l’une des rares entreprises a travailler avec ce public.

Laurent Delannoy le directeur, a d’abord travaillé avec l’antenne de Nice du Centre de Ressources Autisme . Composée de neuropsychologues, d’une psychomotricienne et de médecins, ils ont organisés l’espace de travail et sensibilisés tous les employés. Les principaux aménagements sont : une lumière tamisée, l’interdiction des téléphones portables dans les bureaux, des jeux, des casques actifs absorbeurs de bruits, un endroit calme et une pancarte à l’entrée des bureaux avec en noir sur fond rouge « Ne pas déranger ».

Aujourd’hui, il demande directement à ses équipes quels aménagements supplémentaires sont nécessaires pour un espace de travail optimisé, « les premiers concernés sont les plus aptes à s’exprimer ». Une relation de confiance s’est installée avec son équipe. Aujourd’hui le travail de ses « équipiers Asperger » étonne et satisfait pleinement ses collaborateurs.

Portrait

angélique et son bébé

Angélique Gioh est une jeune mère de famille de 24 ans. Il y a un an elle a acheté une maison à Saint Martin de Vésubie et elle s’est mariée. C’est le 1er avril 2011, à l’âge de 17 ans que le résultat tombe : elle est atteinte du syndrome d’Asperger. Elle a dû se battre pour pouvoir poursuivre ses études, un parcours semé d’embûches. Entre les institutions qui ne cherchent pas à l’aider et le CNED qui ne modifie pas ses habitudes, Angélique à eu beaucoup de mal à atteindre son but. Ses parents ont d’ailleurs été les premiers à envoyer l’Éducation National au tribunal et à gagner le procès. Toute cette détermination l’a amenée à une première année de licence de médecine. Aujourd’hui elle est bénévole pour l’association Mercantour Artisanat qui regroupe plusieurs artisans du Mercantour. Ce sont ses parents qui lui ont donné cette possibilité en lui léguant la boutique dans laquelle siège l’association. Le bénévolat est la seule solution qui lui convient pour l’instant, « il me permet de travailler à mon propre rythme et de vivre normalement. ». Si elle ne travaille pas, ses allocations peuvent lui être retirées. Ses horaires sont aménagés, ce qui lui permet de se reposer et de s’occuper de son jeune fils.

Yeelen Tanche et Imane Bounar