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Un retour qui n’est pas gagné d’avance
Il était l’un des soutiens de la première heure d’Emmanuel Macron. Après avoir abandonné son poste de ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb fait son retour à Lyon. S’il a été réélu à l’hôtel de ville le 5 novembre, rien n’est joué pour celui de la Métropole, tout comme pour les municipales de 2020. Mais n’est-ce pas le mandat trop ?

L’ancien ministre de l’Intérieur a retrouvé son siège de maire de Lyon, le 5 novembre dernier, un mois après son départ du gouvernement. (© Le Figaro)
Il est de retour dans la capitale des Gaules, mais roule-t-il pour son propre compte ou par seul souci du bien-être des Lyonnais ? C’est la question que se posent bon nombre de français. Gérard Collomb a officiellement quitté ses fonctions de ministre le 3 octobre dernier, ce qui a provoqué par la suite un remaniement d’ensemble orchestré par le président de la République et son Premier ministre.
Le 5 novembre, Gérard Collomb a repris sa place de maire qu’il occupait depuis 2001, jusqu’à sa nomination place Beauvau, en 2017. Georges Képénékian, qui l’avait remplacé à l’hôtel de ville, a convoqué la presse le jour même, pour leur présenter sa démission. C’était le contrat. Dès que Gérard Collomb souhaitait revenir à Lyon, son ancien adjoint devait lui céder sa place. Il fallait tout de même que l’ancien ministre de 71 ans passe par une élection au conseil municipal de la capitale des Gaules, mais en y disposant d’une majorité confortable, le résultat n’était pas une surprise. Il n’a pas fait le plein au sein de sa majorité, en obtenant 41 voix sur 73. C’est sept de moins qu’en 2014, où il était soutenu par 48 conseillers municipaux. Les élus socialistes et écologistes ne lui ont, en effet, pas accordé leurs suffrages. Gérard Collomb a tout de même salué le soutien « d’une majorité diverse avec des sensibilités différentes, mais avec une même volonté de porter dans cette ville l’intérêt général ».
De nombreuses contestations se sont fait entendre après sa réélection
À l’issue du vote, les élus qui n’ont pas apporté leur soutien à Gérard Collomb en ont profité pour contester le résultat du scrutin. Nathalie Perrin-Gilbert, maire divers gauche du 1erarrondissement, a pris la parole pour dénoncer le retour de l’ancien ministre. « Je vais vous dire pourquoi vous avez, selon moi, 15 000 raisons de ne pas revenir à la tête de notre ville. 15 000, c’est le nombre de jours écoulés depuis votre première élection, le 25 mars 1977, au conseil municipal. (…) À 600 kilomètres de Lyon, un enfant poussait son premier cri à la maternité d’Amiens : il s’appelait Emmanuel Macron » a-t-elle déclarée. Elle a ensuite critiqué l’opacité autour des opérations de vote de ce conseil municipal extraordinaire.En effet, le mode de scrutin biaisé, à bulletins secrets mais, sans isoloir, n’a pas permis à chacun de voter en son âme et conscience.
Du côté des opposants de droite, Stéphane Guilland, président du groupe Les Républicains du conseil municipal, n’a pas participé au vote. À la fin du scrutin, il en a profité pour souligner le « double discours du candidat et du maire Collomb », en dénonçant le fait que le nouveau maire de Lyon parte aussi rapidement en campagne des futurs municipales. D’autres encore ont critiqué le fait qu’il « lâche » son poste à l’Intérieur et fragilise ainsi la sécurité de tout un pays. Denis Broliquier, maire du 2èmearrondissement s’est indigné de cette décision en déclarant « votre départ, en abandonnant le gouvernement, est choquant. Vous avez fragilisé la sécurité du pays pour assouvir votre ambition personnelle et celle de votre épouse ».
Malgré les nombreuses contestations qui ont suivi la réélection de Gérard Collomb, la majorité des élus présents à salué le travail de « l’intermédiaire » Georges Képénékian, le désormais ex-maire de Lyon.
Le mandat de trop ?
L’ancien ministre de l’Intérieur est donc déjà reparti en campagne et entend se consacrer à la bataille des municipales, annonçant qu’il ne se réclamerait d’aucune étiquette. Il préparait son retour depuis quelques mois déjà, une association qui s’appelle « Prendre un temps d’avance » a même été créée pour préparer la campagne de 2020. Elle aura pour vocation de faire émerger une nouvelle génération qui soit prête à s’engager pour l’avenir de la ville. À Lyon, nombreux sont ceux qui désapprouvent le scénario d’une nouvelle candidature, pour un quatrième mandat, présenté comme celui « de trop » pour un homme qui aura 73 ans en 2020. Il souhaiterait également reprendre la tête de la métropole de Lyon, aujourd’hui dirigé par son soutien David Kimelfeld, mais son groupe politique n’y est pas majoritaire. Il gouvernait donc jusqu’à présent grâce aux alliances avec d’autres partis, qui se sont désormais fragilisées. Cependant, la loi sur le cumul des mandats empêcherait toutefois Gérard Collomb de retrouver ses deux postes qu’il occupait avant sa nomination au gouvernement. Elle sera effective à compter du renouvellement général des conseils municipaux de 2020. Il devra donc faire un choix décisif entre la mairie ou la Métropole et sa préférence devrait, le cas échéant, aller à la présidence de la Métropole, jugée plus prestigieuse.
Par ailleurs, il ne colle pas vraiment à la promesse du renouvellement de la classe politique, érigée par le parti du président de la République. Son image a aussi pu être dégradée, aux yeux des Lyonnais, par son engagement dans la Politique nationale. Néanmoins, au niveau local, pour nombre d’habitants, il reste « l’homme fort » de Lyon en laissant une image d’un homme dynamique, qui a su développer sa ville avec de grands projets comme celui de l’aménagement du quartier de La Confluence, des berges du Rhône ou la construction de tours dans le quartier d’affaires de la Part-Dieu.
Valentin Rivollier