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La ville de Vichy en finira-t-elle avec sa représentation liée à la Seconde Guerre mondiale ?
La ville de Vichy traine malheureusement encore l’image du « régime de Vichy ». Elle a, et subi toujours, cette période de l’histoire. Alors qu’est-ce que la ville met en place pour éclairer sur la question ?
Légende : Vichy est la « reine des villes d’eaux », un patrimoine qu’elle espère voir reconnaître par l’UNESCO. (Crédit : Wikipédia)
La mort du négationniste Robert Faurisson, le 21 octobre dernier, a réveillé les vieux fantômes qui planent toujours sur la ville de Vichy et ses thermes. L’occasion était trop belle pour accabler la cité thermale, victime des choix de dirigeants mal intentionnés. Inutile de rappeler que c’est Pétain et Laval qui ont choisi Vichy et non l’inverse. Inutile aussi de rappeler les raisons qui ont décidé le gouvernement de l’époque à venir s’installer ici… pas vraiment. Ce sont les nombreux hôtels et les infrastructures de télécommunications internationales dont disposait la ville, qui ont motivé ce choix. Les citoyens, français et vichyssois, n’ont rien décidé. Et l’exaspération des locaux est palpable face à cette image qui ternit leur ville.
Mettre en avant les atouts de la ville
Lorsque que l’on sillonne la charmante ville d’eau, fleurissent au milieu du spectacle coloré qu’offre l’automne dans les parcs vichyssois, des affiches. « Un dimanche à Vichy » peut-on lire sur certaines d’entre elles. Plus loin, on observe « Un été à Vichy », pour conclure une période estivale prolifique sur le plan touristique. « On est dans une communication positive, pour valoriser l’attractivité de la ville », explique Mathias Lucien Rapeaud, chargé de communication à la ville de Vichy. La ville thermale est chargée d’un patrimoine exceptionnel, véritable « reine des villes d’eaux ». Comme l’illustre sa candidature pour rentrer au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette richesse n’a pas réussi à faire taire une image attachée à un régime autoritaire, celui de Pétain et du gouvernement français lors de la Seconde Guerre mondiale, mais pas celui de Vichy. « Le souhait avec l’arrivée du nouveau maire, [Frédéric Aguilera, NDLR] est d’être ouvert sur la question. Il n’y a pas de mal être » affirme Mathias Lucien Rapeaud. La question reste toutefois sensible. Et les élus locaux tentent de faire de la pédagogie. « Quand un journaliste prend la parole, on lui envoie le tract datant du conseil municipal extraordinaire de Vichy en novembre 1944. Il stipule que Vichy n’est pas le siège d’un gouvernement traître à la Patrie, mais la reine des villes d’eaux », confie le chargé de communication vichyssois. Un rappel trop souvent nécessaire. En effet, les termes « Régime de Pétain » ou « État français » doivent se substituer à celui de « régime de Vichy ».
La stratégie de communication adoptée est la suivante : « Par exemple avec l’affaire Faurisson, dans un premier temps, on ne réagit pas. On peut se permettre de prendre la parole ensuite, quand il y a des réactions », analyse Mathias Lucien Rapeaud. Finalement l’essentiel est ailleurs, « le travail est sur tout le reste, sur la communication de la ville et de ses atouts. On ne peut pas réduire 2000 ans d’histoire à quatre années » résume-t-il. Exemple explicite avec l’exposition de 2019 sur l’histoire de Vichy dans le cadre de la candidature pour l’UNESCO.
« On réfléchit sur ce qu’on pourrait mettre en place dans le cadre d’un centre d’interprétation culturelle, patrimoniale, etc. », déclare le membre d’équipe du nouveau maire. Il y a d’autres sujets importants, mais celui-là est sur la table. L’objectif est de pouvoir construire un dialogue sans-gêne. « Il existe une visite organisée par l’office du tourisme sur cette période [de l’État français, NDLR] » conclut Mathias Lucien Rapeaud, pour affirmer que Vichy ne se laisse pas assombrir par cette période si noire.
Guillaume Laclotre