
Étiquettes
L’art de la dédicace vu par Sandra Colombo et Nicole Ferroni
Le festival du livre de Mouans Sartoux, c’est la rencontre d’auteurs philosophiques, scientifiques, historiques mais aussi humoristiques. Mais au delà de ça, c’est surtout l’occasion rêvée pour les lecteurs de faire dédicacer leur livre par leurs auteurs favoris. Au stand de Nicole Ferroni et Sandra Colombo, les deux humoristes se sont prêtées au jeu et ont accepté de dévoiler leurs secrets en matière de signatures.
Où trouvez-vous l’inspiration pour vos dédicaces ?
N : Des fois on la trouve dans les gens eux-mêmes. C’est à dire qu’on leur pique ce qu’ils sont et on le siphonne avec une petite paille spirituelle et on couche notre inspiration sur le papier. Donc par exemple, une personne va me dire « ah oui moi je suis prof de SVT comme vous » et bah j’écrirai « chère Monique, vivement que tu deviennes chroniqueuse sur France Inter dans quelques années ». Alors après y en a qui ne sont pas prof de SVT, ils sont juste barbus et avec des boutons, dans ce cas on leur écrit juste « pourvu que ça passe ».
Et le manque d’inspiration, ça vous arrive parfois ?
S : Ah oui tout le temps ! En fait on est des fumistes hein il faut le savoir. Les gens qui vont lire cette interview, et bien certaines fois on vous a bien roulé dans la farine messieurs dames.
N : Non mais quand même, on écrit plus de deux phrases chacune, ce qui est en fait assez rare, il parait, pour des dédicaces.
S : Et alors surtout, je l’ai vu des mes yeux vu, à Brive l’année dernière, lors d’un immense salon du livre, des gens qui ont des tampons. Il y a une file de genre deux heures et quand tu arrives avec ton bouquin, le mec te le tamponne.
N : Et oui mais en même temps, s’il n’avait pas de tampon, la file ferait bien plus que deux heures. Donc moi je compatis.
S : Mais en général c’est vrai que nous faisons de grosses dédicaces et les gens sont souvent surpris. Parfois ils nous demandent si c’est plus cher et tout ça, mais non c’est le même prix.
Les fautes d’orthographe sont elles récurrentes ?
S : Ah carrément ! Et surtout on est spécialistes des phrases qui commencent mais qui ne finissent pas ou qui finissent très très mal.
N : Ah ouais ça c’est bien le truc de Sandra ! Sandra elle commence à écrire normalement et d’un coup elle met « je ne finirai jamais cette phrase » parce qu’entre temps elle a perdu l’inspiration. Et moi ma spécialité c’est qu’étant donné que je ne sais pas faire deux choses à la fois, quand je dédicace et que Sandra parle à côté, je prends un mot de sa conversation que j’écris et qui n’a donc aucun rapport. Et ce qu’on fait aussi, ce sont les oublis de mots. Par exemple hier, un monsieur nous dit « oh moi je suis fan de Nicole Ferroni », du coup elle elle a écrit « je suis contente que vous soyez de Nicole Ferroni ». En relisant sa dédicace je lui dis « mais il manque un mot Sandra » et oui, elle avait oublié le mot « fan ». Voilà vous savez tout de nos secrets de dédicaces.
Et avez-vous un souvenir d’une anecdote drôle en dédicace, quelque chose qui vous a marqué ?
S : Plus drôle que celle qu’on vient de vous raconter ?! Non non là vous nous en demandez trop !
N : Moi je sais que des fois je suis tellement fatiguée que je ne comprends plus ce que les gens me disent. Par exemple ils me disent « c’est pour ma soeur qui s’appelle Claudine mais moi je m’appelle nanana et on va lui offrir », du coup je confonds tous les prénoms et entre deux personnes je mets n’importe quoi. Entre temps la personne s’en va avec son livre dédicacé. Une heure après elle lit ce que je lui ait écrit, et elle se dit « mais elle a rien compris » donc la personne revient, elle me dit « excusez moi mais ce n’est pas ça. Ma soeur c’est Agnès, moi je ne sais pas qui est Francine ». Donc je m’excuse et je lui fais une grosse rature.
Pas trop mal au doigt à la fin de votre journée ?
S : Moi j’ai surtout mal à l’épaule, parce qu’on écrit plus de l’épaule que du doigt. C’est bizarre hein ?!
N : Moi j’ai mal au cerveau, à la fin j’ai une barre au milieu du front.
S : Ah bah moi je n’ai pas de cerveau, c’est pour ça que je n’ai pas mal !
Marjolaine Baud-Laignier