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Michka Assayas raconte le rock
Le dimanche 7 octobre, le chroniqueur musical Michka Assayas est passé dans les rues du festival de Mouans-Sartoux pour présenter son livre Very good trip : le rock au pays des rêves. Depuis l’été 2015, il tient une émission sur France Inter qu’il anime quatre fois par semaine. Le livre reprend les émissions du journaliste. Michka Assayas est passé dans différents médias. D’abord du côté de la presse écrite où il a écrit pour les rédactions de Rock’n’folk, de Libération et des Inrockuptibles. Il a aussi une carrière en radio chez Radio Nova et plus récemment au micro de France Inter. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec cette référence de la musique en France. Il nous raconte les meilleurs moments rock de sa vie. Entretien.
Au début de votre livre, vous dites avoir écouté pour la première fois du rock à l’âge de 9 ans. Est-ce que vos parents vous ont influencé dans cette voie ?
Mes parents n’y sont pour rien, c’étaient les hasards des programmes de radios qui pouvaient diffuser des chansons modernes de l’époque. Eux n’étaient pas du tout intéressés par ce genre de musique. Il faut garder à l’esprit qu’il y avait un fossé entre les générations surtout à cette époque (les années 60). Mon père n’écoutait pas de musique, ma mère aimait le jazz, la musique classique. Je vivais avec mon père, ma mère rentrait que les weekends. Mais je ne sentais pas du tout d’encouragement de la part de mes parents à écouter ce genre de chose. A la maison ce n’était pas important et ça ne méritait pas qu’on en parle, alors je me suis fait ma propre histoire tout seul, en trouvant des disques dans les magasins.
Comment avez-vous vu la musique, et particulièrement le rock, évoluer ?
C’est une musique encore vivante mais très ancienne, on a pas la même perception de la musique quand on a 15-20 ans et à 50 ans. A l’époque, le monde ne nous parvenait pas de l’extérieur. Pour savoir ce qu’il se passait à Londres, New York, Woodstock, etc., on avait peu de moyens, a part certaines émissions de radio qui passaient tard le soir, journaux et certains disques. Il y avait une curiosité pour cette musique car elle reflétait une révolution. Il fallait aller chercher ces disques qui vous parlaient d’une autre vie. Aujourd’hui, la musique est partout, tout le temps, avec le streaming et le nombre incalculable de radios. Avant, on avait un côté underground si on intéressait à ca comme culture. C’est l’ennui qui fait que je sortais de chez moi pour aller chercher des choses rares, qui m’ouvrait une porte sur le monde. La mondialisation sur le plan musical n’était pas accomplie comme elle l’est aujourd’hui.

Very Good Trip : le Rock au pays des rêves est le 13ème ouvrage de Michka Assayas. (Crédit ActuLitté)
S’il fallait choisir un titre ou un album pour faire connaître le rock à un jeune, ce serait quoi ?
Ce n’est pas possible, moi j’ai fait ça avec mon fils, j’ai passé en voiture des quantités et des quantités d’album. Si je devais citer un groupe ce serait les Kinks, c’est mon groupe préféré de tous les temps. Ca résume bien tout. Ce qui est intéressant avec les Kinks c’est qu’ils ont commencé à inventer le rock garage, You Really Got Me, des choses comme ça. Ils ont inventé aussi une sorte de pop baroque qui était à la fois satirique, liée aux music hall, des musiques de l’ancien temps. Il y avait tout ce qui me faisait rêver dans la musique c’est à dire à la fois l’énergie, l’humour, la satire, la décadence, la distance par rapport au monde sérieux des adultes enfin il y avait la fantaisie, l’imagination. Ray Davies (chanteur des Kinks) était un chroniqueur de son temps, il s’intéressait à tout ce qui se passait dans la société, la gauche, la droite, l’Europe, l’Angleterre… C’était à la fois un journaliste et un musicien.
Une musique qui pourrait résumer votre vie ?
Good vibrations, des Beach Boys.
Et le punk, à un moment donné de votre vie vous avez eu une période punk ?
Oui c’est ça, ça a correspondu à mes années d’étudiant et puis c’est un peu ça qui m’a mené à peut être trouver une voie personnelle. Je ne voyais pas trop ce que je pouvais écrire sur la musique en ayant 16 ou 17 ans. Cette période punk, c’était un truc des gens de mon âge qui disaient « ils nous font chier, nous on a un truc a dire » comme les Pistols ou les Clash. C’était super excitant et en même temps assez violent, destructeur et négatifs même. Mais enfin du négatif est sorti quelque choses d’autre pour le meilleur et pour le pire. Dans les années 80 il y a des choses à jeter et des choses qui restent. Après je n’étais pas punk dans le sens où je n’avais pas la panoplie, l’épingle à nourrisse avec la crête et tout. C’était plus un état d’esprit. Après bien sur je me suis coupé les cheveux et j’arborais un air un peu indifférent, froid mais j’étais un bon garçon fondamentalement.
Ulysse Goldman
Elliott Sentenac